guerrieres 2024-01-28 Antisémitisme depuis le 7 octobre 2023 : le RAAR invite les Guerrières de la Paix avec Hanna Assouline hanna

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Introduction

Donc on va reprendre les les débats donc nous allons écouter d’abord Hanna Assouline que nous remercions d’être venue et puis après nous donnerons de nouveau la parole à la salle ;

même règle 3 minutes de prise de parole par intervenante et intervenant et on fait fermeture éclair donc on fait en sorte qu’il y ait la parité entre les femmes et les hommes et aussi je vous je voulais vous rappeler qu’en terme de communication le RAAR est sur les réseaux sociaux donc vous pouvez nous suivre sur Twitter sur Facebook sur Instagram donc hésitez pas à liker partager commenter nos publications et part et partager

Le texte du discours d’Olia Maruani

Je voudrais tout d’abord remercier Christophe Daadouch pour sa présence et pour son intervention et souligner qqch qui relève de l’évidence mais qui au vu de la situation politique actuelle me semble important d’être répété: l’être humain ne sert pas à quelque chose. Il n’a pas à être trié. Attention à cette vision raciste qui voudrait qu’il y ait bon sans papier qui vient pour travailler et un mauvais sans papier qui viendrait profiter des aides sociales. Attention aussi à cette vision utilitariste ( et selon moi paternaliste donc in fine raciste ) des « sans papiers » comme catégorie. Qui là, doit servir à la production et ne tirer sa légitimité que de son travail ou là, doit permettre de faire grossir les rangs de la lutte. C’est indigne.

D’ici à ce qu’on ait brûlé tous les papiers, faisons attention à cette appellation de « sans papier » qui définit l’être humain par le manque et finit par le confondre tout entier avec sa situation administrative. Refusons bruyamment l’idée de « clandestin » qui noie l’humain dans le fait qu’il soit géographiquement hors la loi. Coupable juste d’être là. Confondre l’être humain et son statut juridique, confondre l’être humain et la cause qu’il est sensé représenter, c’est indexer la perception de l’autre à son statut socio-politique.

Toute proportion gardée, ce phénomène réductionniste est à l’oeuvre dans tous les débats qui ont lieu depuis le 7 octobre. Alors même que le chiffre vertigineux des +1000% d’actes antisémites vient de tomber, il a été très difficile pour nous tous de parler d’antisémitisme sans être accusé de couvrir par ce biais les actes du gouvernement israélien. Nous avons tous vécu, lu ou entendu, des gens pourtant proches de nos cercles, nous traiter en agent du Mossad infiltré, parce que nous avions l’audace de qualifier et de regretter la vague d’antisémitisme qui a suivi et suit toujours son cours depuis 3 mois et demi. En miroir, et il faut le dénoncer en tant qu’antiracistes, que nous sommes, il existe une suspicion d’antisémitisme de la part de beaucoup, et qui est souvent liée à des réflexes islamophobes, voire anti palestiniens.

Ce même réductionnisme a laissé toute possibilité de se situer au point mort, parce qu’il n’était plus question que de tri : d’un côté les supposés soutiens du gouvernement Netanyahou et de l’invasion militaire, de l’autre, les concernés par le sort de la population palestinienne. Pour certains marquer une forme d’empathie avec les victimes du 7 octobre était carrément perçu comme une adhésion aux décisions du conseil de guerre israélien. Or, avoir de l’empathie pour les civils israéliens n’exclue en rien la critique radicale de la droite israélienne et de la raison d’état qui a commencé à traverser une grande partie de la société israélienne et de la diaspora juive. Cette critique, que nous avons portée, a été étouffée ou décredibilisée par des suspicions millénaires de double allégeance, qui charriaient un antisémitisme violent. Pour rappel, cette critique de la raison d’état disait en résumé que considérer, dans une situation de crise, l’intérêt supérieur de l’état comme devant évincer tout propos dubitatif, toute analyse, toute accusation, voire tout blâme, n’avait pas lieu d’être. Nous disons également que l’identification pleine et entière à un état, fusse-t-il le seul état juif, est une erreur, qui contraint à offrir un soutien inconditionnel, au point que toute critique de l’état devient, pour les partisans de la raison d’état, une haine de soi et une attaque contre les juifs du monde entier.

Nous cheminons donc sur une ligne de crête entre d’un côté les adeptes de la raison d’état intégrale et de l’autre, des militants hostiles à nos affects quant au fait juif et aux événements traumatiques du 7. Ces derniers n’hésitent pas à nous insulter de soutien au massacre parce qu’attachés en soi à l’idée d’un état juif, mitoyen d’un état palestinien. Sauf qu’il y a une grande différence entre être attaché à l’existence d’un fait juif, qui puisse se déterminer politiquement, et endosser la raison d’état dont j’ai parlé il y a un instant. Les mêmes militants n’hésitaient pas à nous opposer des résolutions du conflit clé en main sans même avoir le recul nécessaire pour percevoir l’ironie d’européens soit disant anticolonialistes qui déclament leur solution aux populations sur place. En ce sens ils imposent un narratif qui nous définit comme des ennemis dès lors que nous n’accédons pas à des récits ou à des qualificatifs qui nous semblent soit faux soit confinés à l’antisémitisme. Comment reprocher aux juifs de ne pas soutenir des mouvements armés dont certains principes écrits clament fièrement la volonté d’éradiquer tous les juifs de la terre ? On ne peut pas demander à un juif d’abjurer sa condition de juif pour s’assurer de son soutien à la population palestinienne.

Cette stratégie de polarisation ne mène nul part. Elle n’a pour effet que d’exacerber les tensions et les imaginaires racistes. Une troisième voix, qui refuse cette polarisation, cherche à unir les sociétés civiles entre elles et qui sont autant en diaspora que sur place, existe. Par exemple, le RAAR dénonce toutes les victimes civiles, appelle à un cessez le feu immédiat, à la libération des otages et à la fin de l’expansion coloniale en Cisjordanie. La richesse de cette troisième voix, portée par des associations comme les JJR, ORAAJ, le jeune Golem ou encore les Guerrières de la paix, avec Hanna, que je remercie d’être présente avec nous aujourd’hui, repose sur sa polyphonie et son désir de créer des ponts. Il faut la remercier d’autant plus chaleureusement d’être avec nous qu’elle tenait avec son association un grand rassemblement hier où israéliennes, palestiniennes et femmes du monde entier ont pris la parole. Je te laisse, Hanna, nous parler de cet événement si tu veux bien.

olia Olia Maruani le 28 janvier 2024 (le discours d’introduction)

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Alors je voudrais commencer par remercier Christophe Daadouch pour sa présence et son intervention et souligner parce que pendant qu’il était en train de parler je me rends compte qu’il y a quelque chose qui relève de l’évidence mais qui au vu de la situation politique actuelle me semble important d’être répété: L’être humain ne sert pas à quelque chose.

Il n’a pas à être trié ; j’aimerais bien qu’on fasse attention à cette vision raciste qui voudrait qu’il y ait un bon sans-papier qui vient pour travailler et un mauvais sans papier qui vient profiter des aides sociales

Attention aussi à cette vision utilitariste et selon moi paternaliste donc in fine raciste des sans-papiers comme catégorie. Qui là, doit servir à la production et ne tirer sa légitimité que de son travail où là, permet de faire grossir les rang de la lutte : c’est indigne

D’ici à ce qu’on ait brûlé tous les papiers faisons attention à cette appellation de “sans papiers” qui définit l’être humain par le manque et finit par le confondre tout entier avec sa situation administrative.

Refusons bruyamment l’idée de clandestin qui noie l’humain dans le fait qu’il soit géographiquement hors la loi, coupable juste d’être là. confondre l’être humain et son statut juridique ; confondre l’être humain et la cause qu’il est censé représenter c’est indexer la perception de l’autre à son statut sociopolitique.

Désolée j’ai écrit parce que tous les mots depuis le 7 octobre 2023 sont compliqués.

