2023-04-24 L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux Table ronde n°3

Table ronde n°3 L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux

merci Benoît de ta patience

Benoît Drouot Vice-président de l’association ALARMER, Membre du cabinet du recteur de l’académie de Dijon

je remercie les organisateurs de cette journée je suis ravie d’intervenir dans ce contexte bon pour me présenter je ne vais pas aller au-delà de ce qui est inscrit ça ça va me permettre de gagner un petit peu de un petit peu de temps je vais essayer de ramasser mon propos pour qu’on puisse finir dans les temps

moi j’interviens sur la question de l’enseignement j’y interviens le titre d’abord parce que je suis moi-même enseignant donc je suis un praticien de ce sujet et puis parce que je réfléchis dans le cadre de l’association à l’armée évoqué ce matin par un par Marianne matinbonucci alors en introduction je voudrais souligner un paradoxe qui a déjà été en partie ce matin souligné à savoir la permanence ou recrudescence de l’antisémitisme aujourd’hui en France des paroles et des et des actes et le fait que pourtant pourtant ce sujet l’école s’en saisit depuis maintenant 40 ans alors je reviendrai sur ce qui est Elisabeth ce matin je sais pas si elle est encore là quand elle est Inter bienvenue pour dire que l’école ne faisait rien sur la lutte contre l’antisémitisme c’est pas tout à fait exact en revanche ce jeu ce dont je vais discuter c’est la manière de faire donc toujours est-il que ça fait 40 ans que l’école s’est saisi de cette question et on voit que les choses ne portent pas suffisamment aujourd’hui c’est pourquoi je vais si vous pouvez passer le slide suivant je vais proposer essayer de formuler quelques pistes de renouvellement dans l’enseignement pour lutter contre l’antisémitisme en commençant par faire un état des lieux je vais pouvoir aller assez vite sur cet état des lieux l’histoire reprise du devoir de mémoire puisque un certain nombre de choses ont déjà été évoquées au cours de la de la matinée aujourd’hui l’antisémitisme est abordé si vous pouvez passer le slide suivant s’il vous plaît voilà l’antisémitisme est abordé aujourd’hui dans les programmes de lycée je vais me concentrer sur le lycée et le lycée général faute de temps mais les conclusions qu’on peut tirer des programmes du lycée général on pourrait les étendre aux autres filières du lycée donc actuellement dans programme l’antisémitisme est abordé en Première et en terminale alors en première il l’est vous voyez j’ai surligné en jaune par un point sur l’affaire Dreyfus alors je dis bien un point sur l’affaire dreuse parce que j’ai volontairement laissé les temps imparti aux questions vous voyez que l’affaire Dreyfus elle est dans un chapitre 1 qui lui-même est dans un thème 3ème 3 qui a trois chapitres à traiter en 11h donc en réalité soyons sérieux on étudie pas l’affaire dreufus on évoque l’affaire Dreyfus si on veut respecter évidemment les les programmes ensuite slide suivant s’il vous plaît on aborde également la question de l’antisémitisme ensuite en terminale dans le témoin chapitre 2 où il est question du régime nazi allemand vous le voyez il y a un point un focus qui peut être fait sur la nuit de Cristal slide suivante s’il vous plaît et puis ensuite on évoque toujours en terminale la Shoah vous voyez dans un très vaste chapitre qui porte sur la Seconde Guerre mondiale il y a pas un chapitre il n’y a plus en tout cas ça existait mais ça vient depuis le cas aujourd’hui il n’y a plus un chapitre spécifique pour aborder la Shoah cette question est noyée dans un chapitre plus large et un chapitre qui comprend également la France occupation collaboration régime de Vichy si on respecte les programmes j’attire votre attention sur le fait que tout ce que vous voyez là il faut le faire en trois quatre heures de cours trois quatre heures de cours et une heure de cours il faut pas se leurrer c’est 50 minutes de cours en fait il faut il faut être dans la réalité d’une salle de classe il faut faire l’appel et ensuite il faut expliquer des mots parfois des mots de vocabulaire il faut faire un petit peu de méthodologie expliquer comment on fait une dissertation etc donc en réalité ces questions là on ne peut pas vraiment les étudier si on respecte les programmes on ne peut effectivement là que les évoqués alors je rejoins je rejoins ce qui a dit Elisabeth ce matin je suis assez d’accord avec elle il est vrai qu’avec ce que vous venez de voir là l’affaire Dreyfus la Shoah Vichy on ne traite pas vraiment de l’antisémitisme c’est juste on traite plutôt des conséquences des effets de lentilles sémitisme pas de l’antisémitisme lui-même pas du phénomène on ne traite pas de ces ressorts on ne traite pas de ses causes on ne traite pas de ses racines on tresse de ses conséquences et uniquement