2023-04-24 Enseigner, informer, surveiller : quelles armes pour lutter contre l’antisémitisme Table ronde n°2

Table ronde n°2 Enseigner, informer, surveiller : quelles armes pour lutter contre l’antisémitisme ?

Léa Hanoune, porte-parole de l’Union des Étudiants Juifs de France, membre exécutif de l’UEJF

donc Léa Hanoun donc de l’UEJF je vous donne la parole merci beaucoup merci Nadine et merci à Monsieur Guy benaroche et à tout le monde pour l’organisation de cette journée nous saluons vraiment cette initiative donc merci de me donner la parole alors on l’a vu l’antisémitisme on en parle souvent mais il y a parfois un problème on a du mal à en percevoir la réalité à réaliser concrètement ce que ça implique alors je voulais vous parler d’abord moi de l’antisémitisme à l’école il y a quelques mois après des menaces à l’encontre d’un professeur juif d’Avry Courcouronnes vous devez vous rappeler sûrement de cet événement nous nous avons reçu à l’UEJF de nombreux témoignages d’élèves juifs qui ont été victimes d’antisémitisme à l’école alors plutôt que de longs discours je voulais vous en lire quelques-uns pour leur donner la parole d’abord Maxime collégien en région parisienne de 2013 à 2017 victime de la 6ème à la troisième dans mon collège ZEP en région parisienne seul Juif sur millénaires j’ai subi diverses violences physiques et surtout verbales discriminatoire tels des crachats au visage mise à l’écart de ma classe ricanement moque riant tout genre sur mon faciès mon nez surtout étranglement tabassage gratuit pendant les pauses déjeuners à la permanence en récréation une croix gammée a été peinte dans mon vestiaire d’école par des camarades de ma classe sous cette croix était écrit à mort Maxime Le Juif après signalement le mur a été repeint dans la journée pour ne pas ébruiter l’affaire un autre témoignage de Clara qui était élève au lycée Hélène Boucher de 2013 à 2016 à Paris j’étais dans un très bon lycée parisien quand on a abordé en histoire les conflits au Moyen-Orient Israël a été évoquée la grande majorité des élèves s’est levé ils ont commencé à hurler Israël et ta terroriste à bail Israël on était 2 juifs dans ma classe face à 35 élèves qui criait sauf mes amis proches j’ai ressenti en profond sentiment de malaise comme si je devais me justifier mais à l’époque je n’avais pas assez de personnalité pour m’affirmer et le prof n’a rien dit il a laissé faire enfin un témoignage de Benjamin qui était élève au collège Jean de La Fontaine à saint-avoy deux élèves me prenaient à part tous les matins et me mettaient des gifles en me traitant de sale juif vers la fin du collège j’étais accueilli régulièrement par un petit groupe d’élèves qui me faisait des quenelles ce genre d’événements était devenu la routine et malheureusement je préférais les terres et les ignorer plutôt que de réagir mais ce qui m’a le plus choqué c’est qu’après un cours à propos de l’Affiche rouge un groupe d’élèves avait tagué mon casier du mot juif et d’une croix gammée mes amis proches m’avaient poussé à les témoigner j’ai le principal pour qu’il y ait des sanctions et une fois dans son bureau accompagné de mes amis celui-ci nous avait répondu qu’il ne pouvait rien faire et m’avait invité si je le souhaitais a demandé à ce que l’on repeigne mon casier alors qu’est-ce qu’on retire de ces témoignages si ce n’est de l’effroi je pense c’est d’abord une omniprésence des préjugés antisémites à l’école le Juif est riche le juif et puissant parce qu’on a encore des dizaines de témoignages similaires les juifs contre les médias il y a aussi une assimilation du juif à Israël et ce qu’on a contacté c’est ce qu’on a constaté pardon c’est que ces préjugés étaient beaucoup liés aux réseaux sociaux et étaient véhiculés beaucoup sur les réseaux sociaux et notamment sur TiK ToK on en a on a évoqué rapidement tout à l’heure mais il y a un exemple qui est assez frappant c’est celui des dragons célestes sur Tik Tok c’est en fait un personnage de manga et dans l’univers de ce manga le dragon céleste