FabienneMessica 2023-04-24 L’écologie politique pour lutter contre la résurgence de l’antisémitisme - Fabienne Messica (LDH) Table ronde n°4)

Marie-Anne Matard Bonucci

je ne vous présenterai pas parce que le temps presse vous l’aurez compris

simplement je vous demanderai d’être strict sur le temps et donc de vous en tenir les uns et les autres à 10 minutes d’intervention puisqu’il y a une salle qui est très désireuse de prendre la parole ce qui nous permettra d’avoir une discussion à la fin

alors du point de vue de l’ordre des interventions donc là la table ronde est intitulée l’écologie politique pour lutter contre la résurgence de l’antisémitisme

donc vu l’intitulé je propose qu’on donne la parole vous êtes à Yannick Jadot enfin de table ronde et que avant cela on entend donc les interventions des autres présents donc on va peut-être commencer on va alterner en fonction du genre donc

je vais d’abord donner la parole ben écoutez je vais faire dans l’ordre comme ça donc Fabienne Messica donc va prendre la parole pendant 10 minutes elle est là donc pour parler au nom de la Ligue des droits de l’homme qui a une longue histoire sur ces sujets et dont il était probablement important que la Ligue soit représentée aussi parce qu’elle a été attaquée ces derniers temps

voilà Fabienne c’est à toi

FabienneMessica Fabienne Messica

Voilà c’est bon d’abord je vous remercie pour cette invitation pour cette journée qui était très riche et qui a apporté énormément d’éléments je vais juste présenter rapidement le travail de la Ligue bon l’histoire de la Ligue je crois que vous la connaissez

vous savez que l’histoire de la Ligue c’est l’affaire Dreyfus et donc vous savez que la question de l’antisémitisme c’est la matrice de cette organisation

organisation qui est devenue une organisation généraliste des droits et universaliste évidemment des droits et des questions d’antiracisme parmi tout son travail sur la défense des droits

Coanimation d’un un groupe de travail qui s’appelle racisme, antisémitisme et discrminations

Moi je coanime un groupe de travail qui s’appelle racisme, antisémitisme et discriminations donc nous avons toujours gardé la spécificité du terme d’antisémitisme je vais pas revenir sur tout ce qui a été dit ce matin évidemment en particulier tous les éléments historiques

mais je voudrais essayer ded’aborder la question enfin d’abord des questions de poursuivre ce qui est déjà été entamé autour de la question de quel serait quels sont les un peu les comment

Les particularités de l’antisémitisme aujourd’hui

dire les particularités de l’antisémitisme aujourd’hui non pas comme un nouvel antisémitisme mais comme un agrégat qui donc se renouvelle puisque à la fois il hérite de toute une histoire et en même temps il intervient dans un contexte spécifique un contexte d’ailleurs global dans toute la société de revendication des identités

donc on est dans un contexte où on est plus dans l’idée d’un universalisme qui qui serait en train d’effacer les différences on n’est plus dans une époque où on pense assimilation comme on a pu penser à certains moments une certaine conception de la République donc l’universalisme est toujours là mais en même temps qu’il y a l’universalisme

En même temps qu’il y a l’universalisme il y a ces revendications d’identité

il y a ces revendications d’identité et donc il y a cette exigence pour nous militants antiracistes et militantes antiracistes d’articuler la lutte contre chacun des racismes dans sa singularité et la lutte universelle contre tous les racismes

Retournement de la culpabilité sur la victime

Alors en ce qui concerne l’antisémitisme il y a quelque chose de tout à fait particulier c’est vrai dans l’antisémitisme actuel contemporain qui est le retournement de la culpabilité sur la victime

je crois que c’est quelque chose de très fort et de très particulier je vais en donner plusieurs exemples

premier exemple

premier exemple l’accusation de votre affaire à vous c’est la chose dont on parle le plus et à cause de vous ça relativise tous les autres racismes donc ça c’est une comment dire un stigmate particulier qui effectivement rend les choses extrêmement difficiles pour les personnes de confession juive qui luttent contre l’antisémitisme ou qui sont victimes d’antisémitisme.