Toute proportion gardée ce phénomène réductionniste est à l’œuvre dans tous les débats qui ont lieu depuis le 7 octobre 2023

Alors même que le chiffre vertigineux des plus 1000 % d’actes antisémite vient de tomber, il a été très difficile pour nous tous de parler d’antisémitisme sans être accusé de couvrir par ce biais les actes du gouvernement israélien

Nous avons tous vécu lu ou entendu des gens pourtant proches de nos cercles nous traiter en agent du mossad

Nous avons tous vécu lu ou entendu des gens pourtant proches de nos cercles nous traiter en agent du mossad infiltré parce que nous avions l’audace de qualifier et de regretter la vague d’antisémitisme qui a suivi et suit toujours son cours depuis 3 mois et demi .

En miroir et il faut le dénoncer en tant qu’antiracistes que nous sommes il existe une suspicion d’antisémitisme de la part de beaucoup qui est souvent liée à des réflexes islamophobes voir antipalestiniens.

Ce même réductionnisme a laissé toute possibilité de se situer au point mort parce qu’il n’était plus question que de tri

  • d’un côté les supposés soutiens du gouvernement Netanyahou et de l’invasion militaire

  • de l’autre les concernés par le sort de la population palestinienne

Pour certains marquer une forme d’empathie avec les victimes du 7 octobre était carrément perçu comme une adhésion aux décisions du Conseil de guerre israélien.

Or avoir de l’empathie pour les civils israéliens n’exclut en rien la critique radicale de la droite israélienne et de la raison d’État

Or avoir de l’empathie pour les civils israéliens n’exclut en rien la critique radicale de la droite israélienne et de la raison d’État qui a commencé à traverser une grande partie de la société israélienne et de la diaspora juive.

Cette critique que nous avons porté avec le RAAR a été étouffée ou décrédibilisée par des suspicions millénaires de double allégance qui charient un antisémitisme violent.

Pour rappel cette critique de la raison d’État disant en résumé que considérer dans une situation de crise l’intérêt supérieur de l’État comme devant évincer tout propos dubitatif, toute analyse toute accusation, voire tout blâme n’avait pas lieu d’être.

Nous disons également que l’identification pleine et entière à un Etat fut-ce t-il le seul État juif est une erreur qui contraint à offrir un soutien inconditionnel au point que toute critique de l’État devient pour les partisans de la raison d’État une haine de soi et une attaque contre les Juifs du monde entier.

Nous cheminons donc sur une ligne de crête entre d’un côté les adeptes de la raison d’État intégral et de l’autre des militants hostiles à nos affects quant aux faits juifs et aux événements traumatiques du 7 (octobre)

Ces derniers n’hésitent pas à nous insulter ; de soutiens aux massacres parce qu’attachés en soi à l’idée d’un État juif mitoyen d’un État palestinien .

Sauf qu’il y a une grande différence entre être attaché à l’existence d’un fait juif qui puisse se déterminer politiquement et endosser la raison d’État dont j’ai parlé il y a un instant.

L’ironie d’Européens soi-disant anticolonialistes qui déclament leur solution en population sur place

Les mêmes militants n’hésitaient pas à nous opposer des résolutions du conflit clés en main sans même avoir le recul nécessaire pour percevoir l’ironie d’Européens soi-disant anticolonialistes qui déclament leur solution aux populations sur place .

En ce sens ils imposent un narratif qui nous définit comme des ennemis dès lors que nous n’accédons pas à des récits ou à des qualificatifs qui nous semblent soit faux soit confinés à l’antisémitisme.

Comment reprocher aux Juifs de ne pas soutenir des mouvements armés dont certains principes écrits clament fièrement la volonté d’éradiquer tous les Juifs de la terre .

On peut pas demander à un juif d’abjurer sa condition de Juif pour s’assurer de son soutien à la population palestinienne.

Cette stratégie de polarisation ne mène nulle part

Cette stratégie de polarisation ne mène nulle part.

Elle n’a pour effet que d’exacerber les tensions et les imaginaires racistes.

Une troisième voie qui refuse cette polarisation cherche à unir les sociétés civiles entre elles qui sont autant en diaspora que sur place cette voie, cette troisième voie existe.

Par exemple le RAAR dénonce:

  • toutes les victimes civiles

  • appelle à un cessez-le-feu immédiat

  • à la libération des otages

  • et à la fin de l’expansion coloniale en Cisjordanie

La richesse de cette troisième voie, portée par des associations comme la nôtre, comme les JJR , comme ORAAJ comme le jeune Golem ou encore comme les Guerrières de la paix avec Hanna que je remercie d’être présente aujourd’hui repose sur sa polyphonie et son désir de créer des ponts.

J’aimerais te remercier d’autant plus qu’hier (samedi 27 janvier 2024) elle tenait un rassemblement sur le parvis de l’IMA (l’Institut du Monde Arabe) où des femmes israéliennes et palestinennes ont pris la parole.

Et si tu veux bien commencer, tu pourrais peut-être nous raconter d’abord cet événement et ensuite on enchaîne.

hanna Hannah Assouline

Ok déjà merci Olia parce que tu as dit beaucoup de choses et moi je suis un peu moins rigoureuse que toi j’ai pas écrit ça va être beaucoup moins construit et effectivement comme tu l’as justement souligné les mots sont pris au piège depuis toujours peut-être mais encore plus depuis le 7 octobre donc j’espère que vous serez indulgent avec les miens parce que je les ai pas préparé.

mais donc oui alors déjà je voudrais quand même saluer l’intervention qui a qui a précédé la mienne je pensais qu’on serait en échange tous les deux mais du coup j’étais très heureuse de vous écouter Christophe Daadouch donc merci ça nous rappelle à quel point si on si tant est qu’il fallait que ce soit rappelé cette loi est un désastre, un échec et à quel point le caractère raciste de cette loi est une catastrophe pour nous tous .

Pour te répondre donc sur cette dernière question hier il y avait d’ailleurs certains visages dans cette assemblée qui étaient présents qui l’ont été d’ailleurs fidèlement depuis depuis le 7 octobre et qu’on essaye de créer cet espace, cet espace collectif d’empathie collective où on refuse encore une fois la polarisation , la mise en opposition de nos souffrances.

Où il est possible dire dans un même souffle de crier dans un même souffle la nécessité absolue d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération

… (bruits)

donc de dire demander dans un même souffle et avec la même puissance un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération sans condition de tous les otages

Et donc hier puisque tu me poses cette question Olia on était donc rassemblé devant l’ Institut du Monde Arabe (IMA, NDLR) et c’est presque un miracle je crois dans la situation que nous vivons depuis depuis bientôt 4 mois on avait des militantes palestiniennes et israéliennes qui étaient à nos côtés.

dont on a cessé depuis 3 mois d’essayer de relayer les voix, de relayer le courage et qui ont donc accepté de venir ensemble ce qui est quand même assez extraordinaire je sais pas si on en prend la mesure dans le contexte actuel et puis surtout c’était important pour nous que ce soit elles qui parlent

Ca fait 4 mois que tout le monde se sent autorisé de crier plus fort de d’ajouter encore plus de confusion, de haine, de division et c’était important pour nous voilà de pouvoir recevoir et transmettre cette leçon de vie et de courage.

Donc hier on est était rassemblé pour les écouter on a fait un sitting géant qui a d’ailleurs a eu lieu dans plusieurs villes du monde c’était un petit miracle ça aussi il y avait des gens qui étaientt rassemblés à Genève, à Bruxelles, à Amsterdam, à San Francisco à Tel-Aviv bien sûr à Dakar et voilà j’en oublie sûrement, à Amsterdam à Marseille aussi.

Voilà à Rio de Janeiro et à Buenos Aires j’ai oublié wouh j’ai oublié ça

voilà et l’Italie non malheureusement peut-être la prochaine fois.

Est-ce que tu peux revenir sur la création de ton association ?

Olia Maruani olia

Est-ce que tu peux revenir sur la création de ton association et les raisons de la création de l’association ?