et dépeint comme un personnage qui a beaucoup de pouvoirs qui contrôle le monde qui est un complexe de supériorité et aujourd’hui sur Tik Tok dans de nombreuses vidéos pour contourner l’algorithme on utilise Dragon Céleste plutôt que le mot Ju donc c’est aussi d’autres codes mais toujours les mêmes préjugés qui sont véhiculés ensuite ce qu’on constate dans les témoignages c’est que souvent la majorité du temps même l’administration ne réagit pas ou ne réagit pas assez face à l’antisémitisme il y a une sorte de politique de pas de vagues on repeint les casiers pour ne pas que ça se voit on donne une heure de colle pas si par-ci par là on incite aussi les parents à ne pas porter plainte de peur que l’établissement soit impliqué dans cette affaire et on nie aussi l’antisémitisme résultat les élèves Juifs quittent les écoles publiques ils fuient même on a entendu ces mots et leur bourreau très rarement alors nous ce qu’on fait à l’UEF pour lutter contre ça quelles sont les armes qu’on utilise c’est d’abord la lutte contre les préjugés on a des militants de lejf qui vont tous les jours dans les collèges et les lycées avec un collectif d’associations qui s’appelle coexistent et avec d’autres militants SOS Racisme de la FAGE ils vont dans les collèges et les lycées pour déconstruire les préjugés c’est un programme qui a été conçu par une psychanalyste et une sociologue judithme sola les Joël Bordet et ça permet vraiment de discuter avec les élèves de leur préjugés on se rend compte qu’il y en a énormément pas seulement sur les Juifs évidemment et ça ça participe à la lutte contre le racisme l’antisémitisme le sexisme la haine entière LGBT et toutes les formes de haine une autre arme c’est la lutte contre la haine sur Internet et ça c’est très important on a parlé de Tik Tok mais les plateformes ont une responsabilité très très importantes dans le développement des préjugés antisémites nous on est actuellement enfin on vient de gagner un procès contre Twitter avec le Gief puisque nombreux de nos militants avaient réalisé un testing c’est à dire qu’ils avaient repéré des contenus haineux sur Twitter les avaient signalés et en fait on remarque que Twitter soit ne supprime pas ses contenus soit les supprime après plusieurs jours ce qui contribue à véhiculer le préjugé la haine la violence et en ce sens les plateformes ont vraiment un rôle à jouer et une responsabilité très importante enfin la troisième arme qu’on utilise c’est qu’on essaie de réparer le lien social entre eux élèves juifs et non juif mise à mal par la fuite des des élèves juives de l’école publique et en fait on constate qu’il y a beaucoup d’élèves non juifs qui n’ont jamais rencontré de Juifs et de nombreux élèves juifs qui n’ont jamais rencontré non juifs ce qui contribue à la méconnaissance de l’autre et donc à la propagation des préjugés et j’ai un exemple en tête c’est celui d’Aubervilliers on organise régulièrement des rencontres de médiation interculturelle notamment à l’école schneor qui est une école juive et en fait on voit des gènes qui habitent dans la même ville souvent dans le même quartier qui se croisent sûrement tous les jours mais qui ne se sont jamais parlés qui ont des préjugés les uns sur les autres et c’est formidable de voir ce que finalement simplement des échanges un dialogue ce à quoi ça peut mener maintenant je voulais vous parler de l’enseignement supérieur qui est évidemment le coeur de nos combats dans l’enseignement supérieur il y a évidemment un danger qui est énorme c’est celui de l’extrême droite il est grandissant pour les Juifs il dangereux pour les Juifs et pour de nombreuses étudiants évidemment et on constate que malheureusement l’extrême droite gagne du terrain [Musique] [Musique] [Musique] [Musique] dans la société et évidemment à l’université et le JF est à l’avant-garde aussi avec avec d’autres d’autres organisations de ce combat il y a ensuite un autre type d’antisémitisme de je dirais à l’université qui est l’antisémitisme du quotidien qui fait beaucoup