premier point

L’extrême droite a réussi à capter un certain nombre de thèmes qui sont des thèmes de l’extrême gauche pour en faire des thèmes antisémites d’extrême droite

deuxième point autour de cette question de l’antisémitisme l’extrême droite a réussi à capter un certain nombre de thèmes qui sont des thèmes de l’extrême gauche pour en faire des thèmes antisémites d’extrême droite

Alors quels sont ces termes je crois que Pierre-André Taguieff l’avait très très bien montré tout ce qui est:

et tout cet ensemble qui est une pensée de gauche la nouvelle droite en a fait une pensée ; l’a utilisé pour en faire une pensée pour nourrir un antisémitisme un antisémitisme qui se prétendrait progressiste parce qu’ils seraient anti machins etc

https://youtu.be/_vTYPh8KTRw?t=405

parce que anticolonialiste et tout ça

ça donc ça c’est un un aspect qui fait que ça attire tellement les gens de devenir antisémite et parce que il y a cet aspect là

l’émergence de la notion de décolonialisme

ensuite on a un deuxième point alors qui est à mon avis la l’arrivée l’émergence de la notion de décolonialisme alors moi j’aime beaucoup les décoloniaux je les ai lus avec passion et je suis profondément anti-colonialiste

il n’empêche que avec la pensée décoloniale est arrivée l’idée que les Juifs non seulement étaient des victimes dont on parlait plus que d’autres mais de plus on parlait plus d’eux parce qu’ils étaient blancs

et l’Europe ne s’intéressait qu’à l’antisémitisme ou trop à l’antisémitisme parce que ça visait des personnes blanches comme les Européens et on est arrivé donc à un moment ou dans la discussion historique dans la discussion sur les différentes formes de racisme effectivement

quelle est la matrice bon moi je crois pas au cause première vous voyez je pense qu’il y a plusieurs choses qui arrivent dans l’histoire à des moments différents et tout est situé historiquement et géographiquement parce que on ne peut pas avoir une idée de sens de l’histoire comme ça

il n’empêche que il y a un nouveau discours qui dit mais finalement l’antisémitisme n’est que le résultat du colonialisme et le laboratoire de l’antisémitisme ça a été le colonialisme on le dit par exemple au sujet de l’Algérie vous savez c’est vrai que l’Algérie a été un laboratoire de racisme il n’y a aucun doute là-dessus

mais bon mais on le dit là et quand on dit ça on ne dit pas rien c’est à dire quand même temps on dit ça parce que justement

On veut relativiser cette spécificité de l’antisémitisme européen

on veut relativiser cette spécificité de l’antisémitisme européen et cette spécificité de l’idée d’un judaïsme mondial donc qui est vraiment une caractéristique qui ne se retrouve pas dans les autres racismes ça c’est certain voilà

et donc on a tous ces éléments font la difficulté pour nous en discuter à gauche vous voyez parce qu’on est pris un peu entre des choses parce que moi je suis profondément anti-colonialiste donc mais en même temps j’ai pas forcément envie qu’on me raconte ce genre de choses et je vois ce genre de choses voilà souvent

C’est toute la question autour ‘des sionismes’ je ne comprends même pas qu’on puisse employer le mot “ le sionisme

Alors ensuite le dernier élément on en a beaucoup parlé ce matin et moi je veux pas trop en parler mais je voudrais en dire deux mots quand même c’est toute la question autour des sionismes d’abord je ne comprends même pas qu’on puisse employer le mot “ le sionisme

donc on voit bien que il y a des problèmes avec les mots et des antisionistes et puis la question effectivement de la politique qui isrelienne à l’égard du peuple palestinien la question même de peuple qu’est-ce qu’un peuple etc tout est en train de revenir là à travers cette question de l’État d’Israël et de l’Etat enfin de l’État souhaité et que les Palestiniens devraient avoir

et donc toutes ces questions là sont revenus percutées et interrogées à nouveau notre manière dont on peut mener nos luttes antiracistes en étant des défenseurs des droits de tout le monde

tout en refusant toute forme de d’instrumentalisation d’instrumentalisations antisémites

alors ce qui est très embêtant avec la notion de sionisme et la notion d’antisionisme je crois que je vais vous dire quelque chose qui est très définitif pour moi

