2023-04-16 Présentation de Aleksander Edelman fils de Marek Edelman

AlbertHerszkowicz Albert Herszkowicz

merci vraiment merci cette interprétation en effet tu as raison de souligner que nous sommes bien que 100% laïque nous ne sommes pas indifférents ou traditions et à l’émotion qui s’en dégage

Présentation de Aleksander Edelman fils de Marek Edelman

et alors pour enchaîner nous donnons la parole maintenant à Aleksander Edelman qui portent évidemment un nom célèbre celui de son père Marek Edelman et ça n’est pas juste parce que c’est le “fils de”

c’est parce que Aleksander Edelman a un témoignage à apporter et qu’il vient de rédiger une préface au livre qui s’appelle le ghetto de Varsovie qui est paru aux éditions Odile Jacob et qui est la la redécouverte de ce qu’on appelle les carnets retrouvés de Marek Edelman qui ont été retrouvés lors son décès chez lui qui ont été réédités grâce à Constance Paris de la Bollardière qui devait parler avec nous mais qui est en Allemagne pour parler de l’insurrection du ghetto et qui nous salue à distance et donc Alexander a préfacé ce livre et nous lui donnons bien volontiers la parole et nous le remercions d’avoir bien voulu venir nous parler

2023-04-16 Aleksander Edelman pour la commémoration du 80e anniversaire du soulèvement Ghetto de Varsovie

bonjour Merci beaucoup juste avant de commencer je voudrais dire que vous m’entendez et je veux pas de proche parce que c’est trop fort proche après ça va non excusez-moi

pardon bien que c’est un collègue mais je dis excusez-moi pour des problèmes de son et c’est ceux qui sont trop près des baffles peuvent être gênés éloignez-vous un tout petit peu voilà on va recommencer allez donc

merci beaucoup pour cette introduction juste avant de commencer je voulais dire que ma sœur et moi nous sommes pas seulement le fils et la fille (Ania) de Marek Edelman mais aussi nous avons une mère qui s’appelle Alina marguell?? Edelman qui elle aussi était dans le ghetto de Varsovie qui elle aussi était combattante et donc ça Marek Edelman n’aurait pas été là si à un moment donné elle n’aurait pas sauvé les combattants Juifs dans le ghetto dans l’insurrection de Varsovie un an plus tard

donc voilà quand on présente on dit toujours fils de Marek Edelman non il y a aussi une mère

alors bravo elle était médecin et elle était médecin oui tous les deux ils étaient médecins mais ça c’est pas le propos d’aujourd’hui donc oui

merci beaucoup déjà d’organiser cette cette demi-journée ou ces quelques heures qui sont consacrés à la mémoire parce que on ne peut pas vivre sans mémoire si on vit sans mémoire quelle que soit la mémoire et bien c’est comme si la civilisation revenait dans les cavernes et on recommençait une nouvelle civilisation

non nous avons tous une histoire qu’elle soit bonne ou mauvaise il faut la connaître il faut la connaître donc il faut la transmettre

il se trouve que je suis en polonais “shkajnik??” en français transmetteur de la mémoire donc je suis obligé de le dire de répondre à vos sollicitations quand vous me demandez quels que soient les gens qui me le demandent

maintenant ce que j’ai ce que je sais c’est que le 19 avril 1943 220 jeunes filles et garçons j’ai toujours entendu ce chiffre ce nombre dans la bouche de mon père et de ma mère se sont levés contre l’armée la plus puissante d’Europe en ce moment

c’était à 6 heures du matin que les Allemands sont rentrés dans le ghetto pour assassiner tous les Juifs qui restaient encore dans le ghetto et pour détruire le quartier ils ont été accueillis par un cocktail Molotov qui a arrêté un char allemand et les Allemands ont reculé

alors je ne sais pas si vous pouvez imaginer la joie de ces jeunes garçons et filles qui avaient entre 14 et disons 27 ans de voir les Allemands reculer

c’était la première fois qu’il reculait l’armée allemande donc après comme vous avez dit quelqu’un a dit cette résistance a duré plus d’un mois avec des forces inégales

alors ce qu’a dit mon père il a dit longtemps après nous n’avons pas peur nous n’avions pas peur nous étions prêts et effectivement comme vous avez dit que vous avez rapporté ce sont préparés ils se sont préparés tout en sachant qu’il y avait aucune chance de survie ils ont décidé de se battre pour la dignité humaine pas seulement pour leur dignité mais pour la nôtre aujourd’hui et c’est pour ça qu’il est très important de se souvenir “de” parce que ils ont en quelque sorte préparer la démocratie d’aujourd’hui

la démocratie qui est en danger aujourd’hui

donc mais donc ils ont crié en quelque sorte c’était un cri et un cri au monde libre ; qu’un crime au-delà de imagination était en train d’être commis

c’était extermination extermination des Juifs d’Europe donc il se battait pour crier cela au monde

c’était tout de même c’était tout de même assez désespéré parce que au même moment que l’insurrection a commencé les Anglais et les Américains étaient aux Bermudes Chruchil et Roosevelt et ils ont décidé ce jour-là le 19 avril qu’ils ne vont pas aider les Juifs que la priorité c’était de gagner la guerre et une fois la guerre gagnée les Juifs sont libres

ils ont fait semblant d’oublier qu’en ce moment il n’y a pas plus de Juifs

Le premier génocide c’est celui de Namas et Herrero

comme vous avez dit c’était le troisième génocide du 20e siècle le premier c’est celui de Namas et Herrero qui a eu lieu au début du 20e siècle déjà commis par les Allemands

j’avais un ami qui était Herrero, il me racontait, c’était déjà la troisième ou quatrième génération il me racontait ce qu’ont vécu ses ancêtres ou les ancêtres de ses amis c’est encore inimaginable mais il faut se souvenir de cela aussi