Alors les Guerrières de la paix c’est un mouvement qui est né il y a un peu plus de 2 ans maintenant, qui s’est constitué, qui a été impulsé par un groupe de femmes musulmanes et juives mais qui aujourd’hui rassemble des femmes de toutes les origines, de toutes les confessions, de toutes les croyances

on était dans une période il y avait beaucoup de tension notamment à Jérusalem autour du quartier de Cheikh Jarrah et donc on était dans une période comme on en a connu beaucoup particulièrement je crois ma génération mais mais vous tous aussi mais où par vagues le conflit israélo-palestinien n’est non pas importé ça on y reviendra après parce que je pense que c’est une erreur de présenter comme ça mais en tout cas agit comme un détonateur, comme un révélateur de tension qui existe dans notre société et qui d’un coup explose, se révèle ou trouve parfois même une justification dans leur expression

et donc on était dans cette période et comme ça nous est arrivé très souvent on était nombreuses à étouffer entre les posts sur les réseaux sociaux, la surenchère de la haine, ce sentiment d’être assignées à devoir faire bloc dans des camps les unes contre les autres à devoir enfin bref on était nombreuses à être dans un grand désarroi à ce moment-là et à ne pas trouver d’espace pour ce partage, pour cette expression collective pour cette empathie collective, cette tolérance cette capacité aussi de se mettre à la place de l’autre, d’essayer de le comprendre

de pas forcément avoir tout de suite des réflexes de repli, même de défiance on a, c’est ça qui a été assez magique avec ce mouvement c’est que on n’est pas du tout dans un entre soi de personnes convaincues absolument d’accord sur tous les sujets

on ne cesse d’avoir des débats on n’est pas toujours d’accord ; parfois c’est difficile particulièrement depuis 3 mois et demi on a été très mises à l’épreuve alors il se trouve qu’on a fait un voyage dont je vous parlerai juste après mais qui nous a quand même constitué un socle commun particulier qui fait que on traverse cette période avec une solidarité particulière mais sinon c’est vrai que depuis le début il y avait aussi cette idée que il fallait qu’on soit capable de créer un espace où la tolérance est possible où le décalage est possible et où on peut accepter de ne pas être d’accord sur tout de ne pas avoir les mêmes sensibilités, les mêmes histoires ne pas avoir été nourries par les mêmes narratifs

On a aussi créé le Forum mondial des femmes pour pour la paix

et pour autant d’avoir ce désir de se comprendre, de s’écouter et de se battre ensemble et donc c’est ça qui a été à l’origine de la création de ce mouvement et donc c’est vrai qu’il y a deux terrains sur lesquels on est qui est à la fois sur la question du conflit israélo-palestinien mais pas que puisqu’on a aussi créé le Forum mondial des femmes pour pour la paix qui rassemble des femmes Iraniennes, Ukrainiennes, Afghanes, Libériennes, Sénégalaises, Marocaines et cetera Ouigoures

Donc cette volonté de créer une chaîne de solidarité des femmes du monde entier, d’affirmer cette sororité mondiale et de se faire le relai ici surtout de la voix et du courage de ces femmes mais il y a aussi et c’est très important puisque c’est vraiment ce qui a impulsé la création de notre mouvement cette volonté de créer un espace notamment au sein des luttes antiracistes qui sont très divisées vous en savez quelque chose et je crois que le RAAR s’est créé aussi sur cette même idée et qu’on a de nombreux mouvements aujourd’hui et je crois que dans la tragédie qu’on vit tous en ce moment et qui nous inquiète beaucoup et qui parfois nous désespère c’est peut-être une des lumières que qu’on doit tous regarder

il y a tous ces mouvements je pense au JJR je sais qu’il y en a qui sont dans la salle, je pense à Golem qui s’est constitué récemment et j’en oublie, au ORAAJ à tout ; enfin voilà au RAAR et j’en oublie sûrement je suis désolée pour ceux que j’oublie

mais en tout cas tous ces mouvements qui ont justement je crois souvent ont cheminé dans certains partis, syndicats, ou associations antiracistes dans lesquelles on avait du mal à trouver notre place; dans lesquels on avait le sentiment que la seule option était soit finalement une forme au nom de nos combats et des combats qui constituent nos luttes de renoncement de soi, soit tout simplement le fait de ne pas avoir de place finalement

on avait pour seul horizon cette proposition là et je crois qu’on est d’une génération qui justement a grandi aussi avec cette idée d’affirmation de son identité, de revendication de son histoire, de sa mémoire on a aussi tous les mouvements décoloniaux dans dans les luttes antiracistes et cetera et donc pour les Juifs c’était cette idée que seuls les Juifs fassent exception y compris avec cette histoire de premiers concernés qui est aujourd’hui dans beaucoup de combats mis en avant alors que nous finalement le fait d’être concernés nous rendait suspects voir discréditait notre parole donc je pense que c’était aussi en réponse à tout ça que se sont créés ces mouvements et ce et la

pardon juste une seconde oui

donc non pour conclure sur cette idée pourquoi je vous parlais de cette guerrière de voilà

parce que ce qu’on affirme aussi avec les guerrières je vous expliquais qu’effectivement on n’est pas toujours bien sûr sur l’essentiel on se on se rassemble notamment on y reviendra mais sur la question du conflit Israëlo-palestinen il y a quand même quelque chose qui est notre socle et qui nous permet d’avancer, enfin de d’être ensemble

mais il y a cette idée justement que la réelle solidarité réside précisément:

  • dans la reconnaissance de chacune de nous ;

  • dans la reconnaissance de chacune de nos histoires

  • et dans cette affirmation pour chacune d’entre nous possible de ce que nous sommes de ce qui nous blesse ; de nos souffrances; de nos mémoires

et personne ; on ne demande à personne au sein de ce mouvement de renoncer à quoi quoi que ce soit ; de taire ce qui la blesse ; de taire ce qui l’indigne

voilà de renoncer à une partie de nous-mêmes et je crois que c’est vraiment cet horizon là qu’on essaie de porter avec ce mouvement mais c’est un horizon collectif qui dépasse les guerres de la paix qui à mon avis est peut-être le seul vrai horizon de solidarité et de réconciliation nationale à l’heure où encore une fois on vit des fractures profondes et violentes.

Est-ce que tu pourrais justement nous parler de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles ? (Paris 25 novembre 2023)

Olia Maruani

Est-ce que tu pourrais justement nous parler de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles à la suite de ce que tu viens de dire (marche du 25 novembre 2023 à Paris, NDLR)

Hannah Assouline

Si tu veux on peut en parler je suis pas la meilleure personne pour en parler mais en gros et moi je peux je peux te raconter quelle a été mon expérience en tout cas par rapport à ça; donc ça j’ai pas eu l’occasion de le dire mais il se trouve que précisément avec ce groupe de femmes donc à la fois des militantes Iraniennes, Afghanes, Ouigoures, Ukrainiennes, Russes, Marocaines et cetera mais aussi des femmes musulmanes, juives, de tous horizons, de Paris, de banlieue, de tout milieu et cetera on a fait un voyage du 30 septembre au 6 octobre donc on est rentré dans la nuit du 6 au 7 octobre et pendant une semaine avec toutes ces femmes de tous horizons on a sillonné Israël et la cisjordanie pour aller rencontrer des militants Israéliens et Palestiniens engagés pour la paix et la justice

on a été dans les kibboutz , on a été à Ramallah à Rouara?? on a été dans des avant-postes en Cisjordanie on a été partout et surtout on a participé le 4 octobre et ça paraît presque aujourd’hui encore une fois irréel

on a à la fois le sentiment que c’était hier, en même temps que c’était il y a un siècle, en même temps que c’était hors du temps, on a participé donc le 4 octobre à une grande marche coorganisée par les femmes de Women Wage Peace et women of the sun et des femmes de Standing Together qui étaient à nos côtés hier soir devant l’Institut du monde arabe pour la paix et la justice.

donc c’est dans ce contexte là que nous sommes rentrés et quand on arrive à cette marche féministe dont tu parles il faut savoir que pour nous les Guerrières de la paix la dernière grande marche de femmes à laquelle on a participé c’est précisément celle-là qui a donc été mené par des femmes qui vivent au cœur de ce conflit, au cœur de ce désastre qui en vivent les conséquences dans leur chair ; qui pour certaines ont vécu des deuils ont enterré des enfants, des frères, des sœurs enfin

2024-01-28 Je vous avoue que face à ça on est quand même dans un sentiment de de honte en fait (Hanna Assouline)

Et on arrive ici on se retrouve au milieu de cette guerre entre les différents mouvements féministes donc je vous avoue que face à ça on est quand même dans un sentiment de de honte en fait ;

je sais pas si j’ai d’autres mots que celui-là ;

