2023-04-24 L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux - Table ronde n°3

Table ronde n°3 L’antisémitisme, l’écologie et la gauche : un nécessaire état des lieux

Emile Ackermann, rabbin

donc Émile à toi la parole

merci beaucoup merci beaucoup à tous merci beaucoup monsieur le député merci beaucoup Nadine, Grégory et toutes les personnes de EELV qui ont fait en sorte que cette journée puisse se passer

je suis très content du titre justement de la Table Ronde numéro 3 puisque nous disons un nécessaire état des lieux et effectivement alors je suis là aujourd’hui avec vous pas forcément sous ma casquette de rabin donc je sais pas si je déçois certaines personnes mais je ne ferai pas d’exégèse théologique aujourd’hui mais en temps et ça attends

d’ailleurs ne jamais croire un rabbin quand il vous dit qu’il va être court en général mais je suis aussi avec ma casquette de formateur aujourd’hui ici parce que je suis actif voilà dans l’Inter religieux, dans la formation contre le racisme et l’antisémitisme et je suis ici pour vous faire part un petit peu de certains constats qui pourront peut-être aider à ce nécessaire état des lieux notamment deux constats de choses dont j’ai envie de parler aujourd’hui avec vous qui sont et je pense que c’était justement une très bonne intervention tout à l’heure pour pardon pour faire la transition puisque nous parlons de l’école et peut-être des insuffisances qu’il y a dans les programmes et donc après l’école il faut bien sûr prendre la suite et la suite elle se fait par la formation elle se fait par les formations en privé, publique et par les formations notamment qui sont dispensées dans les groupes politiques

je pense que en tant que militant en tant que personne qui se réclame justement d’une volonté de réparer le monde , se battre contre les inégalités, se battre pour toutes les formes de justice effectivement la lutte contre l’antisémitisme doit être prise à bras le corps

Il est très facile de dénoncer l’antisémitisme du camp d’en face

et aujourd’hui il est très très facile on constate justement qu’il est très facile de dénoncer l’antisémitisme du camp d’en face c’est même la première chose qui est faite tout à coup les acteurs politiques se réveillent et arrivent à justement déceler l’antisémitisme qui se serait glissé dans une réflexion ou dans un discours quand il s’agit de la personne du bord politique opposé mais quand il s’agit de notre propre bar politique alors là c’est beaucoup plus compliqué d’accepter de se remettre en question

donc ce que je constate, je pense donc il y a deux grandes problématiques à mes yeux aujourd’hui qui sont donc la formation des militants puisqu’on parle donc de la gauche donc la formation des militants aujourd’hui dans les milieux de gauche puisque ce sont ceux qui portent aujourd’hui un projet qui se réclame d’une forme voilà d’universalisme et de de projet républicain

et de l’autre il faut en parler on en a parlé un petit peu beaucoup et je suis désolé de revenir dessus mais de la façon dont on peut aborder la question d’Israël donc je suis pas là pour donner une opinion en tout cas je vais essayer de de ne pas le faire mais simplement d’essayer de donner un cadre comme je l’avais un petit peu esquissé à la dernière journée d’été

pour moi la première chose qui arrive quand on se pose la question de l’antisémitisme c’est la question justement du terme même antisémitisme

on m’a parlé le fait de déjà d’avoir un terme spécifique pour l’antisémitisme qui est détaché de tous les racismes pose question c’est peut-être parfois la première question qu’on me pose lorsque j’ai fait des formations dans des milieux un petit peu militants on me dit mais finalement nous sommes contre tous les racismes pourquoi séparer l’antisémitisme ?

définir le terme antisémitisme définir comme cela a été fait aujourd’hui le fait que ce terme-là et je crois pas que ça a été rappelé pour le coup aujourd’hui que ce terme-là d’antimisme n’a jamais été utilisé autrement que pour parler des Juifs quand bien même étymologiquement le terme de sémite aurait pu porter à confusion par les d’autres aussi d’autres peuplades et bien le terme antisémitisme il arrive il est utilisé par un Allemand qui se réclame lui-même de l’antisémitisme mais il ne désigne que les Juifs

