2024-01-31 Hausse des actes antisémites : “Il y a une vraie problématique française”, estime le président du Crif Grenoble-Dauphiné par Margot Desmas et Antonin Blanc

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Le Crif Grenoble-Dauphiné a publié, pour la première fois, le nombre d’actes antisémites recensés en Isère l’année passée.

Comme au niveau national, ces actes ont largement augmenté, notamment en milieu scolaire.

Les actes antisémites se sont multipliés en France en l’espace de quelques mois.

Ces faits ont été multipliés par quatre l’an dernier dans le pays, atteignant un niveau inédit, selon un rapport du Crif qui déplore une “explosion” des cas après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Dans la majorité des cas, les actes recensés en 2023 ont été des atteintes aux personnes (violences physiques, propos et gestes menaçants…) plutôt qu’aux biens.

Pour la première fois, le Crif Grenoble-Dauphiné a publié les chiffres recensés à l’échelle de l’Isère.

En 2022, sept actes antisémites avaient été enregistrés dans le département contre 40 l’année passée, soit près de six fois plus.

Entretien avec Hervé Gerbi, avocat et président du Crif Grenoble-Dauphiné.

France 3 Alpes : À quel type d’actes la communauté juive de l’Isère a-t-elle été confrontée l’année dernière ?

Hervé Gerbi : Il faut d’abord rappeler que ces chiffres sont croisés entre le ministère de l’Intérieur et le SPCJ, la société de protection de la communauté juive [un organisme créé par le Crif travaillant en collaboration avec la police, ndlr].

C’est la première fois que nous décidons de rendre publics ces chiffres en raison de l’ampleur du phénomène .

Il y a un mouvement très important, aggravant, de ces actes. Cela peut aller du simple tag, malgré la violence pour les personnes qui y font face, jusqu’aux insultes et aux menaces.

Avez-vous constaté une recrudescence de ces faits depuis les attaques du Hamas le 7 octobre et la riposte d’Israël ?

On se rend compte qu’il n’a pas fallu attendre la riposte d’Israël pour qu’il y ait une augmentation des actes antisémites.

La riposte est intervenue une quinzaine de jours après les attaques du 7 octobre et les premiers faits antisémites nouveaux sont arrivés dans les 48 heures qui ont suivi l’attaque du Hamas.

Cela veut dire que cette hausse n’est pas simplement liée à l’importation d’un conflit. Il y a bien une vraie problématique française.

Le fléau de l’antisémitisme s’est également développé en milieu scolaire avec huit actes recensés l’année dernière en Isère. Comment expliquez-vous cette progression de l’antisémitisme à l’école ?

Je crois qu’il y a un échec de notre pédagogie actuelle, un échec du discours politique actuel. Il y a un échec, tout simplement, de nos politiques de lutte contre la haine qui gagne les milieux scolaires.

Il n’est pas normal qu’aujourd’hui, des professeurs soient menacés en raison de leur appartenance réelle ou supposée à une religion. Il y a eu des injures, il y a eu des menaces en raison d’une appartenance réelle ou supposée à la religion juive.

Le Crif Grenoble-Dauphiné aura prochainement une réunion avec la préfecture de l’Isère. Qu’en attendez-vous sur le front de la lutte contre les actes antisémites ?

Nous avons sollicité que le comité opérationnel de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine LGBT puisse se réunir en préfecture pour que l’on puisse, autour de la table, avoir tous les acteurs que sont les autorités de police - pour le volet enquête, les autorités de justice - la répression, et le rectorat - l’enseignement - avec toutes les associations afin que nous puissions dire si nous partageons le même constat.

Et si tel est le cas, quels sont les meilleurs outils pour lutter contre cela.