Quand on voit le courage, la force, la dignité dont sont capables ces femmes au nom desquelles précisément ici on se déchire et qu’on arrive ici et qu’on fait face à cette indignité et à cette incapacité de solidarité surtout avec toutes les victimes ; à cette déshumanisation des victimes

on est arrivé à un tel niveau de déshumanisation que on est en train de se noyer dans des débats sur le fait que toutes ces femmes israéliennes étaient finalement des colons, que c’est la puissance coloniale qui oppresse les femmes et cetera juste pour ne pas assumer que finalement on n’est pas capable d’une solidarité qui est peut-être la base même du féminisme avec d’autres femmes qui subissent viols, massacres, humiliations et cetera donc voilà ce que je peux te dire sur ce qu’on a ressenti au moment de cette marche

nous il se trouve si tu veux un petit peu des infos concrètes que on a été convié à y participer un peu en dernière minute, qu’on a essayé de faire un coup de force pour pouvoir nous exprimer à la conférence de presse et pour pouvoir nommer les choses qui n’avaient pas été nommées jusqu’à présent à savoir ce qui s’est passé le 7 octobre et les féminicides et viols qui ont été commis sur les femmes israéliennes donc nous l’avons fait et on est quand même allé et ça ne suffisait pas je veux dire c’est ça n’était pas ça ne devait en aucun cas servir de blanc-seing à une invisibilisation d’autres mouvements ou d’autres initiatives qui n’ont pas pu prendre part à cette marche ce jour-là

voilà moi je déplore effectivement ces débats et je crois que ça nous ; parce que j’essaie toujours de me projeter et d’être plutôt dans l’action et dans la réconciliation ; qu’on a du travail qu’il va falloir qu’on le mène et qu’on le mène collectivement et qu’on continue d’interpeller

voilà

Ce qu’on a pu remarquer depuis le 7 octobre c’est que la paix était devenue presque un mot creux

olia Olia Maruani

parce que en fait ce qu’on a pu remarquer depuis le 7 octobre c’est que la paix était devenue presque un mot creux un presque un quelque chose de on se fait traiter de bisounours quand on parle de Paix parce qu’on a pas un discours assez politisé on n’a pas un discours assez clair sur la ; alors qu’en fait qu’est-ce que tu penses de

Hannah Assouline

bah écoute ça je sais pas ce ‘on’ à quoi il fait référence ; moi ce que je sais c’est que à la fois ces militantes qui sont là-bas et ce qu’on répète depuis le 7 octobre et ce qu’on a d’ailleurs enfin on n’a pas attendu le 7 octobre pour se mobiliser sur ces questions ; c’est précisément que la paix n’est pas encore une fois un vœux pieux déconnecté ; de bisounours un terme qui ne veut rien dire mais que c’est éminemment politique et éminemment courageux et que dans le contexte que nous vivons actuellement c’est la seule issue ;

La paix ça passe par la justice ça passe par des solutions politiques concrètes

alors la paix évidemment il faut y adosser beaucoup de choses; la paix ça passe par la justice ça passe par des solutions politiques concrètes et toutes les personnes qui ; que ce soient les militantes de women wage peace, de women of the sun, de standing together ou que ce soit nous au sein de notre mouvement dans les différents communiqués, tribunes ou dans tous les mots qu’on a prononcé lors de nos rassemblements toutes ces choses-là ont été énoncées de manière très claires, de manière très claires on n’a pas juste dit on veut pas être dans des camps les unes contre les autres; on s’aime et puis on se on se fait des grands calins entre femmes

je veux dire on a nommé les choses on a nommé les horreurs qui ont été commises le 7 octobre, on a nommé les horreurs qui ont lieu tous les jours à Gaza, on a parlé aussi de l’occupation de la la colonisation des territoires occupés on n’a pas encore une fois attendu le 7 octobre pour élever nos voix, pour critiquer avec force la politique menée par le gouvernement de Netanyahou pour en pointer les dangers suicidaires

enfin je veux dire toutes ces choses on les a dites et effectivement on n’a pas choisi entre la dénonciation claire et nette des actes terroristes du Hamas et la dénonciation claire et nette des crimes de guerre et des massacres commis sur la population de Gaza par par le gouvernement israélien

donc toutes ces choses si vous voulez elles sont dites elles sont dites encore une fois avec force dans une démarche collective qui refuse encore une fois cette polarisation du débat

On n’a pas arrêté aussi d’affirmer qu’aujourd’hui on ne peut pas parler de la cause palestinienne ou de la défense d’Israël comme deux sujets totalement séparés ; d’ailleurs cette semaine on était à l’Assemblée nationale et on a ; les femmes israéliennes et palestiniennes ont pris la parole devant les députés pour les justement, pour les interpeller sur des engagements concrets, politiques et parmi les différentes choses qu’on leur a demandé et qu’ils ont d’ailleurs accepté de mettre en place

Il y a la création à l’Assemblée nationale d’un groupe d’étude Israël-Palestine

Il y a la création à l’Assemblée nationale d’un groupe d’étude Israël-Palestine puisque jusqu’à présent on a des groupes d’amitié Israël, des groupes d’amitié Palestine ; il y avait aucun espace de discussion politique concrète qui prennent en compte cet enjeu convergent pour ces deux peuples et cet enjeu de survie pour ces deux peuples qui doit être pensé collectivement

donc voilà ce qu’on répond aux gens qui nous parlent de bisounours par ailleurs encore une fois cette volonté qu’ont certains militants de s’attaquer à ceux qui essayent de créer des ponts, de rassembler, de réunir, de nous sortir finalement de cette impasse, je crois, doit être être questionné

je pense qu’on a quand même suffisamment aujourd’hui d’ennemis objectifs dans nos luttes, de fascistes de tout bord qui je pense que si on a de l’énergie à mettre sur ceux et là bon évidemment je t’ai répondu pour les Guerrières de la paix mais même si on considérait que certaines personnes qui se rassemblent avec des pancartes; juifs et musulmans ensemble amitié enfin je veux dire je préfère vraiment ça que tous les fascistes qu’on entend à longueur de journée et qui nous et qui nous poussent collectivement dans l’impasse et dans le chaos.

Sur le sur le nom de votre mouvement les guerrières de la paix (question d’un homme)

j’avais une question tout simplement sur le nom de votre mouvement les Guerrières de la paix comment est-ce que c’est apparu et pourquoi voilà l’antagonisme au tout début merci beaucoup

je réponds direct ou on prend plusieurs questions d’abord ah je pour

écoute alors déjà c’est le titre d’un documentaire Les Guerrières de la paix un documentaire que j’ai réalisé parce que à la base mon métier c’est d’être réalisatrice de documentaires et j’ai donc fait un film sur ces femmes palestinenes et israéliennes de Women Wage Peace et Women of the Sun qui s’appelle “les guerrières de la paix” ; c’est alors ; l’idée est venue parce qu’à un moment donné il y a une de ces femmes qui a perdu son mari et un de ses fils dans la guerre qui dit “je suis une guerrière de la paix” donc ça a tellement raisonné que on a choisi d’en faire le titre du film et on a décidé aussi d’en faire le titre, enfin le nom du mouvement

évidemment en hommage à l’engagement de ces femmes mais aussi parce que je crois que c’est exactement ce qu’on vient de dire d’ailleurs sur cette histoire de bisounours, de courage et cetera la paix est un combat qui nécessite encore une fois je le répète et je pense que

c’est d’ailleurs ; ceux parmi vous qui je crois se retrouvent dans cette position de refus d’assignation, de refus de polarisation du débat , le savent très bien ; je pense que vous le savez tous

On se prend des coups de tous les côtés on est obligé toujours d’affronter un peu les siens

on se prend des coups de tous les côtés; on est obligé toujours d’affronter un peu les siens en tout cas ce qu’on considère ceux qui peuvent être considérés comme les siens

pour les autres on sera jamais de toute façon suffisamment radical;

donc il y a cette position qui encore une fois est très inconfortable qui demande de prendre des risques, de penser à la fois contre soi, de se challenger parce que évidemment on a tous aussi des moments où on est traversé par de la colère, par de l’indignation, par du désespoir ; des moments où on est tenté de se recroqueviller ; de et donc on est dans ce combat et c’était important pour nous de l’affirmer aussi avec ce nom qui inscrit la paix du côté de la lutte et voilà

