2024-02-09 Ben Gidley : L’antisémitisme fait partie d’une culture qui imprègne également la gauche interview par Philippe Marlière

Auteur de l’interview : Philippe Marlière

Politiste, Professeur de science politique à University College London Philippe Marlière est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Institut universitaire européen de Florence. Il est professeur de science politique à University College London (Université de Londres), où il enseigne depuis 1994.

Ses publications portent sur la gauche française, les idées et les idéologies politiques.

Voir ses articles d’opinion sur le site du Guardian et sur celui de L’Obs.

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Introduction

Pour faire suite à la tribune qu’il a récemment publiée avec deux autres militants de la gauche radicale britannique dans laquelle ils abordent avec franchise la question de l’antisémitisme, le sociologue Ben Gidley prolonge sa réflexion sur la nécessité et l’urgence pour la gauche de procéder à l’examen autocritique des traits réactionnaires de sa pensée.

Trois militants de la gauche radicale ont publié le 10 décembre 2023 un texte qui s’intitule :”Pour une gauche démocratique et internationaliste. Contribution au renouveau et à la transformation de la gauche” [1] .

Daniel Randall est un cheminot basé à Londres, Daniel Mang est un agent de santé travaillant en Suède et Ben Gidley est un sociologue à Birkbeck College (université de Londres).

Leur tribune a pour originalité de désigner le proverbial “éléphant dans le salon” de la gauche : l’antisémitisme de gauche aujourd’hui .

Alors que l’intervention dévastatrice de l’armée israélienne à Gaza s’apparente clairement à une punition collective du peuple palestinien, cette prise de position pourra surprendre. Les auteurs de ce texte dénoncent avec vigueur la violence mortelle qui s’abat sur les Gazaouis, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie ou encore la diabolisation de celles et ceux qui apportent leur soutien à la cause palestinienne.

Ils abordent aussi avec une franchise inédite la question de l’antisémitisme de gauche, car ils estiment que ce non-dit ou sa négation discréditent la gauche

Mais ils abordent aussi avec une franchise inédite la question de l’antisémitisme de gauche, car ils estiment que ce non-dit ou sa négation discréditent la gauche en tant que force émancipatrice, démocratique et qui défend les droits humains. Ils appellent à un renouveau internationaliste qui ne pourra survenir que si celle-ci examine de manière autocritique les traits réactionnaires de sa pensée : son campisme, son confusionnisme, son usage vulgaire de la théorie marxiste et décoloniale, ou encore son indifférence [2] à l’égard de l’antisémitisme.

Entretien avec Ben Gidley

J’ai réalisé cet entretien avec Ben Gidley, l’un des coauteurs, à Londres, le 23 janvier 2024. Gidley est un sociologue qui travaille sur les relations entre juifs et musulmans dans un environnement urbain européen .

Je lui ai posé des questions directes, parfois rugueuses. Ce sont les questions que se posent nombre de Juives et de Juifs engagés à gauche et dans le combat antiraciste : peuvent-iels encore espérer le soutien de la gauche et des associations antiracistes dans leur lutte contre l’antisémitisme ?

C’est, en filigrane, la question que posent également les auteurs de ce texte.

Philippe Marlière (PM) Le problème de l’antisémitisme de gauche : comment se débarrasser de ce poison ?

Votre tribune est une contribution au renouveau et à la transformation de la gauche . Vous affirmez que la gauche n’est pas souvent à la hauteur de ses références démocratiques et internationalistes.

Vous prenez l’antisémitisme comme point focal et discutez du problème de la gauche avec Israël et les juifs, à travers sa fétichisation du conflit israélo-palestinien, sa mauvaise compréhension du sionisme, son campisme, son confusionnisme politique et un usage illettré des théories marxistes et décoloniales.

Pourquoi n’avez-vous pas simplement intitulé votre contribution : “Le problème de l’antisémitisme de gauche : comment se débarrasser de ce poison ?”

Ben Gidley

Tout d’abord, je voudrais faire deux remarques préalables.

J’ai coécrit ce texte avec deux camarades. D’une certaine manière, nous en sommes arrivés là par accident.

Nous faisons partie d’un groupe de discussion en ligne qui existe depuis de nombreuses années. Lorsque l’attaque du Hamas a eu lieu le 7 octobre 2023, nous avons été choqués et désemparés, comme beaucoup de monde. Nous avons alors pensé qu’il fallait intervenir sur ce sujet, non pas pour exprimer une énième prise de position, mais pour clarifier certaines des questions auxquelles nous réfléchissons depuis plusieurs années.

Il s’agit donc d’une intervention. Peut-être est-ce de l’acupuncture, peut-être est-ce une intervention très modeste. En tout cas il ne s’agit pas d’un cri de ralliement en faveur d’un nouveau mouvement de gauche.

En ce qui concerne l’antisémitisme, nous ne formulerions pas le problème ainsi. Je ne pense pas que comparer l’antisémitisme de gauche à un poison soit la bonne approche.

