2023-04-24 Réalités et masques de l’antisémitisme aujourd’hui en France Juliette Duplanil-Weill Table ronde n°1

donc nous allons maintenant entendre Anne-Sophie Sevan Bécache donc qui est directrice de l’American Jewish Committee à Paris qui est la plus ancienne organisation juive globale donc qui lutte non seulement contre l’antimitive mais contre les extrémistes les droits de l’homme qui défend pardon les droits de l’homme la paix au Moyen-Orient

Anne-Sophie et docteur en géopolitique spécialiste des relations donc entre Israël et l’Afrique et elle enseigne à Sciences Po Lille

Juliette Duplanil-Weill

bien merci beaucoup donc nous allons entendre à présent Juliette Duplanil-Weill pour le CRIF

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il manque toute la présenttation du CRIF !

la lutte contre l’antisémitisme est au coeur de notre mission ce qui suppose d’être en vigilance constante mais aussi d’être en mesure d’alerter de faire remonter nos inquiétudes nos analyses au pouvoir public aux élus ou aux interlocuteurs de la société civile donc nous sommes particulièrement heureux de pouvoir apporter notre point de vue aujourd’hui devant vous pour la première fois je commencerai avec un chiffre en France 60% des actes anti-religieux sont commis contre des Juifs alors que ces derniers représentent moins de 1% de la population française on le voit l’antisémitisme n’est pas un mythe c’est une réalité qui appelle des réponses et qui nécessitent une attention particulière parler de l’antisémitisme c’est aborder un phénomène complexe avec de nombreuses spécificités et une histoire très ancienne ce qu’il faut comprendre c’est que l’antisémitisme n’est pas un problème uniquement pour les Juifs mais bien pour l’ensemble de la population parce qu’il génère de la violence et de la haine parce qu’il crée un sentiment de rejet et d’exclusion au sein de la population ce qui va à l’encontre des principes de d’unité et de concorde républicaine parce qu’il est comme il a été au cours de l’histoire annonciateur de nombreux autres mots et qu’il est en somme une forme d’indicateur ou de révélateur de l’état de notre démocratie si on regarde l’actualité politique et parlementaire au Sénat bien sûr mais aussi à l’Assemblée nationale on se rend bien compte que à quel point pardon l’antisémitisme peut faire l’objet de réflexion de débats d’échanges de crispation rarement une semaine ne passe sans une question au gouvernement sans un nouveau projet de loi sans une intervention en séance publique sans une polémique sur les réseaux sociaux ce qui peut à la fois nous rassurer sur l’intérêt gagné par le sujet mais aussi nous inquiéter en laissant penser soit à une possible prise d’otages politiques ou à une résurgence alors justement quel est l’état réel de la menace aujourd’hui pour ce qui concerne les actes antisémites comme l’a dit Anne-Sophie tout à l’heure ils sont mesurés grâce à un travail statistique qui est effectué par le Service de Protection de la communauté juive le SPCJ en lien avec le ministère de l’Intérieur qui publie chaque année un rapport ce rapport aujourd’hui nous permet de d’évaluer la réalité de l’antisémitisme en France c’est c’est les chiffres les plus précis dont on dispose à ce jour concernant les actes commis pourtant il faut préciser que les chiffres ne tiennent compte que des dépôts de plainte enregistrées dans les commissariats et offre donc une sous-représentation de la réalité néanmoins on a quand même une idée grâce à ses rapports de la tendance générale dans les années 90 on recensé quelques dizaines d’actes commis chaque année depuis environ 20 ans ce nombre a été multiplié par 10 pour atteindre quelques centaines d’actes donc en 2022 on en a recensé 436 ce qui se situe dans la moyenne des deux dernières décennies parmi les actes nous avons un peu moins de la moitié qui concerne les atteintes au bien et l’autre moitié qui concerne les atteintes aux personnes sans vouloir trop répéter je rejoins là aussi Anne-Sophie la particularité de l’antisémitisme c’est que les actes commis sont de nature particulièrement violentes qu’il s’agisse d’agression ou pire ainsi depuis le début des années 2000 13 meurtres ont été qualifiés d’antisémites donc c’est ce qui convient de garder en tête c’est que l’antisémitisme