les conséquences au 20e siècle c’est-à-dire très largement les conséquences paroxystiques de l’antisémitisme c’est-à-dire notamment la Shoah ce qui veut dire qu’en réalité on ne traite qu’une partie de la judéophobie c’est la vidéo phobique quelqu’un l’a évoqué ce matin je crois racialiste d’extrême droite qui émergent au 19e siècle alors les raisons de la manière d’approcher les choses comme cela dans les programmes elle tient dans l’expression que vous avez sur ces deux couvertures le devoir de mémoire qui à partir des années 80-90 est devenu le paradigme autour duquel à partir duquel on s’est saisi à l’école de l’affaire de l’antisémitisme et c’était sans doute très bien il s’agit pas ici de dire que on s’est trompé qu’on a fait une erreur c’est absolument pas le problème ça correspond à un contexte il s’agissait de se souvenir pour que les choses ne se reproduisent pas de de la même manière et au-delà de la question seule de l’antisémitisme le devoir de mémoire est devenu dans les années 90 un impératif civique dont l’école devait se saisir pour créer chez les jeunes un esprit de tolérance mais pas uniquement vis-à-vis des Juifs mais qui devait permettre de lutter contre toutes les formes de contre toutes les formes de racisme voilà et on a pensé il a encore il s’agit pas pour moi de dire qu’on s’est trompé qu’on a eu tort et que je vais vous proposer tout à l’heure des solutions qui sont bien meilleures mais il s’agit de constater que on est 30 40 ans après ce paradigme qui s’est imposé et comme on l’a dit l’antisémitisme ne recule pas y compris chez les jeunes générations mais à l’époque on partait du principe que le fait que les jeunes se souviennent de la Shoah ça leur ça leur les inciterait être tolérants avec les différences slide suivante s’il vous plaît donc je vais vous proposer maintenant un petit point sur les limites de l’approche mémorielles trois limites à évoqué avec vous ici d’abord vous le voyez avec le titre de cet ouvrage à quoi servent les politiques de mémoire depuis quelques temps maintenant des chercheurs s’interrogent sur l’impact réel des politiques de mémoire maintenant on a suffisamment de recul pour pouvoir mesurer cela et la conclusion du livre que je vous montre ici qui est de Sarah gamesburger et Sandrine le France et qu’il n’existe pas de corrélation directe entre politique de mémoire et attitude de tolérance je vous invite à prendre connaissance de ce livre qui est d’un accès très très simple et qui est et qui est relativement bref leur conclusion c’est que l’injonction au plus jamais ça parce que c’est cela qui avait derrière le paradigme mémorial c’est plus jamais ça ça ne marche pas en fait ça ne modifie pas fondamentalement les comportements des individus et en particulier des jeunes parce que comme l’a dit Marianne mater monucci c’est ce paradigme mémorial a été associé à l’émotion mais l’émotion ne fait pas une politique et l’émotion ne modifie pas fondamentalement des comportements des individus ça a un impact sur le coup ponctuellement mais ensuite les individus et c’est ce qui explique Sarah gamesburger et Sandrine Lefranc les jeunes notamment ensuite une passer le moment de l’émotion revienne dans leur milieu dans leur environnement dans les interactions sociales qui structurent leur idéologie donc interaction familiales culturelle religieuse et en fait ces interactions reprennent le dessus sur le moment émotionnel qui est qui est rapidement oublié ensuite deuxième limite de la politique mémorielle c’est l’impossible universalisation de la Shoah dans les années 90 quand la Shoah était introduite dans les programmes certains ont pensé que la souffrance montrait des Juifs allait produire un effet d’universalisme c’est à dire que toutes les autres souffrances allaient se retrouver dans la Shoah mais entre le moment où on a décidé de cette politique et aujourd’hui je crois c’est introduit sur le champ politique dans l’espace médiatique dans l’espace public une chose qu’on n’avait pas imaginé à l’époque peut-être c’est le phénomène de l’identité or ce que l’on constate aujourd’hui c’est que il est difficile pour beaucoup de jeunes qui ne sont pas issus du judaïsme de s’identifier à la souffrance des Juifs voir ça va produire un effet plutôt contraire avec le sentiment qu’on privilégiait les Juifs donc c’est effet attendu escompté de l’universalisation de de la Shoah n’a pas n’a pas pris troisième limite les matrices de la judo phobie contemporaine sont absentes ce matin ça a été très largement évoqué donc je n’y reviens pas longuement l’antisémitisme et protéiforme l’antisémitisme et plastique il s’adapte aux différents contextes or dans les programmes je les dis précédemment on aborde l’antisémitisme par une toute petite fenêtre toute petite fenêtre historique et géographique même on aborde l’antisémitisme