Dans mon travail universitaire, en tant que sociologue de l’antisémitisme , et avec mes collègues David Feldman et Brendan McGeever, nous constatons que l’antisémitisme est souvent désigné comme un poison, un virus, une maladie qui parcourt le spectre politique, au Royaume-Uni et dans le monde.

Il est décrit comme une force malveillante qui vient de l’extérieur et infecte le corps et le corrompt.

Certaines personnes, au sein de la communauté juive mainstream ou au centre droit politique, considèrent que l’ensemble du corps de la gauche est infesté par cette maladie. La seule solution serait donc de la tuer.

Pour les gens de gauche, cette dernière est certes infectée, mais il suffirait d’une petite opération chirurgicale pour éliminer le mal et tout irait bien.

Notre point de vue est que l’antisémitisme est intrinsèque à notre culture et à notre société, en Occident et dans le monde entier. Nous estimons également que la gauche est imprégnée de cette culture . L’antisémitisme fait partie de l’histoire de la gauche depuis le tout début. Nous pensons que peu de personnes à gauche comprennent à quel point l’antisémitisme est partie prenante de la gauche depuis son origine.

Vous avez tout à fait raison de dire que nous partons de l’antisémitisme afin d’aborder diverses questions à gauche (anti-impérialisme, campisme, confusionnisme, etc.). L’antisémitisme est, à nos yeux, le symptôme d’une série de problèmes liés les uns aux autres, qui renvoient aux échecs idéologiques et politiques de la gauche et des mouvements sociaux que soutient la gauche.

Philippe Marlière (PM) pourquoi ne pas dire simplement que les actions du Hamas constituent des crimes antisémites contre l’humanité ?

Vous expliquez la réaction de certains segments de la gauche aux massacres du 7 octobre 2023 en Israël – indifférence ou même soutien explicite aux crimes du Hamas présentés comme des “actes de résistance” [4] – par une mauvaise compréhension de ce que sont l’anti-impérialisme et le nationalisme.

Encore une fois, pourquoi ne pas dire simplement que les actions du Hamas constituent des crimes antisémites contre l’humanité ?

Ben Gidley : Nous voulions donc nous adresser à des personnes pour qui la solidarité avec la Palestine est un principe fondamental

Je pense que c’est en partie lié à la nature de l’intervention que nous voulions produire, et au type de déclaration que nous voulions faire.

Au moment où nous avons rédigé ce document, nous étions en novembre 2023.

Lorsqu’il a été publié, en décembre 2023, il y avait déjà eu un tel déluge de déclarations publiques sur l’attaque, sur la réponse israélienne et ses suites, qu’il apparaissait inutile d’ajouter une couche supplémentaire à cet empilement de déclarations qui n’ont pour but, en fin de compte, que de signaler les bonnes intentions de la personne qui les tient.

Nous voulions donc intervenir dans l’espace politique auquel nous nous identifions largement. Nous ne nous adressions pas en premier lieu à des personnes qui considèrent déjà l’antisémitisme ou certaines formes d’anti-impérialisme comme un problème, mais à des personnes qui sont solidaires des peuples colonisés et attaqués .

Dans ce camp, comme vous l’avez dit, des personnes ont été indifférentes aux attaques du Hamas et de ses alliés ou les ont dénoncées à contrecœur avant de passer à autre chose.

Nous voulions donc nous adresser à des personnes pour qui la solidarité avec la Palestine est un principe fondamental .

C’est un fait qu’au moment où nous avons écrit ce texte, il y avait déjà eu plusieurs semaines de brutalité israélienne à Gaza. Nous avons pensé qu’il était important de commencer par reconnaître qu’il y a une urgence humanitaire .

Des crimes de guerre avaient été perpétrés, et nous écrivions dans ce contexte d’urgence, où la priorité de la gauche est naturellement de répondre à cette urgence.

Certains se demanderont pourquoi il faudrait débattre des problèmes que nous soulevons dans notre texte alors qu’il existe des questions plus dramatiques et plus urgentes à traiter autour de l’intervention israélienne à Gaza.

Nous avons fait le choix de ne pas commencer par une sorte de test de pureté morale ou de ne pas adopter une position moralisatrice qui adhérait à un récit du conflit pour accréditer notre discours.

Nous cherchons simplement à nous adresser au plus grand nombre possible de personnes partageant des valeurs de gauche.

Philippe Marlière (PM) : #MeToo, comment expliquez-vous le silence, l’indifférence des féministes du monde entier, face aux actes de violence physique contre les femmes israéliennes

Dans le sillage du mouvement #MeToo, comment expliquez-vous le silence, l’indifférence ou la lenteur de la réaction des institutions de l’ONU et des féministes du monde entier, face aux actes de violence physique (notamment les viols et les violences sexuelles) contre les femmes israéliennes le 7 octobre 2023 ? [5]

N’avons-nous pas assisté ici à l’un des actes les plus autodestructeurs jamais commis par le campisme et le sectarisme de gauche ?

Ben Gidley : Nous expliquons la réaction de déni de la part de certains à gauche, et de l’indifférence d’un plus grand nombre encore, par ce que nous appelons le campisme.

Absolument.