Une question/exposé d’une femme

oui merci c’est c’est bien d’avoir dit la deuxème partie on n’est pas les bisounours seulement parce que je pense qu’il faut le dire assez vite dans le ; dans l’exposition parce qu’on peut avoir cette impression que vous êtes “peace and love” et puis voilà c’est trop c’est très sympa mais voilà

et la question de la victimologie il faut faire attention à ça parce que la concurrence des victimes existe on tu le sais je pense donc je pense que c’est c’est très bien il faut assez vite le dire la question de la politisation de ce discours là c’est pas la paix est un combat tout simplement en l’air c’est avec des dans ces dans dans ces slogans politiques, dans ces positions politiques que vous avez dénoncer Netanyahou et cetera

je pense qu’il faut faire attention aussi de dénoncer le manque de démocratie du côté du camp palestinien, le manque d’élections, pas d’élection donc il faut absolument ça et puis peut-être au-delà de là de cela s’il y a des interlocuteurs Palestiniens possibles qu’on dit toujours margouti je sais pas quoi peut-être que souligner quoi

pousser de ce côté-là; ne pas être critique uniquement du côté israélien qui il y a beaucoup à critiquer je suis d’accord mais voilà ça c’est un premier point je pense que c’est très important ce que tu as dit j’étais pas au courant de la création du du groupe d’études d’Israël-Palestine je sais pas quand ça va se faire mais c’est très important

pardon donc voilà excuse et puis et ma question c’est pour pour la France je t’ai déjà posé en privé mais je te le dis pour la France est-ce que ce ce mouvement qui réunit des des groupes antiracistes de différentes origines de différentes horizons peut travailler sur la loi Darmanin vous pouvez le dire en public mais sur la loi Darmanin et sur le racisme et sur les les dérives Front National et cetera je pense que ça vaudrait le coup d’unir c’est pour ça que moi j’étais content de te voir associer au gars du GISTI qui est là mais je trouvais que c’était dommage c’est pas; mais voilà de lui répondre dire nous aussi on va on travaille là-dessus sur le terrain dont tu as parlé

tu as fait d’autres actions déjà sur le terrain avec avec les Guerrières de la paix donc en France je veux dire et je pense que c’est important d’y revenir aussi voilà bien sûr

du coup c’est pas une question c’est c’était une non mais c’est important oui oui bien sûr elle étaient très importantes moi

olia Olia Maruani

J’aimerais juste souligner c’est quand même difficile de prendre la place d’un peuple sous occupation pour leur dire comment il doive se définir politiquement

oui mais je veux dire c’est ils sont pas dans la même situation politique on peut le faire et je pense que les femmes le font on va pas le confisquer la parole pour pour leur dire comment ils vont s’organiser politiquement en fait

oui oui

Reprise de la parole par Hannah Assouline

Alors les femmes, les femmes parce que nous encore une fois c’est important je pense que c’est vraiment très important surtout dans ce débat de savoir quelle est sa place, quelle est sa légitimité il y a beaucoup de gens qui qui manquent beaucoup de ce de ce genre de considération et qui font beaucoup de mal

donc nous c’est vrai que encore une fois comme je vous l’ai dit on a évidemment une position politique dans notre mouvement mais on a aussi cette idée très forte qu’on défend qui est de donner la parole et de remettre la lumière sur les femmes qui sont au cœur de ce conflit

et ces femmes là sur toutes ces questions que ce soit du côté palestinien ou du côté israélien font preuve d’énormément de courage et de clarté et voilà donc ça pour te répondre ça existe ;

quant à la la dimension non bisounours et politique de notre démarche encore une fois elle a toujours été là je veux dire depuis la première tribune qu’on fait après le 7 octobre les mots sont posés;

ils n’ont cessé de l’être ; donc il y a effectivement je pense une forme pas la tienne Martine on se connaît certainement pas la tienne mais en tout cas parfois de malveillance aussi vis-à-vis de ces positions parce qu’elles dérangent ; parce qu’elles dérangent et d’ailleurs on a qu’à voir les personnes qui nous attaquent nous disent en miroir à peu près les mêmes choses

et finalement œuvrent exactement dans le même sens ; ils croient être des ennemis mais voilà donc et c’est ce qu’on a affirmé d’ailleurs dès le début ça paraît comme ça un peu peut-être simpliste de le dire comme ça mais c’est tellement vrai

C’est-à-dire que on nous vend une polarisation du débat qui opposerait les pro-palestiniens et les pro-israéliens

C’est-à-dire que on nous vend une polarisation du débat qui opposerait les pro-palestiniens et les pro-israéliens or la réalité c’est que les deux camps qui existent aujourd’hui c’est vraiment:

  • d’un côté ceux qui continuent de se battre pour que cesse cette guerre ; pour trouver des solutions politiques pour la justice, pour la paix, pour l’égalité pour la dignité pour tous

  • et ceux qui continuent de nous pousser dans le chaos qui sont dans un discours de destruction, de négation de l’autre,

je veux dire on a des gens

  • là récemment Netanyahou a refait des des déclarations pour dire que la solution à deux Etats était parfaitement impossible et qu’il ferait tout pour que ça n’ait jamais lieu et cetera

  • on a de l’autre côté des militants qui nous crient de la mer au Jourdain

Je veux dire on est dans cette situation ces gens-là sont totalement des alliés et face à eux il y a ce camp que je crois, j’espère dont on fait tous partis ici et donc c’est c’est voilà

Un homme

(brouhaha) je m’attendais pas à avoir le micro [Musique] mais je il y a la transmission de pensée ça m’a coupé le sifflet là

comment dire je crois que si on se place; c’est pas une question de bisounours si on se place sur la question de la morale on n’avance pas et je pense qu’il faut se placer sur la question du politique et de ce qui se passe en israël-palestine depuis 1967

grosso modo il y a un grand frère et un petit frère comme tu l’as dit très justement Olia il y a un peuple occupé et un pays occupant et donc on peut pas ; on peut pas renvoyer les manques des uns; on peut pas mettre sur le même plan les manques des uns et les manques des autres

il y a un Etat et un non Etat et je pense que la responsabilité majeure de ce qui se passe depuis 67 et particulièrement depuis 95 depuis l’assassinat de Rabin, la responsabilité majeure de l’impasse dans lequel se trouve israël-palestine est de la faute aux gouvernements successifs israéliens et pas seulement Netanyahou ;

Netanyahou a bon dos ; c’est une sorte de Trump idéal salaud, un cynique qui est prêt à tout pour sauver sa peau mais il y a tellement d’occasions qui ont été manqué

Israël a été créé grâce à une décision de l’ONU ; depuis 67 toutes les décisions de l’ONU n’ont pas été appliquées par Israël; volontairement

donc il y a une contradiction ; quand on accuse Israël quand on accuse les puissances occidentales d’avoir deux poids deux mesure par rapport à envers Israël par rapport à d’autres situations dans le monde c’est difficile d’avoir un argument contre cette accusation donc si on pose si on repose pas la question d’israël-palestine dans un dans une question géopolitique mondiale dans par exemple le jeu ambigu c’est le moins qu’on puisse dire des pays arabes par rapport aux Palestiniens

le jeu ce qui se passe; depuis avec l’élection de Trump ce qui s’est passé pendant que Trump était au pouvoir Trump qui risque de revenir au pouvoir dans un an ; si on se passe sur bien sûr c’est c’est formidable tous ces gens c’est comme ce qui est décrit dans Apeirogon , dans ce livre magnifique qui fait pleurer d’un bout à l’autre entre ces deux pères bien sûr mais on voit bien que ça ne suffit pas

qu’il y a des raisons géopolitiques mondiales qui ont intérêt à ce que ce conflit ne se règle pas ; il y a des pressions à faire sur le gouvernement israélien pour que pour qu’il débloque la situation c’est au grand frère de s’occuper du petit frère et en l’occurrence il y a un grand frère et un petit frère

olia Olia Maruani: je ne suis pas sûre de l’analogie “petit frère/grand frère” je te la laisse

je sais pas une femme avant

je suis pas sûre de l’analogie “petit frère/grand frère” je te la laisse

mais je pense que ; enfin est-ce que final ; enfin tu ; le problème moi ce que je trouve vraiment problématique dans cette histoire là c’est que à chaque fois qu’on essaie de parler de ce sujet ; tout d’un coup en fait on devient expert en géopolitique mondiale et on endosse toutes les responsabilités depuis 48 et même avant parce qu’on sinon peut remonter à 1880 enfin je veux dire

olia Olia: On devrait pouvoir parler de la situation de l’antisémitisme en France sans avoir à se positionner sur le conflit israelo-palestinen