souffrir les étudiants et qui s’exprime sous trois formes d’abord les préjugés ils existent à l’école ils existent évidemment toujours dans l’enseignement supérieur et les élèves Juifs en sont toujours victimes il y a aussi une banalisation de la Shoah de nombreuses blagues qui sont faites sur la Shoah et qui peuvent être extrêmement blessantes pour les étudiants juifs à l’université et enfin une troisième expression de cette antisémitisme du quotidien qui est celui de l’importation haineuse du conflit israélo-palestinien on rend en fait les étudiants juifs comptables presque responsable de la politique israélienne et il se retrouve malgré eux représentant d’un gouvernement on l’a entendu quand même dans le témoignage que je vous ai lu tout à l’heure et à l’université c’est très très présent notamment quand il y a des événements en Israël ou dans les territoires palestiniens et sur ce dernier aspect il y a une responsabilité particulière de tous les syndicats et les partis politiques qui doivent prendre le sujet en main mais notamment des syndicats et partis politiques d’extrême gauche dans le monde étudiant qui joue malheureusement parfois le jeu de cette importation est noces du conflit alors pour lutter contre contre cela il faut créer du lien du dialogue avec ses syndicats et faire de la pédagogie sur Israël et sur le sionisme parce que ce sont des termes dévoyés et ça contribue à l’importation de la haine par exemple nous ce qu’on fait à lieujiève c’est qu’on organise des voyages de la mémoire en Pologne avec beaucoup de syndicats étudiants de tous les partis politiques on organise aussi des voyages au Proche-Orient et c’est vrai que quand on se rend sur le terrain quand on parle d’histoire quand on apprend quand on discute ensemble et qu’on passe du temps avec différents organisations et bien on aborde la question du conflit israélo-palestinien différemment quand on a discuté avec des Israéliens quand on a discuté avec des Palestiniens quand on peut dire moi j’y suis allé et ça vaut pour tout le monde et bien ça apaise les débats on prend du recul et on peut enfin dialoguer surtout ça permet de responsabiliser certaines organisations certains syndicats étudiants tel ou telle déclaration ou telle ou telle action qu’ils peuvent faire suite à un événement qui s’est passé en Israël par exemple et essayer de se rendre compte de l’impact que ça peut avoir sur les étudiants juifs est-ce que telle communiquer est-ce que tel terme est antisémite est-ce que ça va heurter des étudiants est-ce que ça va contribuer à propager la haine est-ce que ça va contribuer à des actes violents et ça c’est crucial ça permet aussi de les conscientiser et de lutter ensemble contre l’antisémitisme et enfin et ça de manière générale madame matarbonetti vous en avez parlé mais les réactions de l’administration et le rôle des administrations des universités et très très important il y a eu la création effectivement d’essai référents racismes et antisémitisme qui est crucial mais malheureusement il y a un manque de stratégie globale d’action sur ce sujet il y a un manque de visibilité de ces références je pense une je pense à une étudiante lilloise qui me montrait la semaine dernière encore des propos antisémites qu’elle avait reçu sur le groupe Facebook de sa classe et lorsque je lui ai dit fais-en pas à ton référent ou ta référence racisme antisémitisme elle m’a dit je ne sais pas qui c’est et même sur le site de l’université je ne sais je n’arrive pas à voir qui c’est donc il faut que j’administrations je me dépêche à 13h il faut qu’on arrête ok donc il faut que les administrations condamnent il faut aussi beaucoup de formations sur le modèle je dirais des violences sexuelles et sexistes et ça les administrations doivent le prendre en main et ça c’est aussi possible avec des étudiants avec des syndicats sensibilisés au sujet qui sont au sein des conseils d’administration et au sein des conseils de la vie étudiante merci beaucoup un grand merci c’était passionnant encore une fois