2023-04-24 Réalités et masques de l’antisémitisme aujourd’hui en France Anne-Sophie Sebban Bécache (AJC) Table ronde n°1

donc nous allons maintenant entendre Anne-Sophie Sevan Bécache donc qui est directrice de l’American Jewish Committee à Paris qui est la plus ancienne organisation juive globale donc qui lutte non seulement contre l’antimitive mais contre les extrémistes les droits de l’homme qui défend pardon les droits de l’homme la paix au Moyen-Orient

Anne-Sophie et docteur en géopolitique spécialiste des relations donc entre Israël et l’Afrique et elle enseigne à Sciences Po Lille

Anne-Sophie Sebban Bécache, directrice de l’American Jewish Committee à Paris

merci beaucoup bonjour à toutes et à tous Tout d’abord je souhaitais remercier le sénateur Guy benaroche de nous accueillir aujourd’hui au Sénat je vous remercie également pour l’invitation à ce colloque car il est très important et je souhaite d’ailleurs à ce titre salut la démarche salutaire la détermination et la bonne volonté de Nadine erati avec qui j’ai le plaisir d’être en contact pour la préparation de cette journée alors comme vous l’avez dit je représente l’American the whish community en France qui avait été créé au début du 20e siècle par un groupe de juifs américains c’était donné pour mission de faire pression à l’époque sur l’administration américaine pour autoriser les émigrations venus d’Europe de l’Est à un moment aussi des pogromes contre les populations juives de ces états et donc l’ADN comme vous l’avez souligné de Lady depuis sa création et de considérer que la défense des communautés juives dans le monde va nécessairement de pair avec la défense des valeurs démocratiques et c’est de cette manière qu’on envisage au quotidien notre mission en matière de lutte contre l’antisémitisme nous luttons donc contre toutes les formes d’extrémisme de menaces contre la démocratie en même temps que nous luttons contre ce fléau de la haine des Juifs et nous voyons bien en France comme nous l’observons aux États-Unis que dès lors que nos spectre politiques se polarisent aux extrêmes l’antimisme prospère et se renforce sous toutes ses formes alors effectivement la question qui nous est posée ici celle des données et des statistiques dont on dispose en France sur le phénomène elle est intéressante parce que c’est en faisant le constat d’un manque en la matière qui est Lucie Paris a décidé et environ 10 ans de mener elle aussi des études des enquêtes d’opinion pour mesurer le phénomène en complément d’ailleurs de ce qui existe déjà bien sûr avec les enquêtes de la CNCDH alors pourquoi un manque en la matière parce que finalement les principales données et statistiques dont on dispose sont les chiffres bruts des actes antisémites que nous fournissent chaque année le ministère de l’Intérieur et le combiner avec les données du Service de protection des communautés juives pour l’année 2022 par exemple le nombre d’actes s’élève à 436 mais ces chiffres ne comptabilisent que les dépôts de plainte et ne représentent ainsi qu’une toute petite part émergée de l’iceberg et les chiffres de notre dernier enquête l’atteste d’ailleurs puisque sur toutes les personnes interrogées se déclarant victimes d’un acte antisémite 80% d’entre elles déclarent ne pas déposer plainte donc il nous a semblé essentiel de mesurer les perceptions et le ressenti des Français juifs et des Français dans leur ensemble face à cette question c’est l’objet donc de la radiographie de l’antimisme en France que nous menons en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique et l’institut de sondage Ifop c’est une enquête miroir dont je vais vous présenter les résultats principaux qui j’espère nourriront les débats tout au long de cette journée alors quel vécu antisémite justement pour les pour les Français juifs c’est un vécu majoritaire et qui touche les jeunes en particulier il faut savoir que 74% des répondants de confessions de culture juive que nous avons interrogé déclare avoir vécu au moins une fois au cours de leur vie un acte antisémite alors un acte antisémite ça va de la moquerie des obligeante à l’agression physique en passant par l’insulte la menace verbale il apparaît aussi très nettement dans notre étude que le port de signe distinctif et qui ne se limite pas d’ailleurs au port de la kippa mais à tous signe d’appartenance à la communauté juive comme le port d’une étoile de David autour du cou est un facteur de risque supplémentaire ainsi 70 % des personnes portant un signe distinctif déclare avoir déjà été l’objet d’insultantisémite et c’est encore plus brigand en concernant les agressions physiques puisque puisqu’on puisque c’est 39% de ces personnes qui ont déjà vécu une acquérition physique antisémite contre 13% pour l’ensemble des répondants et à cet égard je crois qu’il faut