En fait c’est un peu compliqué parce que il y a deux choses quoi on devrait pouvoir parler ; comment dire ; de la situation de l’antisémitisme en France sans avoir à se positionner sur le conflit israelo-palestinen ça on le répète depuis depuis la création du RAAR ,

Mais on devrait aussi pouvoir parler d’une situation ; enfin comment dire; de cette volonté de paix et de s’exprimer avec cette envie de paix sans avoir à endosser tout le problème géopolitique mondial enfin je veux dire on n’est pas obligé d’être des experts en mode pureté militante totale pour pouvoir dire, en fait j’aimerais vraiment bien que Palestiniens et Israéliens puissent se parler sans être …tu vois ce que je veux dire

hanna Hannah Assouline

bien alors brièvement parce que je crois qu’il y a d’autres questions mais parce qu’il faudrait pour répondre à chaque point que vous avez évoqué monsieur bien plus que les 15 minutes qui nous restent et on partirait dans un débat très long je pense

il y a beaucoup de choses sur lesquelles j’aimerais enfin j’aurais je serais tenté de réagir dans dans ce que vous avez dit et mais je vais quand même réagir sur un point essentiel que vous pointez à savoir cette histoire d’asymétrie

L’asymétrie et le fait qu’il y ait un peuple qui subisse une oppression, une occupation c’est quelque chose qu’on a encore une fois toujours répété.

Quand on parle de symétrie on parle de symétrie humaine ; aujourd’hui on est dans un contexte de déshumanisation de l’autre et d’essentialisation de l’autre et ce qu’on essaie de faire entendre dans ce contexte là c’est justement que il n’y a pas de vie qui vaille plus que d’autres ; qu’il n’y a pas enfin voilà donc cette la seule symétrie qu’on mette en avant avec les Guerrières de la paix c’est celle-là

et par ailleurs il y a aussi une idée qui est fondamentale et qu’on n’arrête pas de répéter ; qui est pas juste une espèce de phrase décorrélée du politique concret qu’on opposerait qui est éminemment politique et qui est centrale dans la façon dont aujourd’hui on commente et on aborde ce conflit

Il y a aussi une idée qui est fondamentale : c’est la question de la reconnaissance de la légitimité de l’autre

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c’est la question de la reconnaissance de la légitimité de l’autre

et nous ça c’est ce qu’on n’a cessé de défendre c’est peut-être d’ailleurs ce qui nous rassemble au sein des Guerrières de la paix ce qui fait qu’on arrive dans ce cadre-là à à accepter nos désaccords et cetera et c’est la leçon extraordinaire que nous ont donné des militants qui sont là-bas c’est à dire que je l’ai déjà cité plusieurs fois parce que je voilà mais quand on rencontre un militant palestinien qui s’appelle Ali Abou Awwad qui a passé une partie de sa jeunesse dans les prisons israéliennes parce que il avait participé à la lutte armée palestinienne après que son frère ait été tué à un checkpoint par un soldat

Il n’y a pas plus douloureux que de reconnaître la légitimité de l’autre

qui nous explique il n’y a pas plus douloureux que de reconnaître la légitimité de l’autre et pour les Palestiniens et les Israéliens on en fait l’expérience de manière charnelle c’est-à-dire que c’est presque une amputation et pourtant on sait qu’il n’y a pas d’autres voies

et que finalement en même temps qu’on se sent amputé de quelque chose il y a quelque chose qui s’ouvre, qui s’ouvre et qui nous et qui nous offre un horizon qui jusqu’alors est totalement bouché parce que dans ces discours de ; bah vous avez dit ça a été une décision de l’ONU qui a créé, on aurait pu dire plein d’autres choses sur ce qui a ce qui a quand même été à l’origine de la création d’Israël ,

Il y a cette idée d’à chaque fois remettre en cause la légitimité des uns et des autres à vivre sur cette terre

Il y a je veux dire cette idée d’à chaque fois remettre en cause la légitimité des uns et des autres à vivre sur cette terre et à pouvoir aujourd’hui vivre décemment dans la dignité, l’égalité, la liberté

C’est la base de tous nos échanges politiques et aujourd’hui c’est ça précisément qui est remis en question pas qu’aujourd’hui d’ailleurs j’avais un échange avec mes parents la dernière fois je leur dis c’est une catastrophe puisque maintenant vraiment c’est ça qu’on est vraiment au fondement même ils me disaient mais en fait ça a toujours été le cas je t’en rends pas compte bref donc il paraît que ça a toujours été le cas

mais en tout cas c’est si on part pas de cette idée fondamentale je pense que après évidemment on peut avoir des échanges, on peut avoir des débats très concrets et d’ailleurs encore une fois ces femmes elles vont à la Knesset elles vont interpeller Netanyahou elles ont obtenu la création d’une commission à la Knesset elles se battent tous les jours elles sont pas en train de faire des marches dans le désert et puis elles ont un débat politique

Vous imaginez bien que toutes ces questions dont vous parlez les femmes palestiniennes elles en ont bien conscience de cette réalité, de la réalité de l’oppression chaque matin elles passent des checkpoints, elles sont en permanence dans cette vie en demi-teinte entre des enfin voilà je veux dire c’est c’est certainement pas nous qui allons leur expliquer quelles oppressions concrètes et réelles elles subissent et à chaque fois qu’elles en ont l’occasion et qu’elles élèvent leurs voix elles le disent fermement.

Donc toutes ces réalités sont totalement prises en compte, affirmées, revendiquées et il y a pas d’un côté la réconciliation, la paix, qui seraient complètement décorrélées du reste et de l’autre la dénonciation des injustices et des oppressions bien au contraire.

Une femme

Juste une question d’information effectivement qui est passionnant dans votre expérience c’est cet espace de reconnaissance mutuelle de dialogue mais vous dites aussi d’échanges mais aussi de divergences

Je voudrais un peu savoir sur quoi porte dans cet espace pacifié les discussions, les divergences même politiques que vous pouvez éventuellement avoir entre vous c’est juste une information.

Hannah Assouline

que ah bah ça pareil il faudrait beaucoup de temps on en a beaucoup beaucoup des débats et des divergences mais je peux peut-être partir de ce qui nous rassemble et puis ensuite non

non parce que dans ce dans ce cadre là effectivement il y a beaucoup par exemple

pour être très concret parce que je pourrais sinon ce serait trop long pour être très concret on va parler de nos échanges depuis le 7 octobre

Depuis le 7 octobre on a beaucoup beaucoup de débats sur la sémantique

Note

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

Depuis le 7 octobre il y a beaucoup, on a beaucoup beaucoup de débats sur la sémantique

On a beaucoup beaucoup de débats sur l’emploi de certains termes qui heurtent certaines qui sont importantes pour d’autres et ça donne lieu à des échanges entre nous qui sont des échanges passionnants qui nous nourrissent les unes les autres et voilà qui sur on a des on a beaucoup de d’échanges sur l’emploi du terme,

je sais pas de dire “État colonial” pour parler d’Israël par exemple autant il y a aucun débat entre nous sur le fait de parler, de dénoncer la colonisation des territoires occupés en Cisjordanie mais il y a le fait de définir l’état d’Israël comme un État colonial on a eu des débats très intéressants avec certaines femmes qui avaient toujours entendu ça dans leur milieu militant pour expliquer en quoi pour certaines de nous c’était problématique ou c’était pas juste on a eu

enfin voilà il y a beaucoup de termes qui ont fait l’objet de débat ouais mais Martine ouais c’est important bien sûr

que c’est important mais il nous reste pas beaucoup de temps et c’est très long enfin tu vois sur chaque