L’antisémitisme ne concerne que les Juifs

donc expliquer que quand on utilise le terme faut pas essayer de jouer sur les étymologies on va voir qu’il y a beaucoup de guerre de sémantique l’antisémitisme ne concerne que les Juifs

ensuite l’antisémitisme n’est pas que donc la volonté d’extermination ou même ou de l’autre côté une haine de la religion comme on pourrait dire qu’on a une haine des musulmans en soi puisque il y a une spécificité quand on enseigne la lutte contre l’antisémitisme il y a une spécificité qui est que quand on parle de Juifs on parle en même temps de religion on parle en même temps de peuple et donc le fait que les personnes apprennent qu’il puisse y avoir des Juifs athées, des Juifs non croyants des Juifs qui ne se reconnaissent pas du tout dans la religion juive mais qui peuvent se reconnaître de culture juive d’une appartenance

Mais moi je suis pas antisémite

et bien ça va aussi aider à comprendre comment on peut avoir des rouages antisémites qui ne sont pas dirigés vers la religion donc ça c’est les deux premières choses que je dis souvent dans ces formations là où on me dit mais moi je suis pas antisémite j’ai rien qu’en plus je connais rien à la religion juive mais en fait on se rend compte que derrière il peut y avoir des tropes antisémites qui sont réactualisés mais sans en avoir conscience parce que justement c’est pas dirigé dans la tête des gens comme étant contre la religion juive donc définir le terme antisémite en tant qu’antisémitisme en tant que ; alors haine, discrimination stéréotypes, préjugés dirigés contre ce qu’on va appeler le peuple juif.

A partir du moment où on a accepté cette idée qu’il y a peuple juif on va pouvoir parler aborder la question israélienne

et à partir du moment où on a accepté cette idée qu’il y a un peuple, un peuple juif on va pouvoir parler aborder la question israélienne, conflit israélo-palestinien c’est-à-dire que le fait qu’il y ait un droit à l’auto-détermination pour tous les peuples d’ailleurs palestinien ou Juif étant donné que il y a aujourd’hui un peuple qui se vit comme Palestinien alors il y a aussi un peuple qui se définit comme Juif et qui a le droit à l’autodétermination

Et la question arrive sur le terme de d’antisionisme

et la question arrive sur le terme de d’antisionisme c’est-à-dire que si on accepte que le sioniste dans sa définition première et juste le droit à l’autodétermination du peuple juif sur sa terre alors et c’est peut-être ça qui m’a valu pas mal de de contradicteurs ensuite

il est de mon opinion que dans les formations à gauche il faudrait y avoir un nécessaire état des lieux prise de conscience que le terme antisionisme apporte peut-être plus de confusion et de problèmes qu’il n’en résout pour la lutte pour les droits des Palestiniens

c’est à dire que si antisionisme c’est s’opposer aux droits même du peuple juif à avoir un état alors là il est le nécessaire pont entre l’antisionisme et l’antisémitisme puisque on ne refuserait qu’au peuple juif ce qu’on accepte pour tous les autres peuples.

Le terme antisionisme apporte du flou il apporte de la confusion il ne sert à rien

de l’autre côté si par antisionisme on entend la lutte pour le droit des Palestiniens contre une politique spécifique israelienne qu’on appellerait colonisation ou je ne sais quoi alors là le terme antisionisme apporte du flou il apporte de la confusion il ne sert à rien

puisque on peut nécessairement se définir comme un militant des droits humains qui se bat pour les droits de des personnes aujourd’hui qui sont oprimées sans avoir la nécessité de se définir par un terme qui est flou et qui en fait justement apporte peut-être plus de questions que de réponses

Et donc comment parler d’Israël aujourd’hui à gauche

et donc comment parler d’Israël aujourd’hui à gauche et quelqu’un m’avait fait la réflexion suite aux journées d’été et certaines interventions médiatiques notamment à Mediapart où il y avait eu un grand débat sur la question aussi on avait dit finalement est-ce que la grande question aujourd’hui à gauche c’est est-il possible d’être sioniste à gauche aujourd’hui ?