entre la fin du 19e siècle l’affaire Dreyfus et la Shoah 1945 or Marianne mater vonucci la dit ce matin à une histoire qui est très longue qui commence qui se structure en tant qu’idéologie avec le christianisme en Occident avec l’islam de l’autre côté de la Méditerranée ça c’est un point qui est totalement absent des programmes et puis après 1945 l’antisémitisme on est là pour cela il a pas disparu or il s’arrête en 1945 l’antisémitisme dans les programmes après 1945 il n’y a pas d’antisémitisme dans les programmes ce qui veut dire que les matrices contemporaines de l’antisémitisme que sont l’antisionisme ou l’islam et l’islamisme par exemple ne sont absolument pas abordés ce qui veut dire qu’on ne donne pas du tout à nos élèves à nos jeunes les outils intellectuels pour comprendre ce qu’ils vivent leur environnement alors pour comprendre l’antisémitisme des autres et pour comprendre le leur antisémitisme parce qu’il me semble qu’une des missions de l’école quand on parle de l’esprit critique l’esprit critique des intellectuels comme Catherine kingsler par exemple ou Henri Pen insiste beaucoup sur ce point ou même Marcel gaucher dans un de ses ouvrages l’esprit critique c’est aussi la capacité pour chaque individu de se décentrer par rapport à lui-même or si on étudie pas les matrices actuelles de l’antisémitisme on n’invite pas certains jeunes à se décentrer de leur propre conditionnement de leur propre déterminisme idéologique culturel et religieux et je pense que l’une des conséquences de ça c’est que beaucoup de jeunes aujourd’hui antisémites alors là je le dis parce que j’ai conversé avec certains jeunes sur ce sujet là ils ont l’impression que leur antisémitisme ou la haine l’hostilité on va dire qu’ils ont à l’égarder Juifs n’est pas de l’antisémitisme précisément parce qu’ils n’ont pas le sentiment d’être raciste qu’ils ne sont pas d’extrême droite et qu’ils n’ont pas l’intention de génocidé les Juifs or en abordant l’antisémitisme uniquement par la Shoah on met dans l’esprit de nos jeunes que être antisémite c’est vouloir exterminer les Juifs et c’est faire des Juifs des racistes et là je pense que on passe fondamentalement à côté de quelque chose donc je rejoindrai Elisabeth ce matin quand il disait que l’école ne fait sans doute pas exactement pense qu’il faudrait faire aujourd’hui dans le contexte d’aujourd’hui encore une fois il s’agit pas de dire qu’on s’est trompé mais le paradigme mémorial correspondait à un contexte je pense qu’aujourd’hui la manière d’aborder l’antisémitisme en classe dans les programmes d’histoire en tout cas doit être fondamentalement modifiée c’est la raison pour laquelle grand-3 je vous propose quelques pistes de renouvellement en toute mais qui n’épuise pas toutes les possibilités et puis le débat l’idée l’idée de ces pistes de renouvellement c’est de sortir je crois que c’est Marianne maternelle il a dit aussi ce matin sortir de l’inertie parce qu’on sent que sur ce sujet là il y a une inertie qui est extrêmement extrêmement puissante alors les propositions de de renouvellement tout d’abord la première consistera à entrer par les idéologies par les croyances c’est à dire modifier la manière d’entrer dans la question de l’antisémitisme aujourd’hui je l’ai dit on entre dans la question de l’antisémitisme par la fin par les conséquences et par les conséquences les plus tragiques en fait je crois que ce qu’il faudrait qu’on arrive vraiment à montrer aux élèves c’est la fabrique comment c’est fabriqué l’antisémitisme et plus généralement comment se fabrique les n parce que dans l’esprit de nos élèves là aussi je crois quelqu’un l’a dit ce matin mais même dans l’esprit des adultes ces hostilités là ils ont fini par être tellement ancrés qu’elles sont naturelles il faudrait qu’on arrive à montrer à nos élèves que tout cela n’a absolument rien de naturel que c’est construit que c’est fabriqué que c’est complètement culturels sur l’antisémitisme il y a de très nombreux travaux maintenant sur lesquels on pourrait s’appuyer dans l’enseignement pour montrer comment le christianisme a structuré des mythes fondateurs de l’antisémitisme comment le christianisme a inventé des accusations qui ensuite ont circulé au cours du temps et puis qui ont été réinventés remodelés par d’autres idéologies par d’autres phénomènes des 19e 20e siècle que j’aurais peut-être le temps d’évoquer d’évoquer tout à l’heure il faudrait donc qu’on arrive à montrer cette fabrication et à l’étudier avec nos élèves dans le long terme montrer comment c’est mythes ces accusations qui se sont fabriquées dans le temps ont ensuite pénétrer les esprits par par les images par les textes par les lieux de culte aussi il faut pas l’oublier dans notre revue on a publié un en revue à l’armée on a publié il y a quelques temps un article sur sur des des vitraux