Le deuxième génocide c’est celui dea Arméniens

le deuxième génocide c’était celui des Arméniens en 1915 qu’on a toujours tendance à oublier un peu moins en France mais ailleurs dans le monde on a toujours peur de dire le mot génocide et c’était un génocide j’avais encore une amie qui me racontait comment sa famille a été envoyé dans le désert et comment elle est morte elle petite fille elle a été sauvé par miracle mais elle avait ça en elle et elle aussi me le racontait pour transmettre pour qu’aujourd’hui je vous le raconte aussi

Il y a aussi le génocide des Tsiganes (Porajmos)

le quatrième je crois génocide je n’arrive pas à les compter c’était après la deuxième guerre mondiale j’ai encore oublié de mentionner que la deuxième dans la deuxième guerre il y avait aussi le génocide de Tiganes dont on ne parle pas du tout presque pas

il faut se souvenir

Le quatrième génocide c’est celui dea Tutsi

le siècle horrible 20e siècle en 1994 s’est terminé avec le génocide contre les Tutsi et encore une fois le monde occidental les États-Unis l’église tout le monde a laissé faire

comment est-ce possible ?

qu’est-ce qui est un homme pour qu’il continue à exterminer

mais méritons nous d’être là nous sommes la seule espèce qui a créé l’extermination et le génocide

cette extermination des Juifs cette insurrection se déroulait sur le regard passif pas seulement de l’Occident mais aussi des passants de Varsovie je ne sais pas si vous savez le ghetto était traversé par un tramway où les Polonais tous les jours passaient à travers le ghetto

ils voyaient très bien ce qui se passait il voyait très bien les morts dans les rues ils voyaient bien la pauvreté très peu ont réagi très peu ont aidé

ceux qui l’ont fait la plupart ont des armes en Israël dans le parc des Justes je crois que ça s’appelle comme ça mais il y en avait très très peu

alors je peux pas ne pas mentionner la France parce que c’était pas non plus glorieux ici nous avons fait un documentaire qui s’appelait d’un génocide à l’autre et j’ai écouté dans ce documentaire le témoignage d’une femme qui a 100 ans aujourd’hui elle a plus de 100 ans elle a été sauvée mais elle racontait de quelle façon sa nièce a été tuée par les Allemands parce qu’un Français l’a dénoncé parce qu’il a refusé ses avances

voilà comment la bêtise humaine peut amener à tuer à enlever une vie mais je ne parle pas bien sûr de la police française de la collaboration avec les Allemands

alors pourquoi se souvenir

pourquoi parler d’aujourd’hui bien sûr il faut parler pour connaître l’histoire

mais la guerre en Ukraine aujourd’hui à 2000 km d’ici les Ukrainiens sont tués seulement parce qu’ils sont ukrainiens si nous voulons continuer à avoir une démocratie nous ne pouvons pas faire comme si rien n’était

pas beau Paris se promenait dans la rue allait faire des vacances à Venise non il faut il faut se rappeler il faut crier il faut continuer à parler il n’y a pas de possibilité d’usure

alors je ne peux pas ne pas parler des crimes génocidaires en Afrique on Éthiopie en Erythrée je ne peux pas parler de crimes contre des Ouigours en Chine

et si je dis et tant d’autres c’est pas parce que je les minimise c’est parce que il y en aurait tellement q’il me faudrait une demi-heure ou une heure pour raconter tout mais tous méritent qu’on se souvient et qu’on en parle

comment lutter ?

certains partent pour se battre en Ukraine les médecins du Monde et les Médecins Sans Frontières vont dans les pays d’Afrique et ailleurs pour essayer d’aider

d’autres accueillent des réfugiés d’autres encore font des documentaires peignent des tableaux, font des peintures murales

d’autres encore témoignent

d’autres comme nous crions sur la place parisienne

il ne faut pas s’arrêter c’est la seule manière de faire la pression sur les politiques et ceux qui ont le pouvoir même si parfois cela peut paraître dérisoire

alors

le testament posthume de Marek Edelman c’est de s’opposer et de dire de faire tout ce qu’on peut pour prévenir ces génocides et quand on ne peut plus le faire alors justement crier crier crier et c’est ce

qu’il a fait lui-même un jour tout seul dans les années 80 je crois quand il est sorti de la prison en Pologne car tous les résistants ont été arrêtés et il a été libéré il était tout seul dans la dans la rue de Lodz la nuit tombée il marchait et il criait gens réveillez-vous ils ont arrêté tout le monde il était tout seul et il a fait ça

c’est ce qu’il faut qu’on fasse aussi aujourd’hui il faut le faire aussi pour que ceux qui sont en train d’être massacrés au moins ils sachent qu’ils ne sont pas seuls comme étaient les Juifs du ghetto de Varsovie comme étaient les résistants de l’insurrection de Varsovie je vous remercie

Note

A faire: les paroles de Albert sont complètement absentes

mercredi 19 avril 2023 à 12h30 je serai place Marek Edelman ça ne sera pas officiel

c’est dans le 11e au coin de la rue de Vaucouleurs et de je ne sais plus trop quoi enfin bref vous trouverez facilement bien je crois qu’on est tous assez touché par ce témoignage

Warning

beaucoup de paroles à retranscrire