et est-ce que on peut avoir un véritable questionnement non pas que ce soit la lutte contre l’antisémitisme passe nécessairement par le fait d’être un ?? de l’État Israël mais d’être capable de

foncièrement séparer les deux

et le signe qu’on serait capable de séparer les deux c’est-à-dire la lutte contre l’antisémitisme et de l’autre côté la question de la problématique qui est un vrai problème on n’est pas là pour mettre ça sous le tapis qui est de la du conflit israelo-Palestinien

c’est est-il possible d’être finalement sioniste à gauche aujourd’hui et pour ça pour comprendre cette crispation il faut il y a beaucoup de choses à décortiquer mais ce serait je serais bref ne me croyez pas

il y a notamment d’avoir une fracture générationnelle

pour moi je pense je parle en tant que alors j’ai pas envie d’utiliser ma carte jeune trop trop mais c’est à dire ce que je voilà c’est ce que je perçois aussi

je pense qu’il y a un avant 67 et un poste 67 et qu’il est nécessaire de le rappeler c’est à dire que on a toute une génération de Juifs et de non juifs qui n’ont connu qui ont connu Israël comme un petit pays qui ont connu ça comme un petit pays qui a failli qui se crée à la suite du génocide et qui a failli se faire raser de la carte plus d’une fois et il y a toute une génération de personnes qui n’ont connu Israël que comme un pays comme qui n’est plus David mais qui devient Goliath comme un pays qui justement une force occupante et justement qui a su inverser le rapport de force

La première fracture générationnelle entre des militants

et ça c’est pour moi la première on va dire la première fracture qu’il peut y avoir générationnelle entre des militants comment dire de

voilà des militants moins jeunes que les jeunes et là justement je voulais pas utiliser un langage chatié voilà

donc ça serait la première chose qu’il faut être capable de mettre sur le tapis qui a une question même de perception qui est différente

la deuxième c’est un phénomène plus large de polarisation de la société de guerre propagande

la deuxième c’est un phénomène plus large de polarisation de la société de guerre propagande de recherche de façon rapide, de réponses rapides et binaires aux questions de société aujourd’hui et qui touche pas que le conflit israel-palestionien mais tous les sujets en général

donc on est 100% pour 100% contre et c’est pour ça qu’aujourd’hui il faut être capable de questionner pourquoi dans les manifestations pour la retraite enfin contre la réforme de la retraite dans toutes les manifestations diverses et variées il va y avoir toujours des personnes avec des drapeaux palestiniens c’est-à-dire le drapeau palestinien aujourd’hui le simple ,la lutte pour les droits des Palestiniens est devenu aujourd’hui un symbole et il faut être aussi être capable de se mettre en de de regarder en face et je parle aussi pour les institutions juives de regarder en face

La lutte pour le droit des Palestiniens est devenue aujourd’hui un symbole de la lutte pour le droit des opprimés

et de comprendre que la lutte pour le droit des Palestiniens est devenue aujourd’hui un symbole de la lutte pour le droit des opprimés

et que la majorité des personnes qui le font le complète alors par ignorance ou san forcément connaître tous les rouages et tout ce qui se passe dans le conflit israel-palestinien mais c’est devenu une une question incontournable

alors et c’est là que si justement le problème à mes yeux c’est que ramener d’un côté ramener tout ramener toujours au conflit israëlo-palestinien quand on parle de problématique juive en France et bien c’est borderline antisémite parce que il y a une injonction des Juifs à se justifier de la situation de là-bas

Il faut être capable de comprendre que la société marche et fonctionne avec des symboles

de l’autre côté il faut être capable de comprendre que la société marche et fonctionne avec des symboles, des symboles qui sont forts et que le drapeau Palestiniens aujourd’hui en est devenu un

il faut être, j’ai pas de réponses à proposer encore une fois c’est juste un état des lieux et je pense qu’il y a quelques il y a un travail de fond à faire ici