souligner une des spécificités de lancement France qui est la violence la violence est un marqueur fort de ce phénomène et dans les chiffres qui ne sont donnés cette année par le SPCJ on voit d’ailleurs toujours une majorité d’attente aux personnes par rapport aux attentes bien pour ce qui concerne les actes antisémites et une progression de 8% des agressions physiques et je crois que c’est à ce moment là qu’il faut rappeler tristement que nous déplorons depuis le début des années 2000 13 homicide antisémites et en 2022 ne serait-ce que pour cette année trois homicides ont été commis pour lesquels les enquêtes sont encore en cours et pour l’une d’entre elles le meurtre de Monsieur Hadjadj c’est octogénaire défenestrée par son voisin à Lyon la circonstance aggravante d’antisémitisme a été retenue à ce stade de l’enquête on marque on remarque comme je disais que les jeunes sont les plus touchés par l’intimitisme on note une moyenne des quarts de 10 points sur les différents types d’actes entre la catégorie 18-24 et les autres catégories d’âge et ce n’est pas sans impact là c’est important aussi de voir comment se vécu antisémite impacte le quotidien des Français juifs certains comportements sont intégrés nous l’avons observé dans notre étude avec ce qu’on a appelé les stratégies d’évitement adoptées par les Français juifs on évite certains styles vestimentaires plus d’un tiers des répondants 48% des personnes interrogées évitent de dire qu’elles sont juives dans une discussion et plus loin on a mesuré cette année le comportement des parents vis-à-vis de leurs enfants et ses 55 % des parents qui demandent à leurs enfants de ne pas porter de signes distinctifs et 45% de ne pas demande à leurs enfants de ne pas dire qu’ils sont juifs dans l’espace public on remarque aussi que lors des périodes de tension entre israélien et Palestiniens ces stratégies d’évitements atteignent un niveau plus élevé et 55% des Français juifs interrogés déclarent se sentir se sentir en plus grande insécurité lors de ces périodes ensuite j’en viens au lieu d’expérience antisémite où est-ce que ce vécu est expérimenté par les Français de confession et culture juive les résultats là sont assez frappant et signifiant et je pense qu’ils appellent une action publique renforcée en effet puisque parmi les personnes interrogées qui ont déjà été victimes dans 60% d’entre elles déclare l’avoir vécu à l’école ça ouvre tout un champ de réflexion c’est spectaculaire viennent en second lieu les réseaux sociaux à 42% et en miroir c’est intéressant de voir l’expérience des Français dans leur ensemble car quand on a demandé aux Français dans leur ensemble s’ils ont déjà vécu observés un phénomène une situation d’antisémitisme parmi les répondants qui ont dit oui c’est 46% qui disent la voir expérimenté sur les réseaux sociaux ça répond à l’expérience des Français juifs ensuite en troisième lieu on trouve l’environnement professionnel 41% et les halls d’immeubles 35%. alors je vais passer maintenant au second volet de notre étude celui de la mesure des préjugés au sein de la population française le constat là encore et sans appel on remarque une que les préjugés demeurent assez premenant au sein de la société sur tous les préjugés que nous avons testé les Juifs ont trop de pouvoir dans les médias entre de pouvoir dans la politique entre le pouvoir dans l’économie ce sont un quart à un tiers des Français qui les partagent alors ce niveau de préjugés il contraste effectivement avec un faible niveau d’antipathie vis-à-vis des Juifs et ça rejoint un peu le paradoxe souligné tout à l’heure par nona Meyer mais je crois qu’il faut peut-être aussi c’est peut-être pas tant que ça un paradoxe c’est à dire que je crois qu’il faut distinguer peut-être le fait d’éprouver de la sympathie ou de l’antipathie à l’égard d’un groupe et le fait d’avoir intégré à leur égard des préjugés finalement ce sont deux réalités qui sont pas forcément antinomiques et en particulier dans le cas de l’antisémitisme puisque en effet les stéréotypes véhiculées sur les Juifs sont très anciens ils sont transmis de génération en génération et sont quasiment adoptés je dirais spontanément naturellement peut-être même avec une certaine inconscience il y a une spécificité aussi des préjugés antisémites consiste souvent c’est de dire que finalement il recèle plus d’une d’un complexe de supériaux de supériorité pardon que d’un complexe d’antériorité pardon que d’un complexe de supériorité c’est à dire qu’on déteste les Juifs parce qu’on les considère comme exerçant un pouvoir de domination parce qu’on est jalouse et de cette manière là dit autrement on peut on peut penser que oui bien sûr les Juifs ont trop de pouvoir dans les médias mais c’est pas pour autant qu’on qu’on a à leur égard une antipathie particulière et