Il est choquant de voir autant de personnes rejeter et nier des allégations crédibles de viols et autres crimes sexuels.

Ce niveau de déni a été l’une des choses qui a suscité notre colère.

Nous expliquons la réaction de déni de la part de certains à gauche, et de l’indifférence d’un plus grand nombre encore, par ce que nous appelons le campisme .

Celui-ci est une sorte de pensée binaire qui divise le monde en deux camps rivaux, qui voit dans l’impérialisme américain l’ennemi principal et qui refuse volontairement de prendre en considération d’autres aspects qui permettraient de ne pas réduire le monde à deux camps rivaux, opposant des “bons” et des “méchants” :

  • d’un côté, vous valorisez, en toutes circonstances, le camp du “Bien”,

  • de l’autre vous délégitimez le camp du “Mal”.

C’est ainsi qu’un grand nombre de luttes émancipatrices, le féminisme et d’autres luttes pour la liberté qui n’entrent pas dans ce schéma binaire , sont reléguées au second plan.

Dans le cas présent, le camp du “Mal” est l’impérialisme américain, ainsi que son allié, le sionisme.

Philippe Marlière (PM) Comment expliquez-vous la complaisance d’une partie de la gauche à l’égard de l’islamisme politique ?

Vous affirmez que le Hamas est une organisation réactionnaire et que la gauche devrait se tenir à l’écart des mouvements politiques qui ne partagent pas les valeurs émancipatrices de la gauche.

C’est une remarque juste, mais je me demande si le fait de débattre du Hamas ne passe pas à côté d’une question plus urgente, à savoir qu’une partie des gauches européenne et américaine flirtent depuis un certain temps avec des mouvements antidémocratiques chez elles, notamment des organisations islamiques.

Une chose est de lutter contre l’islamophobie – un combat important pour la gauche –, une autre est d’être complaisant avec des mouvements, des intellectuels et même des idées qui devraient être persona non grata à gauche .

Comment expliquez-vous la complaisance d’une partie de la gauche à l’égard de l’islamisme politique ?

Ben Gidley

Tout d’abord, il faut reconnaître que la gauche européenne a une longue histoire de bigoterie antimusulmane, ou du moins de complaisance envers la bigoterie antimusulmane.

Je pense que c’est en partie enraciné dans l’histoire de la gauche en tant que mouvement militant pour la laïcité qui, historiquement, s’est méfié des mouvements religieux.

Au XIXe et au XXe siècle, la gauche considérait que les “problèmes identitaires” des juifs ne pourraient être réglés qu’à travers l’universalisme prolétarien de la gauche.

De même, les autres minorités religieuses ont souvent été rejetées par la gauche.

Plus spécifiquement, pendant la période de la guerre froide, qui a été la première phase du campisme avec un monde divisé en deux camps, l’Occident impérialiste et le bloc soviétique prétendument socialiste , les mouvements islamiques et islamistes étaient critiqués par la gauche, mais d’un point de vue universitaire.

Lorsque j’ai commencé à militer politiquement pendant l’intervention soviétique en Afghanistan, l’expression “islamo-fascisme”, sorte de variété de fascisme clérical, était fréquemment utilisée à propos des mouvements islamistes.

Dans les années 1990, lors de la guerre en Yougoslavie, une grande partie de la gauche a nié à des degrés divers le génocide des musulmans en Bosnie et au Kosovo. Ceci s’explique en partie par son laïcisme militant, et son soutien à une sorte d’idéal socialiste et laïque.

Il est donc surprenant que la gauche ait fini par nouer ce type d’alliance avec l’islam politique .

Je pense que le tournant s’est opéré après la guerre froide, à la fin de ce monde bipolaire et avec l’émergence de ce qui semblait au premier abord être une sorte de monde unipolaire dominé par l’impérialisme américain. Au cours de cette période, diverses formes de résistance ont été considérées comme des contrepoids potentiels à cet impérialisme américain victorieux.

Une décennie plus tard, après le 11-Septembre 2001, lorsque la guerre contre la terreur et contre l’islam est devenue un élément clé de l’arsenal rhétorique des États-Unis et de leurs alliés, ce tournant s’est accentué.

De plus en plus, la gauche a commencé à considérer que tout ennemi de l’Occident était son ami, et qu’il s’agissait d’un pôle de résistance .

L’idée de l’islamisme comme force de résistance a été instrumentalisée par des puissances impérialistes rivales : la Russie résurgente, la puissance impérialiste régionale qu’est l’Iran, etc., qui ont beaucoup insisté sur l’idée d’un monde multipolaire en tant qu’alternative à l’impérialisme américain.

La gauche s’est retrouvée prise dans cette nouvelle forme de campisme , aux côtés d’un supposé axe de résistance dominé par des forces complètement réactionnaires .

La gauche a considéré ces forces réactionnaires comme progressistes au motif qu’elles s’opposaient à l’impérialisme américain. Ce type de pensée binaire campiste explique l’alliance avec diverses formes d’islamisme, comme c’est le cas au Royaume-Uni. Des forces islamiques réactionnaires sont maintenant perçues comme une opposition à la politique étrangère occidentale ; une opposition que la gauche espère exploiter. En fin de compte, ce calcul nous semble potentiellement suicidaire pour la gauche.