n’est pas tout à fait une discrimination comme une autre c’est quand même une discrimination qui qui tue un autre aspect à mesurer et celui de l’antisémitisme sur les réseaux sociaux pour cela le cri fait un observatoire de l’antisémitisme en ligne les derniers chiffres remontent à 2020 ils portent sur l’année 2019 ils indiquent 51816 contenus antisémites là encore un reflet très limité de la réalité qu’on suppose aussi bien plus important qu’être années plus tard au-delà de l’aspect quantitatif l’antisémitisme connaît également une évolution de ces formes on est face à un phénomène en mouvement en mutation permanente avec des formes qui se démultiplient et qui se croisent il y a et cela a été dit des formes traditionnelles qui concernent la place des Juifs dans la société dans les médias dans la politique ou dans la finance c’est qu’on peut constater et mesurer à travers l’adhésion au préjugés il y a aussi des formes nouvelles parmi lesquelles on peut citer le complotisme qui a été particulièrement visible durant la crise sanitaire avec l’apparition de de thèses ou de slogans comme le fameux Mickey d’autres formes nouvelles de l’antisémitisme comprennent l’islamisme mais aussi la N d’Israël c’est un vrai défi pour nous de démontrer le lien qui existe entre l’antisionisme et l’antisémitisme il y a souvent une confusion à ce sujet que je voudrais clarifier on n’est pas en train de d’empêcher la critique d’une politique menée par un gouvernement mais de démontrer que la haine des Juifs sous tend bien souvent la haine d’Israël en France dans notre pays les périodes de passage à l’acte concordent avec les moments de tension au Proche-Orient on voit aussi que plusieurs actes terroristes qui ont été commis sur des Français juifs ont été justifiés au nom du peuple palestinien il y a quelques jours en Allemagne à l’occasion d’un rassemblement pro palestinien des manifestants en scandait mort aux Juifs donc c’est quelque chose qui a aussi été entendu en France il y a quelques années qui a une part indéniable d’antisémitisme dans l’antisionisme et il est de notre responsabilité de le reconnaître nous sommes donc face à un phénomène protéiforme difficile à mesurer difficile aussi à définir la définition de liashera qui a été adoptée à la fois par l’Assemblée nationale et par le Sénat Palise cette confusion mais n’y remédie pas totalement effectivement de nos jours il est beaucoup plus difficile de se montrer ouvertement antisémite l’antisémitisme est rarement explicite il avance masqué il joue sur les mots il joue sur les ambiguïtés et il est donc plus difficile à démontrer pour pouvoir remédier à cela il y a deux aspects qui nous paraissent essentiels le premier c’est d’améliorer la connaissance des citoyens français à ce sujet récemment le cri face a réalisé une étude avec Ipsos sur la connaissance du monde juif du monde juif par les Français cette enquête révèle notamment que 85% des interrogés n’ont pas de personnes juives dans leur entourage diverses questions basiques ont été posées autour du monde juif pour chacune seule 20 à 30% des sondés étaient capables d’y répondre justement il y a donc une urgence à lutter contre cette méconnaissance qui entraîne de fait une plus grande adhésion au préjugés cela passe par un travail d’éducation de formation de pédagogie mais aussi de débats de dialogue de décryptage le deuxième aspect et je conclurai avec ça il concerne une prise de conscience celle de la responsabilité que chacun d’entre nous portons que nous soyons élus militants ou citoyen face à un acte face à un discours face à un propos ou un tweet antisémite il est absolument nécessaire d’être capable pas seulement de reconnaître mais aussi de dénoncer de faire preuve de clarté et de ne pas laisser la moindre équivoque subsister dans les esprits je viens d’expliquer que l’antisémitisme se caractérisait à la fois par sa nature violente mais aussi par sa nature complexe agile et multiples lutter contre l’antisémitisme exige donc une amélioration des connaissances sur le sujet qui permet justement de saisir cette nature et d’en repérer les différents modes d’expression ainsi qu’une posture plus ferme une journée comme celle-ci est donc essentielle pour pouvoir avancer dans ce sens et je vous remercie de m’avoir écouté [Applaudissements]