je crois que c’est un point important puisque finalement cette persistance de l’antisémitisme elle va de pair avec la persistance d’une difficulté à l’appréhender soi-même pour soi-même à une incapacité individuelle à l’appréhender ensuite on a interrogé les Français sur les causes de l’antisémitisme alors ce qui est intéressant c’est que la haine la haine d’Israël apparaît pour les Français comme la première cause à 53%. vient ensuite l’idéologie islamiste à 48% le complotisme 37 % puis les idées d’extrême droite à 36% et enfin les idées d’extrême gauche alors je m’attarderai ici sur la question de l’antimisme liée à la Une d’Israël car c’est important je crois aujourd’hui de l’aborder en peut-être aussi répondant à ce qui a été dit tout à l’heure pour commencer à ouvrir le débat sur la notion de nouvelles ou d’anciens antisémitisme je crois que je crois que même quand Pierre-André tagieff parle de nouvelles vidéos phobies c’est plutôt l’idée de dire que l’antiémitisme lorsqu’il s’exprime à travers la haine d’Israël aujourd’hui c’est une manière de réactiver de réhabiliter des préjugés anciens il n’y a pas de pareil là je pense qu’il y a pas d’opposition forcément entre les deux et d’ailleurs on voit bien que et d’ailleurs ces préjugés là c’est antimisme là il n’est pas né non plus avec la création d’Israël la notion de complot juifs ou de compliionniste par exemple et bien plus ancienne que la création d’Israël le préjugé typiquement fait aux Juifs de double allégeance qu’on retrouve dans l’accusation en fait cerisa est un préjugé ancien qu’on applique aujourd’hui au sionisme et à l’attachement des Juifs à l’État d’Israël et donc sur cette antimitisme lié à la N d’Israël je trouve que c’est intéressant de souligner qu’on voit à la fois une progression sur la prise de conscience puisque les Français dans leur ensemble le considère la considère comme l’une des principales sinon la principale source d’antisémitisme aujourd’hui mais c’est en aspect qui est encore assez mal compris mal identifié en effet on a interrogé les Français sur la manière dont ils appréhendent ce phénomène en testant quelques-unes des illustrations proposées par la définition de travail de l’antimisme de l’IRAT adopté par la France et l’Union européenne et les résultats témoignent finalement sont intéressants parce qu’ils témoignent d’une ignorance ou en tout cas d’une confusion d’une incompréhension sur le sujet on trouve ainsi autant de français considérant légitime le fait d’accuser tous les Juifs d’être responsable de la politique d’Israël 33% que de français considérant que cela relève d’une opinion antisémite 34% ou de Français qui ne savent pas en gros la confusion la confusion règne alors j’aimerais ensuite en venir à la question qui qui nous intéresse aussi de savoir qui sont les antisémites peut-on dresser les profils des antisémites en France alors parce qu’à l’eau une des résultats que je viens de vous présenter on a tendance effectivement à penser que l’antimisme est assez répandue qu’il est reconnu d’ailleurs comme tel comme étant un phénomène répandu par la majorité des Français mais on constate qu’il est assez difficile encore d’identifier les antisémites alors d’abord ce qui est intéressant dans les résultats de notre enquête c’est de voir que les résultats finalement affirment plutôt l’hypothèse d’un antisémitisme amputable a des raisons socio-économiques puisque le niveau des préjugés général et assez et aussi élevé parmi les cadres les diplômés que parmi les couches plus populaires de la même manière on n’a pas observé de différence spécifiques en fonction des pays d’origine on a néanmoins identifié des poches de la société française dont il ressort qu’elles sont plus poreuses à certains préjugés que la moyenne de la population française ont des notes notamment une diffusion des préjugés antisémites plus répandus à l’extrême droite et à l’extrême gauche alors commençons par par l’extrême gauche l’affirmation selon laquelle les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et partager par 33% des répondants au sein de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon et 34 % des proches de la France insoumise contre 26% pour l’ensemble de la population on retrouve aussi à l’extrême gauche une prévenance particulière des préjugés liés à la mdrale sur cette question de la confusion avec les exemples de la définition de travail déjà sur l’image d’Israël ça a été cité aussi tout à l’heure alors que seulement 22% des Français ont une mauvaise image d’Israël les répondants se déclarant proche de la France insoumise sont sensiblement plus nombreux ces 38% ils sont plus nombreux 30% donc du simple double par rapport à la moyenne nationale a considérer qu’utiliser les vieux préjugés antisémites pour désigner les Israéliens deviennent