On a aussi la guerre de propagande une crise de l’information

on a aussi et puis tout simplement on a aussi la guerre de propagande une crise de l’information qui touche notamment la jeunesse on a parlé les réseaux sociaux Tik Tok avec des informations en une minute trente qui ne permettent pas de voir on va dire toute la complexité à chaque fois de tous les débats les nuances

et ça pour moi les politiques et les milieux politiques et les milieux militants doivent être en fait les à l’avant-garde de ces combats des combats de l’information si on veut avoir un projet politique qui tient la route et qui peut être capable d’avancer face à la complexité du monde

Il faut être capable d’enseigner cette complexité du monde, twitter n’aide pas bien sûr, twitter n’aide pas à voir la complexité

il faut être capable d’enseigner cette complexité du monde et trop souvent j’ai l’impression de voir alors

twitter n’aide pas bien sûr, twitter n’aide pas à voir la complexité, la nuance et à la développer en général

en tout cas il faut être bien entouré et je pense qu’il y a une responsabilité très très forte que voilà j’ai envie de

intervention de Nadine Herrati

ce que ce qui me vient à l’esprit c’est que tout ce que tu dis est vraiment dans le sujet en fait c’est ici les personnes les élus les écologistes les gens de gauche c’est de se demander quel est le rôle justement de la gauche bien sûr; tu as parlé de la question du conflit israélien de l’oppression de tout ce qui est recherche de d’égalité des droits et donc comment concilier en tout cas comment séparer ces différents problèmes et qu’est-ce que quels sont des attentes d’une personne comme toi en tout cas toi aujourd’hui de la gauche et des écologistes particulièrement qui me sont plus chers encore

en tant alors il y ades véritables représentants de la communauté juive dans cette salle et donc je ne représente pas grand monde par rapport à ces personnes là donc je parle sous leur contrôle mais il y a une véritable attente aujourd’hui de la part, à mes yeux en tout cas de la communauté juive et d’une partie de la jeunesse que je côtoie dans mes communautés et dans mes et au quotidien qui aimeraient pouvoir se reconnaître dans certains combats de la gauche qui aimerait pouvoir se reconnaître dans certains combats des partis aujourd’hui

mais qui se sentent et complètement exclus du fait de cette polarisation au sujet du conflit israel-palestinien parce que il y a pas juste de possibilités d’en parler de manière nuancée et d’avancer

non pas que toutes les personnes juives soient nécessairement des personnes qui vont être des grands fervents supporters de l’État Israël et toutes ses politiques mais que le fait qu’il y ait une injonction première dès le départ rend impossible la discussion

Des personnalités de gauche qui sont des récidivistes aujourd’hui

du fait que il y ait justement, il n’y ait pas cet état des lieux qui a été fait dans les partis de gauche et qu’on ait des personnalités de gauche qui sont des récidivistes aujourd’hui des propos très problématiques qui ont été répétés

alors voilà moi je pense pas je pense pas EELV là tout de suite je pense à forcement à d’autres personnes d’autres groupes et c’est pour ça que je me réjouis qu’il y ait ce genre d’initiatives aujourd’hui puisque s’il y a des groupes comme EELV qui prend à bras le corps cette problématique et qui est assez courageuse pour pouvoir se séparer de peut-être d’autres groupes politiques qui sont plus flous plus confus à ce sujet là c’est c’est tout à leur honneur

Pour finir

donc pour pour finir je dirais qu’il y a donc plusieurs choses

la première c’est la formation La formation des militants et la formation du coup ensuite des futurs cadres du parti des cadres actuels du parti qui doivent être formés puisqu’ils n’ont pas été avant mais que qu’on puisse former les futurs cadres du parti et ce genre de d’initiative va y participer

un véritable état des lieux sur la façon d’aborder le conflit israélo-palestinien qui doit être en même temps séparé de la question de l’antisémitisme mais comprendre les liens qui son, qui se font et qui sont fait entre antisionisme et antisémitisme

et la troisième chose le peut être le rappel alors à l’ordre si si le cas vous en dit les personnes qui ne font pas partie de votre de votre groupe mais de votre bord politique tout de même et pour être capable d’engager une conversation sincère honnête et franche à ce sujet.

merci beaucoup Émile donc [Applaudissements]

Fin

Suivant