Pour moi le terme sionisme n’a strictement plus aucun sens aujourd’hui

pour moi le terme sionisme n’a strictement plus aucun sens aujourd’hui dans la mesure où il s’agit d’un mouvement qui était multiple et qui a abouti à la création d’un Etat je le dis de manière neutre à la création d’un État reconnu

à partir de ce moment-là il n’y a plus de sionisme il y a du nationalisme peut-être mais pas du sionisme

Après 67 et avec la colonisation on peut dire qu’il y a du colonialisme et le colonialisme c’est pas la même chose que le sionisme

après 67 et avec la colonisation on peut dire qu’il y a du colonialisme et le colonialisme c’est pas la même chose que le sionisme et le problème du terme sionisme et du terme antisionisme c’est que dans sionisme on entend quelque chose de mondial

dans sionisme on n’entend pas un mouvement qui a été encore une fois historiquement et géographiquement historiquement et géographiquement situable, qu’on doit situer.

donc ça devient quelque chose qui serait toujours là voilà pour toujours il y aurait du sionisme pour toujours il y en a peut-être eu depuis toujours et en plus serait mondial

et le fait que ce serait mondial ramène évidemment la question du groupe du du lobby juif mondial etc et blablabla et les banques et tout le reste

Donc moi je suis pour qu’on appelle les choses par leur nom

donc moi je suis pour qu’on appelle les choses par leur nom c’est-à-dire qu’on normalise réellement notre rapport à l’État d’Israël et à la question palestinienne ce qui veut dire qu’on peut être tout aussi exigeant envers l’État d’Israël qu’envers n’importe quel Etat sur le respect du droit

mais que néanmoins on n’appelle pas ça une ‘entité sioniste’ ou quelque chose comme ça c’est-à-dire que c’est un pays un Etat point barre voilà il existe c’est comme c’est comme ça plait, ça plaît pas voilà c’est comme ça

Un quatrième point

Et enfin pour finir j’ai un quatrième point que j’aurais soulevé j’aurais soulevé le point de la vision de quoi on parle quand on parle avec les jeunes effectivement ça été soulevé qu’on essaye de leur parler de la question de l’antisémitisme et de tout ce qui s’est passé dans l’histoire et en particulier de la tragédie de la tragédie récente

Le judaïsme ashkhénaze

voilà d’abord c’est un problème parce que nous parlons de beaucoup d’absents parce que le judaïsme ashkénaze malheureusement tragiquement a quasiment disparu et personne ne connaît le Yiddish le machin etc donc c’est très compliqué c’est pas dans notre vie

Le judaïsme séfarade

mais un deuxième point et dernier point il y a il y a un un judaïsme séfarade il y a arrivé en France un exil post-colonial de juifs séfarades et ils vivent ces juifs séfarades aux côtés d’immigrés enfin ou d’enfants d’immigrés ou de petits enfants d’immigrés de ça qui viennent de mêmes pays et on leur parle jamais de ça de comment ils ont vécu ensemble par le passé de la culture commune qu’ils ont

L’IMA (Institu du Monde Arabe)

On ne fait pas un travail comme celui qui a été fait et que je salue qui a été fait par l’IMA (Institut du Monde arabe) voilà qui a fait ce travail extraordinaire avec voilà voilà

Les judaïsmes sont des pluralités d’histoire

Et ce travail-là pour moi ça ça serait de la merveilleuse pédagogie éducation pour nos enfants sur les questions autour de l’antisémitisme et des judaïsmes

qui montre bien que les judaïsmes sont des pluralités c’est une pluralité d’histoire et que donc il n’y a pas la figure du Juif voilà et d’autre part qu’ils ont une histoire commune qu’ils peuvent la prolonger et qu’ils peuvent en faire une histoire de fraternité voilà

Fin