Martine

mais c’est très intéressant

non mais bien sûr c’est intéressant et c’est et à chaque fois c’est ces sujets je sais pas on a eu plein de sujets au tout début par exemple parce que là on est très centré sur le conflit israelo-palestinien ;

au tout début au sein de notre groupe on avait des sujets aussi sur tout; la façon dont on nommait les différents racismes

voilà il y avait il y avait des des femmes qui disaient bah non il faut être précise il faut dire la haine des musulmans parce que si on dit autre chose ; si on dit par exemple islamophobie ça peut ne pas être clair et puis après on a toutes été d’accord sur le fait qu’il fallait qu’on utilise le terme islamophobie avec les Guerrières de la paix

enfin je veux dire on a tout le temps il y a même des femmes qui comprenaient pas ce que ça voulait dire antisémitisme qui nous disait mais moi on m’a toujours dit que tout le monde était sémite

donc en fait toutes ces questions là on les a eu au sein de ce mouvement on les a eu avec beaucoup de bienveillance, avec une écoute mutuelle une volonté de se comprendre aussi je veux dire on n’a pas eu des réflexes c’est peut-être aussi ça enfin dans ce mouvement il y a des militantes bien sûr

mais il y a aussi des femmes qui viennent de tous les horizons qui ont pas des réflexes où tout de suite on est dans une forme de défiance, dans une joute verbale où on a envie d’avoir

on est vraiment dans ce dans cet espace et c’est peut-être aussi parce qu’on est des femmes voilà mais dans cet espace de réelle tolérance et de réelle honnêteté c’est-à-dire que on est capable de remettre en cause les choses on est capable d’essayer de se comprendre quand on est allé en Israël et en Palestine on a été mais confronté à chaque seconde ce voyage à nos intimes à nos représentations à nos imaginaires

moi en tant que Juive le rapport que je peux avoir avec avec Israël; j’avais jamais vu par exemple ce que pouvait ressentir l’émotion que pouvaient ressentir des femmes musulmanes en arrivant à Jérusalem, en arrivant sur l’esplanade des mosquées en allant prier à la mosquée Al Aqsa quand j’ai vu une des femmes de notre mouvement Mariétou qui est Sénégalaise, qui est pieuse enlever ses chaussures et dire qu’elle voulait que ses pieds touchent le sol de Jérusalem.

bah ça m’a ébranlé j’avais pas forcément vécu de manière aussi directe et compris l’importance que pouvait revêtir ce lieu symbolique fort pour elle et donc on est à la fois dans des débats politiques, dans cette dans ces combats politiques mais on est aussi dans ces rencontres humaines, dans ces expériences humaines qu’on vit ensemble et les Guerrières de la paix c’est un peu la rencontre entre les deux et c’est pas que la rencontre c’est-à-dire que ça part de là on parle de nos intimes on parle de nos expériences on parle de nos histoires pour créer justement un espace politique collectif

Un homme

Simplement oui l’importance du géopolitique c’est mais la plupart des gouvernements arabes ont considéré qu’une organisation de libération de la Palestine à l’époque quels que soient les critiques qu’on puisse formuler, il y avait expression diverses politiques ce qui n’a pas été le cas par exemple il n’y avait que le FLN en Algérie

il n’y avait que ceci et ils n’ont toujours et ils ne digéraient pas cela ils étaient simplement ; leur seule motivation on peut s’interroger si c’est un véritable soutien au peuple palestinen ; ils le méprisent le peuple palestinien c’était une haine contre Israël

donc je crois qu’à un moment donné toutes les institutions les partis politiques et autres alors là je suis un peu gêné de le dire parce que je suis un homme ; il me semble que les initiatives parce qu’il faut dépasser que le rationalisme ; les initiatives de terrain c’est ce qui manque dans tous les débats politiques même en France sur d’autres questions elles peuvent venir que des organisations telles que telles que comment l’association que vous avez créé

les Guerrières de la paix

voilà les Guerrières de la paix et le RAAR parce qu’on est au plus proche des réalités on réfléchit on parle avec nos tripes, avec notre cœur et que souvent les femmes aboutissent ou font avancer plus rapidement le schmilblick voilà ce que j’avais à dire

merci c’est vrai d’ailleurs que je regrette qu’on a pas plus parlé des femmes mais bon

Une femme

finalement juste une dernière une question si on peut dire je sors la du débat géopolitique et contextuel bon quand je vous entends Hanna et quand je vous ai vu place du châtelet la première fois et cetera j’ai tout de suite repensé à ma jeunesse, et au mouvement du MLF parce que vous êtes vraiment imprégné de ça je me trompe ? en tout cas je vous le dis notamment dans cette capacité justement à être dans le politique et l’émotionnel, d’être dans le respect, le souci et la recherche de l’expression des différences.

et non pas dans la parole brute voire brutale qui consiste à ce que un leader définisse un point de vue et que le reste du groupe, de la troupe suive et là bon nous avons connu ça avec les mouvements féministes nous avons été en guerre entre nous parce que nous n’avions pas forcément les mêmes ; nous n’étions pas penchés de la même fenêtre ; il y avait les bourgeoises il y avait les prolétaires ; il y avait les les femmes venues de l’étranger il y avait les Françaises de souche et compagnie

il y avait tout tout tout était là mais en tout cas il y avait dans le mouvement du MLF et vraiment je le défends de ce point de vue-là un souci extraordinaire et un allant, ce que dit Monsieur, extraordinaire vers l’ouverture à l’autre, aux autres et dans le souci du respect et de l’expression des différences

et là je pense que dans le conflit actuel on peut pas demander mieux comme arme

voilà donc je vous félicite

Hannah Assouline

merci

toute petite, une dernière et après alors il y avait un monsieur qui demandait tout à l’heure là-bas si si non ça m’a fait rire parce qu’il y a ma mère derrière et

Question d’un homme .. confus

Bonjour désolé je vais reposer revenir sur le conflit israel-palestinien j’avais une question juste pour préciser les termes que vous avez utilisé parce que je suis pas sûr les avoir bien compris

est-ce que j’ai bien entendu vous avez parlé d’Etat juif je voulais savoir si c’était une position de votre part parce que l’impression qu’on a quand même c’est que depuis 67 justement il y a plutôt un État binational qui mène une politique d’apartheid c’est-à-dire avec une majorité qui décide du sort de d’une minorité et donc est-ce que c’est une position de parler d’État juif sachant que parler d’État juif ça mène aussi à essentialiser le enfin créer un lien en tout cas entre tous les Juifs du monde et un Etat ce qui peut être également problématique et qui explique notamment d’après moi tous les actes antisémites qu’on a pu percevoir à just… enfin et qui sont extrêmement délétères pour la paix sociale dans notre pays par l’extrapolation de ce lien là

voilà je vis juste savoir si c’était une position ou c’était juste

Olia Maruani

entendu merci j’ai une question en retour est-ce qu’on a attendu 48 pour avoir des actes antisémites ?

L’homme

non non je veux pas relier les deux

Olia Maruani

c’est exactement ce que vous venez de faire

Hannah Assouline

Alors franchement comme dernière question ; on a eu un condensé ; enfin vous non mais c’est important que vous posiez ces questions parce que je pense qu’elles sont à la limite; enfin vraiment elles témoignent de beaucoup de confusions et historiques et sémantiques et qui aujourd’hui circulent dans nos milieux militants donc je pense que c’est important que vous posiez cette question ;

je vous avoue que j’ai pas compris le début de votre question quand vous me demandez État juif si c’est une position politique il me semble que la définition de l’État d’Israël c’est un foyer national juif donc ça n’est pas une position politique c’est la réalité telle qu’elle est aujourd’hui

../../../_images/israel_etat_juif.webp

https://fr.wikipedia.org/wiki/Isra%C3%ABl

qui par ailleurs est un Etat qui colonise et qui opprime un autre peuple et ce que je vous ai déjà enfin je vous ai déjà répondu sur le fait que nous dénoncions ça et que nous nous battions de manière concrète contre ça

donc est-ce que vous vous pensez qu’aujourd’hui il est admis qu’Israël est un Etat binational je ne crois pas d’ailleurs il y a beaucoup de militants qui se battent pour un Etat binational donc j’ai pas bien compris si vous voulez le début de votre de votre question

Quant à la deuxième partie de votre question je crois que Olia vous a répondu de manière très claire.