relèvent d’une critique légitime ils sont enfin 43% contre 30% dans l’ensemble des Français a considéré qu’accuser les Juifs d’être responsable de la politique d’Israël est une critique légitime c’est ce sont des résultats à méditer mais je dois dire puisqu’on est dans ce colloque du parti ELV que s’agissant des sympathisants du parti Europe écologique les Verts on ne retrouve pas du tout ce même type de résultat au contraire d’ailleurs les sympathisants du parti ulvé sont parfois plus à même que la moyenne nationale a identifier les préjugés antisémites et Allen d’Israël et partage et le niveau de préjugés est proche de celui de la moyenne nationale néanmoins puisque nous sommes ici pour pour se dire un peu les choses je me permettrai de faire un petit commentaire avec toute la bienveillance possible et d’interpeller du coup non pas les militants mais plutôt les leaders du parti sur une prise de position récente et d’interroger pas plus tard qu’hier ELV a donc publié un communiqué sur un incident qui s’est déroulé il y a quelques jours à le HES qui implique la participation de militants de l’UEF à une conférence organisée autour de salamoui alors je ne m’attarderai pas du tout sur sur la question de Salé à mourir c’est pas l’objet du de la discussion aujourd’hui mais souhaiterait simplement alerter sur l’utilisation des termes dans ce communiqué qui dénote qui pourrait nourrir qui au moins pourraient nourrir la confusion sinon entretenir certains préjugés on parle je cite d’associations communautaire au pluriel défendant la politique coloniale israélienne alors j’aimerais juste poser la question qui sont ces associations communautaires au pluriel et de quel droit les accuse-t-on de défendre je cite la politique coloniale d’Israël voilà j’aimerais simplement alerter que sur ce genre de formulation qui peut instiller la suspicion et l’interrogation donc je m’en tiendrai là pour pour ce commentaire j’en passe à l’extrême droite où on retrouve des porosités donc plus importantes deux minutes des plus importantes que sur la moyenne nationale sur les préjugés antisémites pareil l’affirmation sur laquelle les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie de la finance et partager par 39% de l’électorat de Marine Le Pen et 33% des proches du rassemblement national c’est là encore beaucoup plus bien plus important que la moyenne nationale alors à noter que ce chiffre est en léger recul par rapport à la question qu’on avait la même question qu’on avait posé en 2014 mais je crois qu’il ne faut pas du tout s’en réjouir car au contraire il faut y voir la conjonction d’un double phénomène celui de l’extrême droitisation de la société française et une conséquence des opérations gérée d’une normalisation auprès d’un plus large public électoral essayer ces dernières années par le rassemblement national enfin je serai pas plus longue en identifie une troisième poche significative elle a été citée tout à l’heure également par nosameyer ce sont les Français de confession et de culture musulmane chez qui on observe une adhésion auprès de géantisémite plus importante que la moyenne nationale quand on parlait tout à l’heure du niveau d’antipathie assez faible au sein de la population générale il est trois fois plus élevé chez les Français de confession de culture musulmane l’idée d’une main mise des Juifs sur les médias sur l’économie et partager à 54% et 51% par les Français de conf une culture musulmane interrogée c’est une différence de 27 à 30 points par rapport à la moyenne nationale mais j’aimerais souligner un écart générationnel qui est très intéressant et je crois très encourageant puisque c’est c’est préjugés sont bien moins partagés par la catégorie 18-24 ans que par les catégories plus âgées c’est une différence de 20 points sur chacun de ces préjugés je crois que c’est intéressant de de le souligner j’aurais d’autres éléments avancer mais je les garde pour le débat je conclurai en vous disant que si ce type d’études n’épuise évidemment pas le sujet elle permet au moins d’éclairer et le phénomène est en ce sens elle est essentielle je pense que c’est statistique doivent servir à mieux guider l’action publique et l’action politique celle de la société civile en matière de lutte contre antiémitisme elle doit permettre de prendre la mesure de l’ampleur du phénomène et de son impact sur les Français de confessions de culture juive elle doit permettre de mieux cibler notre action là où se trouve les enjeux majeurs je pense à l’école aux réseaux sociaux elle doit permettre de mieux cibler les antisémites là où il se trouve et de redoubler nos efforts là où le sujet est encore très mal compris je pense en particulier aux difficultés appréhender l’antisémitisme lorsqu’il est lié à la haine d’Israël et je vous remercie bien merci beaucoup