2023-04-24 L’écologie politique pour lutter contre la résurgence de l’antisémitisme Yannick Jadot Table ronde n°4)

[Applaudissements] bien merci beaucoup nous allons entendre à présent Yannick Jadot et ensuite il y aura un moment de discussion donc avec la salle

merci c’est pas évident de conclure y compris cette table ronde c’était pas la plus facile en vrai mais elle était franche et je crois qu’on a besoin de franchise d’abord remercier effectivement Guy Nadine et Grégory ont organisé ce travail on en a besoin si je dis pas de bêtises en 82 quand l’antisémitisme remontée très fortement c’est Aaron et furet qui organisait à la Sorbonne une grande conférence sur l’Allemagne nazie et le low cost et je crois que dans ce moment de crise démocratique nous vivons nous avons toutes et tous intérêts à remettre du débat de la pensée complexe dans un monde qui la refuse parce que ce qui crée ici énormément de confusion de malentendus et de haine c’est la fin de la pensée complexe c’est arrêter de réfléchir au défi que nous traversons aujourd’hui entre les crises du covid les chocs climatiques la guerre en Ukraine les crises financières les crises économiques la mondialisation il y a incontestablement dans beaucoup de nos sociétés pas que les sociétés européennes mais évidemment ça touche les sociétés européennes des sociétés qui sont prises de vertiges [Musique] ou les les personnes ressentent une instabilité une insécurité individuelle et collective une insécurité une instabilité locale et globale et quand on est pris de vertige la réalité c’est que la peur et le premier sentiment qui nous vient on réfléchit avec son instinct on regarde en bas on est prêt à reculer toutes les nostalgies fantasmées du passé resurgissent les replis identitaires s’affermissent et d’une certaine façon on arrête de penser avec nos cerveaux on pense avec nos instincts et quand on est insécurité déstabilisé finalement la haine vient assez vite c’est ce que Hugo disait vous savez dans Les Misérables il parlait de l’étranger évidemment l’étranger est toujours un fantasme des sociétés en crise alors c’est l’étranger de l’autre côté de la frontière évidemment donc tous les nationalistes et puis c’est l’étranger de l’Intérieur évidemment le juif pour tous celles et ceux qui veulent imaginer l’ennemi de l’Intérieur a toujours été un bouc émissaire facile et ça ça date pas d’hier et donc dans ce moment là évidemment notre responsabilité il est de réouvrir une perspective mais pour ça il faut dire les choses 1 l’antisémitisme effectivement ça a été dit j’ai des malheureusement pas été là ce matin mais je vois ce qui en a été dit ça a été dit aux différentes tables rondes l’antisémitisme est loin de disparaître dans notre société au contraire et ma crainte pour vous dire la vérité mais c’est pour ça que je trouve cette réunion très importante c’est qu’il au contraire il continue à progresser quand encore une fois toutes nos sociétés sont prises de vertige que il y a les bons les méchants il y a l’invective il y a la peur l’angoisse l’étranger l’ennemi de l’intérieur je vois pas pourquoi dans cette situation là si nous n’avons pas un sursaut républicain au sens fort du terme je vois pas pourquoi les racismes et l’antisémitisme se réduirait donc on a une responsabilité très particulière alors je devais parler un peu d’Europe je vais faire très vite l’antisémitisme en Europe il se porte très bien malheureusement quand on regarde les statistiques que ce soit le robaromètre de 2019 quatre européens sur 10 considèrent que l’antisémitisme n’est pas un problème 3% des Européens se sentent très bien informés de l’histoire des coutumes et des pratiques juives 41% connaissent l’existence d’une législation criminalisant le déni de low cost donc c’est une minorité c’est une minorité très très lourde alors on peut dire finalement la majorité des Européens sont pas antisémites enfin bon désolé c’est pas satisfaisant donc on a en Ipsos 2021 12% des Européens sont fortement antisémites 8% modérément antisémites donc on a toute une série d’études malheureusement qui qui vont pas bien qui disent le mauvais état du combat contre l’antisémitisme en Europe 21% des Européens encore une fois d’accord ou plutôt d’accord avec l’idée que les réseaux secrets tenus par les Juifs influencerait la vie économique et politique du monde 58% chez les Grecs 39% chez les Hongrois là c’est la majorité de la population qui au fond est antisémite il faut se méfier des Juifs là aussi 48% des Grecs 41% des Polonais 39% des Hongrois et sur les thèses révisionnistes on a aussi 24% 20% des Français qui sont d’accord ou plutôt d’accord avec l’affirmation sur lequel le nombre des victimes juives de la Shoah serait inférieur aux chiffres communément admis donc on a évidemment un énorme sujet l’Europe s’est emparée depuis longtemps à travers ces traités à travers la Charte des droits humains à travers la nomination d’un coordinateur pour lutter contre l’antisémitisme avec les trois piliers reconnus classiquement à la fois l’éducation la question mémorielle et aujourd’hui la question des réseaux donc on est dans cette situation là et nous voulons participer à construire des stratégies beaucoup plus offensives contre l’antisémitisme et contre les racismes parce qu’on est quand même très souvent défensive en vrai ce que on est toujours sur l’idée que comment on remet au fond la question mémorielle parce qu’elle a baissé comment on parle de la question mémorielle et c’est un débat passionnant que que vous avez évoqué effectivement déjà si je dis pas de bêtises camion en 52 disait comment on peut encore être antisémite après les millions de Juifs tués massacré ou envoyé dans les