Philippe Marlière (PM) La coalition de gauche radicale Respect était non seulement antisioniste, mais elle considérait que le Hamas et le Hezbollah étaient des “alliés”

En Grande-Bretagne, justement, George Galloway, un ex-député travailliste, et la coalition de gauche radicale Respect ont fait émerger cette tendance à partir de 2004 [6] .

Galloway a fait une alliance avec des islamistes qui ne partageaient pas les valeurs de la gauche pour obtenir des gains politiques. [7]

La coalition de gauche radicale Respect était non seulement antisioniste, mais elle considérait que le Hamas et le Hezbollah étaient des “alliés “. [8]

Quel a été l’impact de cette alliance sur la gauche britannique ?

Ben Gidley

Dans le sillage du 11-Septembre, et surtout de l’invasion de l’Irak en 2003, cette alliance incarnée par George Galloway, entre une partie de la gauche et une partie des communautés musulmanes britanniques, a été un moment très intéressant.

Le discrédit de la gauche centriste et l’émergence d’une gauche plus radicale qui s’opposait à la dérive droitière du blairisme expliquent ce phénomène. En réaction à l’émergence de cette gauche radicale, une gauche “laïque” assez agressive a introduit un discours islamophobe dans le mainstream politique qui perdure aujourd’hui.

La situation a été différente dans la période qui a suivi la vague de révolutions arabes à partir de 2010. D’une certaine manière, entre 2010 et aujourd’hui, la gauche, à bien des égards, est revenue à sa “période yougoslave”.

On a vu en effet des segments de la gauche adhérer à la rhétorique de la guerre contre le terrorisme, à l’idée que la révolution syrienne était conduite par des djihadistes assoiffés de sang, ou encore soutenir le recours par la Russie ou la Chine à une rhétorique de “guerre contre le terrorisme” à l’encontre de ses minorités musulmanes.

Il est important de ne pas considérer l’islam politique comme monolithique.

Le projet d’État iranien est également lié à des luttes géopolitiques, et à un impérialisme régional. Toutes les formes d’islam politique ne sont pas identiques les unes aux autres. Le Hamas ne peut être réduit à l’État islamique. Et l’État islamique n’est pas identique au mouvement d’Erdogan en Turquie. L’islam politique peut prendre différentes formes.

Philippe Marlière (PM) La gauche ne devrait-elle pas, au contraire, combattre cette dangereuse ambiguïté, en arguant que ceux qui se disent antisionistes expriment, de manière détournée, une forme d’antisémitisme ?

La gauche a toujours fétichisé certaines questions ou certaines luttes (par exemple la lutte contre l’impérialisme américain).

Vous affirmez qu’en “fétichisant Israël/Palestine et en romançant et idéalisant la lutte palestinienne, les gauches accentuent la déshumanisation générale des Palestiniens”.

Cela nous amène à la question la plus controversée au sein de la gauche aujourd’hui : la fétichisation du “sionisme/antisionisme”.

Comment, en 2024, peut-on être de gauche, soutenir l’autodétermination des peuples et se déclarer “antisioniste” ?

Pourquoi continuer à utiliser une notion très lourde de sens et ambiguë (l’une de ses significations étant la destruction d’Israël), alors que la gauche pourrait simplement revendiquer son opposition au colonialisme d’Israël en Cisjordanie, dénoncer sa violation des résolutions de l’ONU ou sa répression brutale, voire criminelle, de la résistance palestinienne ?

La gauche ne devrait-elle pas, au contraire, combattre cette dangereuse ambiguïté, en arguant que ceux qui se disent antisionistes expriment, de manière détournée, une forme d’antisémitisme ?

Ben Gidley Le sionisme signifie beaucoup de choses différentes pour beaucoup de personnes différentes

Je suis en partie d’accord avec vous, et en partie en désaccord.

Je pense que le langage des défenseurs du sionisme comme des opposants au sionisme souffre d’un mode de pensée vraiment simpliste .

Le sionisme signifie beaucoup de choses différentes pour beaucoup de personnes différentes, sur un plan historique et dans la situation actuelle.

Ainsi, ce que certaines personnes veulent dire lorsqu’elles défendent le sionisme n’a parfois rien en commun avec ce que d’autres personnes veulent dire lorsqu’elles attaquent le sionisme.

C’est pourquoi je dirais que c’est peut-être un terme que nous devrions cesser d’utiliser .

Oui, vous avez raison, il est peu utile de désigner le sionisme comme le problème, plutôt que les actions de l’État israélien .

Il serait plus explicite de parler de nationalisme pour désigner les forces au sein de l’État israélien ou de la politique israélienne.

Ce que les gens entendent par antisionisme recouvre un éventail d’opinions très large et contesté.

Ce que certaines personnes qui déclarent être antisionistes signifient lorsqu’elles parlent d’antisionisme est souvent très différent du sens donné au mot antisionisme lorsqu’il est utilisé pour indiquer la remise en cause de l’État d’Israël.