d’une cathédrale qui sont des vitraux anti juifs et quand je fais des formations sur le racisme ou l’antisémitisme auprès d’enseignant je rappelle toujours que visiter des lieux de culte c’est bien en termes de patrimoine en termes de culture mais il faut rappeler aux élèves que les lieux de culte c’est aussi des lieux de propagation d’une idéologie c’est des lieux militants c’est des lieux dans lesquels on a cherché à inculquer un discours à inculquer des pensées à structurer des idéologies et l’antisémitisme en fait en fait évidemment partie il me semble qu’au-delà au-delà de ça il faut que je me dépêche un petit peu alors je me dépêche juste sur les croyances je voudrais insister sur un point alors très rapidement sur les croyances il me semble que travailler sur les croyances la manière dont elle se fabrique avec les élèves ça a un intérêt civique fondamental aujourd’hui du fait que nos jeunes sont très captifs je dis les élèves sont très captifs en fait des croyances du complotisme etc et je pense que montrer comment se fabrique des croyances liées à l’antisémitisme ça peut permettre de déborder le seul sujet de l’antisémitisme alors je vais très point très très rapidement sur les deux autres points étudier les autres maîtrises de l’antisémitisme ben j’insiste pas que vous l’avez compris je pense qu’il faudrait que avec nos élèves on explique aussi la matrice antisioniste ou musulmane par exemple mais là on va on va se heurter un défi et ça a été aussi dit en partie ce matin ce matin le mot tabou est beaucoup revenu aborder la question religieuse en classe ça reste pour beaucoup d’enseignants extrêmement difficiles et les enquêtes montrent que quand les élèves quand les professeurs s’auto-censurent le premier sujet sur lequel ils le font c’est la religion donc il est évident que pour beaucoup d’enseignants abordés l’antisémitisme amatrice musulmane aujourd’hui en 2023 dans les classes ce sera pas forcément facile d’où la nécessité de faire une formation d’armer les enseignants intellectuellement assez à ces sujets là et faire une histoire globale des racismes et de l’antisémitisme ça ça a été évoqué je crois aussi par Elisabeth ça me semble fondamental parce qu’aujourd’hui on cloisonne et en fait moi je crains que nos programmes aillent dans le sens de du phénomène d’identitaire d’aujourd’hui c’est-à-dire que les élèves prennent chaque chapitre comme quelque chose qui les conforte dans leur identité donc l’élève issu pardon l’élève de couleur noire se reconnaît dans le chapitre sur l’esclavage mais pas dans le chapitre sur la Shoah et puis l’élève juif et la même alors que en abordant tous les racismes globalement il y a des historiens qui le font donc c’est possible le Marianne mater monucci a rappelé ce matin les travaux de Jean-Frédéric Chaumet aux États-Unis il y a Georges frédéricson qui fait ça également ça permettrait non pas de montrer qu’ils sont tous identiques mais de les comparer pour montrer les ressorts identiques parce que tous ces racismes ont des ressorts identiques mais en même temps de montrer qu’elles sont les différences qu’on peut relever alors j’ai une proposition à faire dernière slide c’est la dernière j’ai une suggestion à faire dans les programmes maintenant existent on en a beaucoup entendu parler au mois de mars les enseignements du spécialité en Première et en terminale alors il y en a un qui s’appelle histoire-géographie géopolitique sciences politiques et en fait cette enseignement de spécialité aborde vous le voyez des thématiques la démocratie les puissances internationales sur un volet horreur un volant horaire de 20 à 25 heures 20 à 25 heures moi je suggère que dans cet enseignement de spécialité on introduise un chapitre sur l’antisémitisme le racisme de l’Antiquité jusqu’à nos jours parce que par exemple la démocratie là dans cet enseignement on l’aborde de l’Antiquité jusqu’à nos jours donc on pourrait faire cela avec l’antisémitisme on aurait 20 à 25 heures pour montrer la fabrication de ces hostilités je pense que c’est une piste que je suggère aux politiques qui sont dans cette salle pour la pour la porter voilà conclusion très rapidement en deux mots pour dire que l’école ne pourra pas tout alors je passe sur le livre là j’ai malheureusement plus le temps dont j’aurai insisté surtout sur le fait que l’école ne pourra pas tout ça c’est extrêmement important il faut pas tout attendre de l’école tant que l’école tiendra un discours alors qu’on a une société qui fabrique des discours inverse et qu’on laisse se propager sur les réseaux sociaux dans le discours politique aussi des discours qui vont à l’inverse de ce que l’école et de ce que les enseignants et cette portée en fait le travail de l’école je crois sera 20 voilà mais j’y crois quand même j’y crois voilà merci un grand merci à toi Benoît

Fin