camps donc en 52 il se pose déjà la question de la permanence de l’antisémitisme alors effectivement la question mémorielle ne résout pas tout mais il y a peut-être aussi une façon d’aborder la question mémorienne vous avez beaucoup évoqué l’idée d’aborder la question mémorielle y compris à travers l’antisémitisme et les racismes comment ils se sont construits je pense que il y a aussi une spécificité de l’antisémitisme qui est qu’à la fin c’est l’extermination qui n’est pas forcément une spécificité de tous les racismes à la fin dans l’antisémitisme égalidique ce peuple de disparaître et donc finalement le maître aussi en lien ça a été évoqué avec d’autres génocides le génocide rwandais comme le génocide ouigo aujourd’hui pour construire une réflexion comment une société qui commence à détester une partie de sa population qui commence à l’essentialiser et elle lui a couvrir de tous les mots de la société dans tous les dans toutes les d’ailleurs dans toutes les orthographes je pense que c’est aussi une façon d’aborder les risques de de l’antisémitisme et puis il y a la situation de chacune et de chacun ça a été dit bon sur l’école sur les réseaux sociaux je pense que le problème c’est pas simplement de traquer l’antisémitisme sur les réseaux sociaux c’est aussi de favoriser sur les réseaux sociaux d’autres pensées notamment des pensées complexes d’autres histoires d’autres mémoires un élément de l’antisémitisme souvent qui a pas été évoqué tout à l’heure c’est la question du peuple juif passif qui se soumet à la Shoah quand on y a quelques jours on commémorait les 80 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie c’est un élément me semble-t-il aussi très important de la mémoire qui est de voir que l’antisémitisme a été combattu en permanence que donc c’est faire tout ce travail de mémoire et puis à notre situation politique alors a été évoqué la question au fond comment une droite une extrême droite aujourd’hui renvoie à une gauche et potentiellement écologistes de l’antisémitisme dans une construction d’une haine de l’islam et des musulmans moi-même pendant la campagne présidentielle j’ai utilisé ce mot terrible abominable sur radiologie qualifiant Zemmour de Juifs de service pourquoi j’ai utilisé ce mot là qui est un mot abominable juste de service parce que il me semblait que un candidat qui fait de sa judéité le prétexte la justification aux révisionnisme historiques il fallait le dénoncer très lourdement et ça dit une partie d’ailleurs de la situation de ressenti de l’antisémitisme d’une partie de la communauté juive qui certains certaines soutenaient Zemmour il a été soutenu officiellement ce type qui au fond utilise sa judéité pour faire de l’antisémitisme a été soutenu par des justes aberrants mais ça renvoie sur cette question au fond de ce sentiment de précarité de ce sentiment d’antisémitisme de sentiment qui indisposent qui met qui rend les femmes et les gens malheureux par cette situation de la même façon sur le conflit israélo-palestinien parce qu’effectivement la question doit être discuté sur la façon dont ce débat est importé on se retrouve parfois au fond on se dit est-ce que je vais prendre la parole sur la politique gouvernementale de Netanyahou moi j’ai toujours travaillé dans le monde entier je me sens aussi légitime à critiquer en politique intérieure Macron d’aller attaquer Orban souvenez-vous de la campagne contre sauce si ça c’est pas une campagne public antisémite je sais pas ce que c’est que d’attaquer la politique de Netanyahu mais au fond on se dit waouh dans quoi je me lance parce qu’on va voir d’un côté effectivement une partie et des personnalités de gauche qui vont faire comme ça a été dit de l’antisionisme et puis une une pression y compris parfois venant de la communauté juive pour dire si vous critiquez la politique de Netanyahu vous êtes antisémite et ça dans notre construction de pensées complexe c’est pas possible ça peut pas exister et finalement on se retrouve à dire c’est super il y a Attali Yann Sinclair il y a hors Villers toutes ces personnes là au fond disent une vérité qu’en tant que républicain qu’en tant que démocrate je devrais pouvoir assumer aussi facilement et au fond on renvoie aux Juifs le la critique potentielle sur le gouvernement Israël et ça ça n’est pas sain dans notre société donc tout ce qui a été dit sur les dérives d’une partie de la gauche c’est évident tout ce qui a été dit sur attention c’est quand même l’extrême droite et la droite qui historiquement ont un agenda politique c’est une évidence toutes les sources de l’antisémitisme c’est une réalité moi ce que j’aimerais c’est qu’effectivement aujourd’hui je l’ai dit on passe à l’offensive comment dans une société où plus où au fond par renoncement ou paresse intellectuel ou par complaisance électorale on affronte pas cette question de l’antisémitisme c’est absolument aujourd’hui inacceptable donc effectivement moi je suis très engagé avec mes amis écologistes très engagés devant vous à ce que nous remettions sur la table du débat public du débat public à l’échelle plus large qu’entre nous cette question là parce que si à un moment donné les politiques renoncent à expliquer la complexité des choses renonce à affirmer sans trembler des valeurs à ce moment là c’est tous les comptes ici et qui s’y misent dans le dans le système et un débat politique géré par les plus les plus idiots les plus extrémistes ça ne marche pas je citais tout à l’heure Camus je crois quand on le renvoyait en disant mais il y a des il y a des écrivains tout ça il disait en fait c’est tellement idiot l’accessibilité manque tellement d’intelligence que ça peut pas être une réflexion intellectuelle