C’est pourquoi je rejette également l’équation entre l’antisionisme et l’antisémitisme. Je dirais qu’il y a des situations où l’antisionisme peut être antisémite, mais l’antisionisme, en soi, n’est pas antisémite.

Philippe Marlière (PM) Vous pensez donc que la gauche peut continuer de revendiquer un engagement antisioniste pour critiquer la politique de l’État d’Israël ?

Vous pensez donc que la gauche peut continuer de revendiquer un engagement antisioniste pour critiquer la politique de l’État d’Israël ?

Ben Gidley : Cette situation est liée aux questions que nous avons déjà évoquées, notamment la fétichisation de la lutte antisioniste

Il serait préférable de cesser ce débat.

La terminologie “sionisme vs. antisionisme” n’offre pas un cadre de pensée pertinent. L’antisionisme est devenu une sorte de code culturel hégémonique au sein de la gauche, et cette doxa est, d’une certaine manière, dangereuse.

Cette situation est liée aux questions que nous avons déjà évoquées, notamment la fétichisation de la lutte antisioniste . Il serait bien plus judicieux d’examiner les crimes spécifiques de l’État israélien et de les appréhender comme on aborde les crimes commis par d’autres États ou d’autres mouvements nationalistes.

Philippe Marlière (PM) Le confusionnisme politique et la polarisation

Le confusionnisme politique [9] – c’est-à-dire la fusion (souvent inconsciente) de récits qui s’inspirent de représentations ou d’idées de gauche et de représentations ou d’idées réactionnaires/d’extrême droite – fait un tort énorme à la gauche .

Il est l’expression d’une politique de plus en plus polarisée , de points de vue hypercritiques pour attirer l’attention (notamment sur les médias sociaux), d’attaques personnelles et de diabolisation au lieu de critiques économiques et politiques systémiques.

Que peut faire la gauche face à cela ?

Ben Gidley : Il faudrait être capable de reconnaitre ce qu’est une politique fasciste et les types de politiques qui ouvrent la porte au fascisme

La progression du confusionnisme est liée, selon nous, à l’échec des formes matérialistes d’analyse de classe, et à la progression de la pensée conspirationniste.

Le confusionnisme est aussi, comme vous le dites, lié à la polarisation de la politique.

À l’ère des médias sociaux, les individus appartiennent à des camps très hostiles les uns envers les autres.

Ils absorbent souvent les informations qui proviennent de leur propre camp, mais ils sont très méfiants à l’égard des sources d’information qui proviennent de l’extérieur de leur camp.

La réponse de la gauche devrait peut-être s’inspirer de certains principes de l’antifascisme. Ma propre trajectoire politique se situe dans un antifascisme militant qui ne s’oppose pas au fascisme simplement pour défendre le statu quo politique et économique.

Nous aspirons à quelque chose de meilleur que ce statu quo, mais nous voyons néanmoins qu’il y a une différence qualitative entre une politique fasciste et une politique libérale démocratique. Les institutions démocratiques offrent à la gauche un espace, certes imparfait, pour développer divers types d’activisme émancipateurs.

Il est donc très important que la gauche n’abandonne pas l’idée d’une alliance avec les libéraux contre le fascisme. Le problème est que les libéraux sont perçus comme des ennemis, autant que les fascistes, voire plus encore.

Dans la gauche américaine, certains disent qu’il n’y a pas de différence entre Trump et Clinton ou Biden, ou même que Trump est meilleur parce qu’il représente une version plus honnête des démocrates, ou encore à cause de son isolationnisme extrême.

Pour certains, il serait en quelque sorte moins impérialiste.

Il faudrait retrouver la culture antifasciste qui consiste à comprendre la différence qualitative entre la politique fasciste et la politique démocratique.

Il faudrait être capable de reconnaitre ce qu’est une politique fasciste et les types de politiques qui ouvrent la porte au fascisme.

À partir de là, il faudrait pouvoir tracer des lignes claires, et identifier les personnes avec lesquelles il est logique de s’allier.

Philippe Marlière (PM) Je me demande si le problème de la gauche n’est pas avant tout son usage illettré de la théorie marxiste, notamment de la théorie économique de Marx. Qu’en pensez-vous ?

À propos du confusionnisme politique, vous citez Moishe Postone [10] .

Il a soutenu qu’une “forme fétichisée d’anticapitalisme”, qui dénonce abstraitement le “capitalisme”, les “élites mondialisées”, le “néolibéralisme” ou qui discute abstraitement de la domination du capitalisme, finit souvent par diaboliser les juifs, associés de manière stéréotypée à la finance au niveau mondial.

Je me demande si le problème de la gauche n’est pas avant tout son usage illettré de la théorie marxiste, notamment de la théorie économique de Marx. Qu’en pensez-vous ?

Ben Gidley

C’est une excellente question. Je dirais deux choses.