Je pense que cette idée de raison à l’antisémitisme est absolument insupportable

Je et on aurait peut-être eu l’occasion d’en parler mais je pense que cette idée de raison à l’antisémitisme est absolument insupportable

Penser que et c’est pour ça d’ailleurs que même le terme importation que j’ai longtemps utiliser moi-même aujourd’hui c’est un terme que je récuse c’est-à-dire que ce qui se joue depuis le 7 octobre et bien avant d’ailleurs

ce qui se nous explose encore une fois en pleine figure ça n’est absolument pas; je veux dire si demain il y a un cessez-le-feu et que la guerre s’arrête l’antisémitisme ne va pas disparaître dans notre pays et par ailleurs toutes les questions sur la concurrence victimaire, sur les Juifs qui contrôlent le monde, sur les Juifs privilégiés, sur les Juifs enfin je veux dire tout ce qui ce qui nous ce qui est là aujourd’hui mis en en miroir du conflit isralo-palestinen c’est des questions qu’on a depuis des années

moi je fais partie d’une génération qui a été mais fauchée par la période Dieudonné/Soral je veux dire ça n’avait strictement rien à voir avec les juifs et les musulmans enfin c’était voilà donc on est vraiment dans une voilà il faudrait beaucoup plus que les 2 minutes qui nous reste pour vous répondre mais avec plaisir pour

olia Olia Maruani on peut dénoncer l’instrumentalisation de l’antisémitisme ET l’antisémitisme

Ca empêche pas non plus de dénoncer l’instrumentalisation je veux dire c’est-à-dire que effectivement quand il y a quelqu’un du gouvernement Netanyahou qui arrive avec une étoile jaune à l’ONU c’est c’est dégueulasse et ça enfin je veux dire l’un n’empêche pas l’autre quoi sauf que ça été dénoncé

Hannah : les gens qui se battent contre l’instrumentalisation ne se battent que contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et ne sont jamais battus contre l’antisémitisme

oui non mais surtout le problème si tu veux moi ce que ce qui me pose problème avec cette histoire d’instrumentalisation c’est que en général les gens qui se battent contre l’instrumentalisation ne se battent que contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et ne sont jamais battus contre l’antisémitisme donc à un moment donné enfin je veux dire il faut être un tout petit peu cohérent dans ces combats quoi

et aujourd’hui on a quand même des gens qui sont les ‘spécialistes’ de la lutte contre l’instrumentalisation de l’antisémitisme et qui n’ont jamais un mot clair pour dénoncer l’antisémitisme , ni pour nommer les Juifs ni pour nommer les crimes qui sont commis sur les Juifs correctement donc je pense que ça

Olia

sauf pour les Juifs morts

(brouhaha)

voilà pas toujours mais d’ailleurs il y avait pas le mot juif dans le tweet tu dois partir alors on continue an va partir

mais on va mais on peut continuer le débat un truc elle va dire Madame demande la parole attends il a

Une femme

je voulais juste savoir comment on fait pour participer à votre mouvement je me suis inscrite ; comment on fait pour participer

Hannah Assouline : organisation prochaine d’une AG guerrières de la paix

On va organiser une dans pas longtemps vous allez recevoir si vous êtes inscrite vous allez recevoir toutes les infos là on a été un peu bousculé depuis depuis 4 mois donc c’était un peu le bordel pour être honnête mais tout va bien se structurer vous allez être informé de tout pour la suite et merci de vous être inscrite

Un homme

ça va être rapide d’abord je suis vraiment heureux que vous ayez créé ce mouvement avec des femmes palestiniennes parce que c’est vrai que le point de vue politique on l’entend oui je on y arrive le point de vue politique c’est indispensable mais le point de vue humain on ne peut pas s’abstraire du point de vue humain

moi ce qui m’a fait réagir après le 7 octobre c’est que je vais revenir enfin je vais pas donner de détails mais il y a eu des viols systématiques, massifs et donc et par ailleurs quand j’ai entendu l’Ayatollah Khamenei dire j’embrasse le front et les mains de ces enfants qui sont des résistants alors moi c’est la chose que il y a un moment où on ne peut pas admettre certaines choses et donc qualifiés de résistants des gens qui font cela, de tels actes il y a qu’un court circuit la tête quoi.

Philippe

Cher monsieur, moi aussi je pourrais faire un petit moi aussi je pourrais faire un cours de géopolitique et raconter et et parler du nationalisme arabe de comment dire de l’histoire de l’histoire des freres musulmans parce que bon nous avons on pourrait faire ça moi ce qui m’intéresserait aujourd’hui le grand absent de ce débat mais c’est la polarisation et comment dire dans notre des salariés enfin chez les salariés de notre pays et moi je suis sur la crête il dit effectivement puisque je suis militant syndical et dans mon travail et dans mon travail

oh et dans mon et demain matin j’ai conseil syndical et donc on va encore discuter de cette histoire là parce que effectivement vous l’avez dit Monsieur le 7 octobre pour le mouvement syndical et pour les salariés de ce pays et a été une catastrophe comment dire a été véritablement une catastrophe parce que dans mon travail par exemple bon je travaille j’ai je suis à la retraite mais je suis en contact avec de nombreux salariés musulmans et et quelques salariés Juifs puisque je mon ma profession était de travailler dans un une grande unité postale qui sont les centres de tri et je puis vous dire que depuis le 7 octobre, depuis Gaza on a une polarisation, a un ressentiment qui est tout à fait tout à fait important

et heureusement et tous les cadres tout comment dire de l’échelle concernant le comment dire la l’échelle hiérarchique du tous les tous les comment dire toutes les tous les strates strates hiérarchi tous les enfin dire tous les hiérarchie

toute la hiérarchie a été touchée et voilà donc nous comment dire nous avons c’est une énorme et donc je voudrais pas comment dire aggraver l’ambiance mais je crois que ce qui se passe en ce moment est extrêmement grave

et donc l’assignation, les assignations elles sont tout à fait insupportables on vous demande on vous somme en tant que militant départemental et en tant que militant dirigeant d’un syndicat on vous on vous somme de vous prononcer sur le conflit israëlo-palestinien et à un moment donné c’est extrêmement difficile et pour terminer c’est ça que je voulais te dire pour pas avant que tu partes

moi j’ai montré à mes camarades à des camarades musulmans des camarades des dirigeants le comment dire l’article qui a été fait sur libération ton portrait je veux dire regarde ça ; regarde ce qu’elle dit à propos de ta à propos de ta mezouzah et il m’a été dit j’étais on m’a, j’étais alpagué on m’a ; en disant quoi mais comment peux-tu oser comment peut-tu comparer ce qu’elle subit par rapport à ce que nous nous subissons comment dire depuis des années à ce qu’ont subi nos grands-parents nos parents et nous-mêmes c’est-à-dire le racisme la discrimination et cetera c’est la concurrence effectivement des violences, voilà.

hanna Hanna Asssouline conclusion

Merci Philippe, enfin non mais donc juste en conclusion pour répondre à ce que tu viens de dire sur cette histoire de concurrence qui à mon avis fait énormément de dégâts

enfin moi en tout cas je sais que c’est le truc que j’entends parce que j’ai fait aussi beaucoup d’interventions dans les classes et cetera et c’est vraiment cette idée que on parle plus de la souffrance des Juifs et cetera c’est juste pour répondre à ça ou parce que je dois vraiment y aller mais c’est vrai que ce qu’on affirme aussi et je crois que c’est aussi ce que vous affirmez ici c’est que non seulement on doit refuser cette mise en opposition et cette mise en concurrence que non seulement nos souffrances, nos mémoires, nos histoires ne s’annulent pas les unes les autres et ne se divisent pas les unes les autres

mais qu’en plus, plus on est uni ; enfin je ; qu’elles s’additionnent et que plus on est uni pour lutter face à ça plus on sera fort , plus on sera fort dans nos luttes et donc je crois que c’est vraiment là

tu finis quand même sur un point essentiel peut-être dans parmi les horizons à construire collectivement avec toutes nos associations c’est vraiment de se dire que nos combats se font écho et que ils se renforcent les uns les autres pourvu qu’on accepte d’être ensemble pour les mener

merci à tous.

Fin