Premièrement, mes deux co-auteurs et moi-même revendiquons au moins une partie de l’héritage du marxisme. Il est probable que chacun d’entre nous ne s’y identifie pas exactement de la même manière. Pour moi, le marxisme est un outil nécessaire mais insuffisant de l’analyse. La valeur réelle de l’analyse marxiste est de saisir le capitalisme en tant que relation sociale .

Dans ses premiers écrits, Marx est passé d’une critique du bourgeois à une critique systémique du capital. Ainsi, les germes d’un discours antisémite, qui étaient présents dans ses premiers travaux, ont disparu dès qu’il a commencé à penser le capital comme une relation sociale.

C’est avec ce type d’analyse critique que la gauche doit renouer.

Pour Postone et les auteurs dans la vraie tradition marxiste, les critiques anticapitalistes qui diabolisent des personnes “immorales” qui sont juives ou qui ressemblent à des juifs, constituent une forme viciée d’anticapitalisme .

Aujourd’hui, on désigne les ploutocrates comme le visage personnalisé du capitalisme. Plus ils sont nombreux, plus le capitalisme est considéré comme un problème moral associé à des individus “mauvais”, et plus un type de pensée conspirationniste prospère.

Nous pensons qu’il est très important de concevoir l’anticapitalisme comme la critique d’un problème social .

Lorsque les attaques sont personnalisées au lieu d’être systémiques, le juif apparait souvent comme l’incarnation du financier capitaliste ou la figure abstraite du capitalisme globalisé. Quand vous adoptez ce type de langage, vous dérivez rapidement vers la droite, et vous vous égarez dans le confusionnisme politique.

Philippe Marlière (PM) Cela contredit de manière flagrante le principe antiraciste selon lequel la gauche devrait écouter les victimes du racisme et leur apporter son soutien. Pourquoi ce principe ne s’applique-t-il pas aux juifs ?

La gauche ne conçoit pas que les juifs puissent être victimes de racisme car elle les considère comme des personnes “blanches”, économiquement aisées et socialement bien intégrées.

Vous soulignez que “l’intégration de certains juifs dans la blanchité est réelle mais inégale et très récente [11] dans de nombreux cas”.

Tout cela devrait être évident pour les militants antiracistes, mais ce n’est pas le cas. Il est troublant de constater que lorsque des juifs font état d’attaques antisémites, leur témoignage est souvent rejeté ou jugé “exagéré”.

Cela contredit de manière flagrante le principe antiraciste selon lequel la gauche devrait écouter les victimes du racisme et leur apporter son soutien. Pourquoi ce principe ne s’applique-t-il pas aux juifs ?

Ben Gidley : Cette grille de lecture n’est pas adaptée à la situation en dehors des États-Unis

Les luttes contre le racisme et l’antisémitisme se sont séparées au cours des deux dernières décennies .

Cela peut s’expliquer par les dynamiques au sein de l’antiracisme et de l’anti-antisémitisme. Ainsi, au sein du mouvement antiraciste et des études universitaires sur la race, on a de plus en plus recours au modèle américain de la race, qui s’articule autour de la suprématie et du privilège de la race blanche.

C’est un angle d’analyse qui est pertinent lorsqu’on examine les États-Unis et leur histoire, bien qu’il n’explique pas tout ce qui a trait à la race aux États-Unis.

Cette grille de lecture n’est pas adaptée à la situation en dehors des États-Unis.

Pourtant, cette approche est devenue hégémonique au sein du mouvement antiraciste international pour comprendre les discriminations raciales.

Cette manière de traiter des conflits de race s’est greffée dans une certaine mesure sur la théorie campiste de l’impérialisme et de l’anti-impérialisme.

Les juifs, qui étaient auparavant au cœur de la réflexion sur la race et le racisme – l’antisémitisme était considéré comme une forme presque paradigmatique de racisme au milieu du XXe siècle – ont été perçus comme des blancs, et par conséquent ne pouvaient pas être victimes du racisme .

Il s’ensuit qu’une large partie du mouvement antiraciste ne prend plus la question de l’antisémitisme au sérieux .

Inversement, les personnes qui disent que l’antisémitisme est la forme principale de racisme n’ont pas une approche universaliste du racisme, et ne perçoivent pas les similitudes et les intersections avec d’autres formes de racisme. En outre, ces personnes considèrent, à tort, que les musulmans, la gauche et le mouvement antiraciste sont, en général, antisémites. Cette attitude les a détournés de l’antiracisme, et cela a contribué à empêcher toute convergence et solidarité entre les militants antiracistes et ceux qui luttent contre l’antisémitisme.

Philippe Marlière (PM) sur Mélenchon et Corbyn

Parlons des dirigeants de gauche au Royaume-Uni et en France, et leur rapport à l’antisémitisme.

On peut dire que Jeremy Corbyn est essentiellement indifférent [12] à l’antisémitisme et qu’il a entretenu des relations avec des antisémites [13] . En outre, il n’a pratiquement rien fait pour lutter contre l’antisémitisme lorsqu’il dirigeait le parti travailliste. Il a été sévèrement critiqué par la gauche sociale-démocrate et libérale pour cela.

En France, Jean-Luc Mélenchon a fait des déclarations qui reprennent des tropes antisémites traditionnels [14]

  • il a décrit les juifs comme étant culturellement arriérés,

  • il a soutenu que les institutions juives tirent les ficelles du pouvoir politique,

  • que le grand rabbin du Royaume-Uni et les “réseaux pro-Likoud” avaient orchestré une campagne contre Corbyn et que, contrairement à Corbyn, il “ne céderait jamais aux groupes juifs”.

Plus récemment:

  • il a sous-entendu que la présidente de l’Assemblée nationale, qui est juive, “n’était pas la France”

  • ou a affirmé qu’une manifestation contre l’antisémitisme à Paris équivalait à un “soutien aux massacres” à Gaza, etc.

Pourtant, cela n’a nullement nui à sa carrière politique en France. Comment expliquez-vous une réaction aussi différente au Royaume-Uni et en France ?

Ben Gidley : Corbyn s’est réfugié dans le déni

Je suis largement d’accord avec votre caractérisation du cas Corbyn. Au départ, une grande partie du problème était l’indifférence , l’absence ou le manque de compréhension de l’antisémitisme.

Puis, il s’est réfugié dans le déni ; une attitude de défense qui a ouvert la porte à l’acceptation de l’antisémitisme , à des explications de nature antisémite pour répliquer à ses critiques, voire à des emprunts aux théories du complot .

En ce qui concerne la différence entre les deux pays, ma réponse sera très hypothétique. En Grande-Bretagne, il y a une plus longue tradition de reconnaissance du droit à la différence et à l’identité culturelle.

Mon collègue historien David Feldman parle de “pluralisme conservateur” à propos de la manière dont l’État britannique gère les minorités.

L’État britannique accorde aux leaders de chaque communauté une voix officielle au sein de la sphère politique. Cela encourage souvent la conservation des identités de groupe, et renforce peut-être aussi les forces conservatrices au sein de ces groupes, à l’image de l’establishment anglican qui demeure au cœur de la culture politique britannique. Mais cela signifie aussi qu’il y a une ouverture vers des politiques multiculturelles, lesquelles ont conféré à la communauté juive une assise politique au sein des partis traditionnels, y compris au sein du parti travailliste.

Il y a d’ailleurs une longue histoire d’alliance entre le parti travailliste et la communauté juive. Sous le gouvernement Blair, à la fin des années 90, les communautés religieuses ont été incitées à jouer un rôle public en tant que communauté. Cette reconnaissance a permis à la communauté juive de s’épanouir en tant que telle et d’avoir une voix politique.

En France, c’est très différent.

Les différences avec la France sont peut-être moins marquées que ce qu’un certain idéal-type laisse imaginer. Mais il est évident que la manière française de gérer les minorités relève d’un universalisme républicain qui ne reconnait pas et ne défend pas la diversité.

Il n’y a donc ni culture politique, ni espace public reconnu où la gauche française peut se rapprocher des juifs et se confronter à la judéité.

La controverse récente autour de l’allumage d’une bougie d’Hanoukka par le grand rabbin de France à l’Élysée illustre cette tendance très française. Un tel acte ne susciterait aucun commentaire en Grande-Bretagne.

Personne ne sourcillerait à l’idée qu’un leader religieux non-chrétien puisse allumer une bougie à Downing Street. Cela montre que la mobilisation religieuse et ethnique ne pose aucun problème en Grande-Bretagne, à la différence de la France.

La communauté juive britannique a donc pu se défendre à l’occasion de la controverse impliquant Corbyn car elle avait des alliés dans le monde politique, y compris des personnes qui n’étaient pas politiquement fréquentables.

Philippe Marlière (PM) : Dans quelle mesure pensez-vous que votre intervention sera entendue par les segments de la gauche qui se sont désintéressés de la lutte contre l’antisémitisme jusqu’à présent ?

Dans quelle mesure pensez-vous que votre intervention sera entendue par les segments de la gauche qui se sont désintéressés de la lutte contre l’antisémitisme jusqu’à présent ?

Ben Gidley: Premièrement, nous avons affronté l’hostilité très prévisible d’une partie de la gauche anti-impérialiste et campiste

À ce jour, nous avons eu trois types de réaction à notre texte.

Premièrement, nous avons affronté l’hostilité très prévisible d’une partie de la gauche anti-impérialiste et campiste

Premièrement, nous avons affronté l’hostilité très prévisible d’une partie de la gauche anti-impérialiste et campiste.

Pour celle-ci, les modes de pensée binaires que nous critiquons sont un article de foi absolu .

Nous avons été très durement attaqués par cette tendance.

Notre texte ne s’adresse pas à cette partie de la gauche, qui n’est pas notre public potentiel.

Un deuxième groupe assez hétérogène anarchistes, des trotskistes, des antifascistes, des éco-socialistes, et des sociaux-démocrate

À l’inverse, de nombreuses personnes au Royaume-Uni, mais aussi en France, au Brésil, en Italie, en Inde, se sont largement retrouvées dans ce que nous disons. Ces personnes viennent d’horizons politiques très divers.

Il y a des anarchistes, des trotskistes, des antifascistes, des éco-socialistes, et des sociaux-démocrates.

C’est un public assez hétérogène, et ces individus seraient peut-être en désaccord sur d’autres questions importantes, comme les coauteurs du texte.

En ce sens, nous nous adressons à une frange assez large de la gauche.

Je suppose qu’il s’agit d’une gauche qui adhère à une vision internationaliste et antifasciste avant tout, plutôt qu’à une forme campiste d’anti-impérialisme.

Un trosième groupe exprime un désaccord de bonne foi avec nous, mais néanmoins trouve notre message intéressant.

Le troisième type de réaction, celle qui nous a le plus réjouis, exprime un désaccord de bonne foi avec nous, mais néanmoins trouve notre message intéressant. Par exemple, il y a beaucoup de marxistes ou de militants de gauche en Asie du Sud et dans le monde musulman, pour qui la lutte contre le fondamentalisme religieux est un élément clé de leur programme .

C’est pourquoi, comme nous, ils critiquent le soutien de la gauche à des groupes comme le Hamas, tout en considérant Israël comme une force impérialiste alignée sur l’État américain.

Notre prise de position par rapport au conflit Israël-Palestine est, pour eux, problématique.

Cela montre que des espaces politiques adjacents à gauche peuvent peut-être converger. Cette réaction me laisse aussi espérer une possible résurgence de l’internationalisme et de l’antifascisme à gauche.

Philippe Marlière.

Références

[1] Texte en version originale anglaise : leftrenewal.net. Texte dans sa traduction française : “Pour une gauche démocratique et internationaliste”.

[2] Philippe Marlière, “Cette gauche que l’antisémitisme indiffère”, L’Obs, 4 août 2022.

[3] Voir le résumé de ce projet de recherche collectif et comparatiste.

[4] Charles Kimber, “Rejoice as Palestinian resistance humilate racist Israel”, Socialist Worker, 9 octobre 2023, ou “Offensive de Gaza : nous sommes toutes et tous des palestinienNEs !”, site du NPA, 7 octobre 2023.

[5] Katha Pollitt, “Why have feminists been so slow to condemn the Hamas rapes ?”, The Nation, 15 décembre 2023.

Katha Pollitt, “Why have feminists been so slow to condemn the Hamas rapes ?” , The Nation, 15 décembre 2023.

[6] Le Respect Party a été un mouvement politique actif entre 2004 et 2016.

Le Respect Party a été un mouvement politique actif entre 2004 et 2016. Créé à partir du mouvement anti-guerre en Irak dans les années 2003-2004 (la coalition Stop The War), Respect fut dirigé par George Galloway, un ex-député travailliste.

Mouvement socialiste, eurosceptique et anti-impérialiste, Respect était farouchement antisioniste et remettait en cause l’existence d’Israël.

Il accueillit des militants islamistes dans ses rangs (des membres de la Muslim Association of Britain, la branche britannique de Muslim Brotherhood).

Ses bastions électoraux étaient situés dans les zones urbaines comprenant une population musulmane importante (Londres-Est, Birmingham ou Bradford).

[7] Sean Matgamna, “The SWP, the mainstream left and Islamism”, Workers’ Liberty, 28 juin 2002.

Sean Matgamna, “The SWP, the mainstream left and Islamism” , Workers’ Liberty, 28 juin 2002.

[8] Eran Benedek, “Britain’s Respect Party: the leftist-islamist alliance and its attitude toward Israel”,

Eran Benedek, “Britain’s Respect Party: the leftist-islamist alliance and its attitude toward Israel” Jewish Political Studies Review, Vol. 19, No. 3-4, automne 2007, pp. 153-163.

[9] Voir Philippe Corcuff, La Grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées, Textuel, 2021 et Philippe Marlière, “Prendre au sérieux le confusionnisme politique”, AOC, 7 octobre 2021.

Voir

[10] Moishe Postone, Critique du fétiche-capital : le capitalisme, l’antisémitisme et la gauche, Presses universitaires de France, 2013.

Moishe Postone, Critique du fétiche-capital : le capitalisme, l’antisémitisme et la gauche, Presses universitaires de France, 2013.

[11] Emma Green, “Are jews white ?”, The Atlantic, 5 décembre 2016.

Emma Green, Are jews white ? , The Atlantic, 5 décembre 2016.

[12] Ben Gidley, Brendan McGeever et David Feldman, “Labour and antisemitism : a crisis misunderstood”, The Political Quaterly, 10 mai 2020.

Ben Gidley, Brendan McGeever et David Feldman, Labour and antisemitism : a crisis misunderstood , The Political Quaterly, 10 mai 2020.

[13] Rajeev Syal, “Corbyn says that he regrets calling Hamas and Hezbollah ‘friends’”, The Guardian, 4 juillet 2016.

Rajeev Syal, Corbyn says that he regrets calling Hamas and Hezbollah ‘friends’ , The Guardian, 4 juillet 2016.

[14] Voir l’analyse documentée de la militante antiraciste Olia Maruani :